Je m'appelle Violette, et je vais vous raconter une première fois, la première fois, ma première fois, celle où j'ai aimé, celle où j'ai adoré, celle où j'ai vénéré.C'était un jour de septembre, je marchais lentement dans la rue, le bruissement des premières feuilles mortes sous mes pieds me faisait sourire, j'avais hâte que le monde devienne orange et ocre, que le vent frais se lève, que mon âme s'envole avec lui, comme quand j'étais enfant et que je courais dans les bois. J'avais mal aux yeux, j'étais fatiguée, il était presque 18 heures. J'arrivais sur la grande et vieille place pavée, au pied de la cathédrale. Je m'assayai comme à mon habitude sur le bord de la fontaine et observai les passants en souriant. J'en reconnaissais certains, en attendais d'autres. J'aimais être spectatrice de la vie. Je sorti de la poche de mon grand manteau gris un roman de Georges Sand, mais ne pu me mettre à ma lecture, trop épuisée par ma pourtant courte et joyeuse journée de cours.
Et puis, levant les yeux, j'appercu au loin une silouhette étrangère, d'une intrigante légèreté, toute colorée de vert, de bleu, de jaune et de rouge, elle avait l'air de flotter dans l'air, elle ressemblait à un oiseau, un petit oiseau roux qui aurait quitté son nid. Dans sa marche, elle se rapprocha de moi, se tourna, et haussa le regard pour observé la cathédrale. Elle avait l'air aussi perdue qu'impressionnée devant le monument. Je remarquai ses grands yeux verts, sa peau très pâle, sa bouche rose. Elle ressemblait à un tableau, une peinture de Delacroix, un chef d'oeuvre de Bougereau. Je n'aurais su dire si elle était triste ou heureuse, je ne voyais que le trouble, le sien et le mien, le tourbillon dans mon ventre et le flou dans ses yeux.
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Elle... Et Moi ?
RomanceÀ celle dont je ne vous parlerai pas Petit oiseau perdu, pourtant plus âgée, plus assurée que moi, je t'ai retrouvée, moi, petite fille de rien, je te bercerai jusqu'au bout.