XXXVII.Mathieu

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Je ne peux pas y croire, je ne veux pas y croire.

-Rose ! Rose !

Elle avait les yeux fermés et elle perdait beaucoup de sang, pourvu qu'il ne soit pas trop tard. Je me tourne alors vers le fautif et l'attrape à la gorge pour le cogner contre le mur de la maison.

-Espèce d'enfoiré !

Deux policiers me retiennent mais une voix féminine intervient en disant :

-Laissez-le tranquille.

-Qui êtes-vous pour intervenir mademoiselle ?

-Je m'appelle Émilie et je sais des choses par rapport au meurtre de M.Jefferson.

Les policiers me lâchent et ils se concentrent sur Émilie.

-Dites-nous tous.

-Non Émilie, ne fais pas ça, lance Jules.

-Taisez-vous monsieur, vous avez assez fait de dégâts comme ça.

Une ambulance arrive et porte Rose sur une civière afin de l'emmener à l'hôpital.

-Monsieur l'agent, dis-je au policier, je veux monter dans cette ambulance pour tenir compagnie à Rose.

-Très bien, mais deux policiers vous encadrerons.

Je monte alors à l'arrière de l'ambulance et m'assois sur le côté en tenant fermement la main de Rose. Deux policiers montent et nous filons vers l'hôpital. Lorsque nous arrivons, une infirmière me dit que je dois rester dans la salle d'attente le temps qu'ils fassent tout leur possible pour arrêter l'hémorragie et la sauver. J'attends alors à contre cœur sur l'un des sièges toujours encadré des deux agents, puis tout d'un coup l'un d'eux a son téléphone qui sonne. Il décroche et démarre la conversation.

-Allô ?...Oui...Oui il est avec moi...Vraiment ?...Très bien je le fais...À tout de suite.

Il raccroche et se tourne vers son collègue ainsi que moi.

-Mathieu Coleman, Émilie a avoué les faits du crime de M.Jefferson. Elle est son acolyte Jules vous ont piégé. Je vais donc vous relâcher, retirer ces menottes et vous laisser.

Il m'enlève enfin mes chaînes et tous les deux se lèvent en me faisant un signe de tête pour me dire au revoir. Je me retrouve maintenant seul et je dois dire que ce n'est pas mieux. Je ne tiens plus en place, je me dandine sur mon siège faisant passer le stress, mais ça ne marche pas. J'ai toujours cette boule au ventre, cette peur de la perdre...encore...Je descends plusieurs fois au rez-de-chaussée me prendre un café pour ne pas tomber dans le sommeil, je prends parfois également de quoi me mettre quelque chose sous la dent, puis au bout de quatre bonnes heures, un médecin vient me voir et me dit :

-Nous avons réussi à arrêter l'hémorragie, maintenant il faut voir si la blessure n'est pas mortelle. Nous avons donc bandé la plaie et nous allons la mettre dans une chambre où elle sera surveillée en permanence pour être prévenu dès le moindre changement.

-Je vous remercie docteur.

-Allez vous reposer et revenez demain matin, pour l'instant nous préférons que personne ne vienne pour ne pas la déranger et la laisser tranquille.

-Très bien, je passerais en fin de matinée.

-C'est parfait, nous vous attendrons.

Nous nous serrons la main et je marche jusqu'à la banque puisque c'est là que j'ai laissé ma voiture depuis trois ou quatre jours. J'arrive chez moi rapidement et la première chose que je fais, c'est prendre une bonne douche et de raser toute cette barbe immonde pour faire disparaître tout trace de ce qu'il s'était passé ces derniers jours. Mais je ne pourrais pas tout effacer, M.Jefferson était mort et Rose dans un état critique. Et dire que tout ça c'est à cause de deux cons. Excusez-moi pour mon langage mais il faut dire ce qui est. Je me prépare ensuite de bonne spaghetti à la bolognaise pour me remplumer un peu et je m'allonge sur mon canapé avec un livre. Il fallait que je me détende le plus possible, que je fasse tomber au maximum cette pression qui me pèse depuis l'incident de M.Jefferson. Surtout que stresser n'arrangera rien, je préfère me reposer aujourd'hui et repenser véritablement à tout ça demain, quand je serais en forme. Après avoir lu quelques pages, je sens que mes paupières deviennent lourdes, alors je ne tarde pas à me glisser sous la couette et le sommeil prend instantanément possession de mon corps et de mon esprit. Le lendemain je me réveille avec la tête encore un peu endormie, je me prépare un bon petit-déjeuner et vais ensuite me préparer pour me rendre de nouveau à l'hôpital. J'arrive devant la réception et je demande à la jeune femme qui se trouvait derrière le guichet, la chambre où résidait Rose Jefferson. Elle me dit que c'est la chambre 428 au quatrième étage. Je prends alors l'ascenseur et me dirige vers la chambre 428. Je vois ensuite qu'il y a un petit écriteau indiquant les heures de visite. Elles commencent de dix heures et finissent à midi pour reprendre à seize heures pour finir à dix-huit heures. Ça tombe bien, il est dix heures. Je toque à la porte et j'entends une voix de femme m'autorisant à entrer. Je pousse doucement la porte et entre à pas de loup.

-Son rythme cardiaque est stable, elle ne devrait pas tarder à se réveiller.

-Merci docteur.

Je m'assois sur la chaise qui était à côté du lit et regarde Rose. Elle avait toujours les yeux fermés et sa respiration était lente et régulière. Les médecins partent ensuite pour me laisser seul avec Rose. J'avais tellement envie qu'elle se réveille, qu'elle me voit, que je lui dise « je t'aime », que tout ça soit derrière nous. Je lui prends alors la main et je commence à lui parler, il paraît que c'est bien de parler aux patients qui sont inconscients.

-Rose, mon amour, je ne sais pas si tu m'entends, mais si c'est le cas sache que j'ai énormément de choses à te dire. Tout d'abord je suis désolé pour ce qui t'est arrivé, je n'ai pas su te protéger, toi ma petite fleur. Ensuite je ne sais pas si tu connais la vérité, mais la police a enfin découvert les vrais coupables et il se trouve qu'il s'agissait de Jules et d'Émilie. S'il te plaît Rose, bats-toi, pour moi, ne me laisse pas, je ne sais pas ce que je ferais sans toi. Ma vie n'a plus aucun sens si tu y es absente. Cela fait quelques jours que je suis perdu, je n'arrive plus à avancer, pas sans toi. Je t'aime Rose, ma femme.

Je sens alors ses doigts frémir, je relève la tête et la vois bouger. Je me lève et la regarde ouvrir les yeux.

-Math ?

-Oui ma Rose ?

-Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

Elle essaye de se redresser mais échappe un petit gémissement de douleur. Elle pose les yeux sur son pansement et elle dit :

-Ah ouais quand même, je suis dans de beaux draps.

-Mais je suis là maintenant.

Elle plonge alors son regard dans le mien et elle me dit avant de m'embrasser de manière passionnée :

-Pour toujours mon amour.

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