Affaires Littéraires

XII.Rose

Aujourd'hui, je commençais à cinq heures. Je m'habille de ma tenue de travail, me coiffe d'un chignon, me maquille légèrement les yeux et pars travailler. Lorsque j'arrive, je pose mes affaires sur mon bureau et vais voir mon père. Afin qu'il me donne ce que j'ai à faire.

-Bonjour Rose !

-Salut Papa.

-Tiens, commence par distribuer ceci à tout le monde.

Je regarde ce que c'était et lis sur le papier qu'il s'agissait d'une réception qui avait lieu la semaine prochaine chez mon père.

-Tu organises un dîner ?

-Oui, histoire de passer un bon moment avec mes employés.

-Je serais de la partie ?

-Bien évidemment ma puce, c'est samedi prochain à vingt heures.

-J'y serais.

Je sors du bureau et vais distribuer les emplois du temps de tout le monde, le dernier étant celui de Mathieu. Je toque à la porte de son bureau et entre après qu'il m'ait autorisé à le faire. Je le vois toujours aussi élégant dans son costume, ses cheveux bien coiffés et cette allure si soignée. Il m'affiche un grand sourire que je lui rends timidement.

-Bien le bonjour, me dit-il.

-Bonjour.

Je lui tends son programme et commence à m'en aller mais il me dit :

-Qu'en avez-vous pensé de notre sortie d'hier ?

-J'ai beaucoup apprécié, il se trouve que c'était fort agréable.

-Les cours n'ont pas été trop durs ?

-Un peu long c'est vrai, mais ça a été.

-Allez-vous à la réception de M.Jefferson ?

-Oui, je serais présente.

-Venez-vous avec votre compagnon ?

-Non je ne pense pas, après tout M.Jefferson n'a invité que les personnes de l'établissement.

J'ai cru voir une étincelle jaillir de son regard mais il redevient sérieux instantanément. J'avais dû rêver.

-Et vous, je lui demande ?

-Moi non plus, Émilie restera à la maison. Je ne l'emmène jamais à ce genre de réception.

En effet, je rêvais. Il avait une petite amie, j'aurai dû m'en douter. Un homme si charmant.

-Très bien, je vais maintenant vous laisser travailler, lui dis-je.

-Vous devez faire quelque chose en particulier ?

-Non je ne crois pas.

-Allons à votre bureau, je vais vous donner des rendez-vous à rentrer dans l'ordinateur, comme ça vous apprendrez comment fonctionne le logiciel.

Je hoche la tête en signe d'approbation et je sors suivie de Mathieu qui ferme la porte derrière-moi. Nous allons jusqu'à mon bureau et je m'installe sur le siège qui se trouvait derrière celui-ci. Je mets en route l'ordinateur et je sens que Mathieu me regarde. Je me retourne et lui dis :

-Vous avez fini oui ? Il y a quelque chose qui ne va pas ?

-Non, c'est juste que j'ai l'impression que vous avez fait ça toute votre vie.

Il n'avait pas réellement tort. Il y a dix ans, lors de la construction du bureau d'affaires de mon père, c'était ma mère qui tenait le rôle de secrétaire. Le soir à la maison, je la regardais taper et enregistrer des documents sur l'ordinateur. Mais un jour, ma mère s'est faite attrapée par un affreux cancer du sang. Elle s'est battue jusqu'au bout mais la mort est venue la prendre quelques mois plus tard. C'est pour cela que mon père était si dure avec les précédentes secrétaires, il ne voulait pas se faire à l'idée qu'elle n'était plus de ce monde. C'est également pour ça qu'il est heureux de me voir prendre la relève de ma mère.

Je me concentre sur l'ordinateur qui venait d'afficher le bureau. Mathieu me dicte ensuite où je devais aller et je finis par ouvrir un logiciel avec un immense tableau. Il me montre comment on rentre un rendez-vous. Si le message affiche un « check » c'est qu'il est validé, sinon le tableau nous montre ce qu'il y a déjà de prévu et on peut ensuite déplacer l'horaire des données déjà programmées. Nous avons fait ça pendant deux heures, car même si ça paraît simple, ça ne l'est pas. Mathieu riait devant mon incompétence.

-Mais vous avez fini de vous moquer de moi !

-Je ne me moque pas de vous et puis qui aime bien châtie bien, me lance-t-il avec un clin d'œil.

Après avoir tout enregistré, je m'affale contre le dossier de mon siège.

-Enfin fini, dis-je en me passant la main sur le visage.

Je regarde l'heure et vois qu'il est dix heures et que je n'ai rien avalé ce matin.

-J'ai mérité ma pause café je crois.

-Puis-je vous accompagner, me demande Mathieu ?

-Oh...euh...bien-sûr, mais vous n'avez rien de prévu ?

-Non, je devais seulement mettre à jour les rendez-vous.

-Bien, alors allons-y.

Nous nous dirigeons donc vers le café qui se trouve juste en face de l'établissement. Je commande un thé avec un croissant, tandis que Mathieu lui, prend un café seulement.

-Depuis combien de temps êtes-vous avec...Émilie c'est ça ?

-Exactement, cela va maintenant faire cinq ans que nous sommes ensemble. Et vous avec Jules ?

-Trois ans.

La serveuse arrive avec notre commande, mais trébuche, renverse le plateau et le café et le thé viennent directement se renverser sur mon chemisier blanc.

-Oh ! Je suis vraiment désolée, dit la serveuse paniquée.

Elle repart en cuisine, sûrement pour aller chercher de quoi nettoyer. Mathieu me tend alors un mouchoir et je commence à essuyer. Heureusement que c'était un peu décolleté car ça n'avait trempé que le haut de ma poitrine.

-Euh...il vous en reste un peu là.

Mathieu passe alors sa serviette. Je finis en vitesse ce que j'avais commandé après que la serveuse soit venue et je me sauve car je ne voulais pas qu'il voit que j'avais apprécié.