Le jour du départ de Louisa, mon cœur battait trop fort, je respirais mal. Je la regardais vivre autour de moi, encore plus attentivement que d'habitude. Je voulais enfermer dans mon cœur l'image de son corps qui bougeait, l'odeur de ses cheveux qui valsaient, la musique de son rire qui parfois éclatait si joliment. Je voulais garder la sensation de sa main dans la mienne, de sa tête sur mon épaule, de ses cheveux dans mon cou, de mes mots sur ses joues, de ses lèvres sur ma bouche. Je ne voulais rien perdre, que les trois jours que j'allai passer sans elle soient comme une longue séance où je regarderais le film de nous deux, de nos moments ensemble, de mes sentiments, de tout ce qu'elle m'avait raconté.
Mais, au fond de moi, j'avais peur, peur que l'absence me réveille, que je reprenne conscience du monde .
Et puis, c'est aussi à ce moment là que j'ai pris la décision de tout raconter à Tina, il fallait qu'elle sache, qu'elle me donne peut-être son avis. J'avais toujours pu tout lui dire, elle était là la première fois où mes parents étaient partis, la première fois où j'avais été attirée par une fille, même si je n'y avais pas prêté attention réellement, et ce jour-là, je devais lui raconter Louisa, lui raconter mes doutes. Elle même ne tombait pas facilement amoureuse, mais ça lui était déjà arrivé plusieurs fois, et, à cette époque, elle aimait depuis plusieurs mois son petit ami, Vincent. Pour moi, ils étaient tous les deux comme un vieux couple qui ne se séparerait jamais, ou alors dans longtemps.
Lorsque qu'il fut l'heure pour Louisa de partir, je le conduisais à la gare.
''Que vas tu faire d'ici vendredi ? Me demanda-t-elle sur le quai.
-Je... j'irais au lycée, et puis, je m'ennuirai sûrement à la maison...je lui souriais faiblement.
Elle posa sa main sur ma joue et me souffla:
-Tu vas me manquer petit ange...
-Toi aussi Louisa... je me serrai contre elle en m'appuyant sur la pointe de mes pieds pour poser mon menton sur son épaule.
-Trois jours , lui soufflai-je, c'est rien trois jours...
-Non,non...c'est rien. Repondit-elle.''
Et puis elle se décolla de moi avant de m'embrasser chastement. Je sentais l'iode d'une larme que j'avais laissé couler sur nos lèvres. Vite, elle se retourna. Le wagon gris l'avala. Les portes se fermèrent. Et le train galopa, dans un bruit qui déchira mon ventre.

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Elle... Et Moi ?
RomanceÀ celle dont je ne vous parlerai pas Petit oiseau perdu, pourtant plus âgée, plus assurée que moi, je t'ai retrouvée, moi, petite fille de rien, je te bercerai jusqu'au bout.