Au premier matin de l'automne, il pleuvait, il ventait, les feuilles oranges volaient en tornades dans les rues. À dix heures, j'étais dans l'appartement, j'attendais Louisa qui était partie faire une course pour Zahllin je crois. Elle était en retard, je m'en inquiétais beaucoup. Je tremblais déjà de tout mon corps lorsqu'à midi, le téléphone sonna. C'était la mère de mon amour, qui m'annonçait qu'elle était tombée soudainement dans un magasin et que les secours l'avaient transportée à l'hôpital de la ville. Je remerciai en coup de vent mon interlocutrice et courru à toutes jambes jusqu'au bâtiment blanc et déprimant. Encore essoufflée et sous le choc, je réussis tout de même à me faire indiquer où se situait ma Louisa. Chambre 211. Chambre 211. Chambre. Deux. Cent. Onze. L'ascension jusqu'à l'étage en question fut bien trop lente, le couloir bien trop long, la porte bien trop lourde, et ma Louisa, mon ange, mon amour, elle, bien trop endormie. Son visage était figé. J'étais horrifiée. J'étais désespérée. Je ne sentais plus les larmes qui coulaient, mon souffle qui sifflait, mon coeur qui tambourinait. Je ne voyait que ses traits paisibles, sa respiration si douce, et cette incommensurable et indescriptible peur qui m'assaillait et m'engloutissait peu à peu.
Je m'effondrai sur le fauteuil près du lit, pris sa main, caressai ses cheveux, embrassai tendrement ses lèvres lorsqu'un infirmier entra. Il était très jeune, mais semblait sûr de lui, alors je décidai d'accorder toute la confiance qu'ils méritaient à ces mots.
''Mademoiselle, vous êtes de la famille de ma patiente ?
-Je suis sa petite amie.
-Bien, je vais alors simplement vous dire que tout va bien. Le pronostic vital n'est pas engagé, elle était très fatiguée, elle a perdu connaissance en tombant, son crâne a frappé le sol, elle se réveillera dans la journée, si tout se passe bien, dans les prochaines heures.
-Merci beaucoup Monsieur, ne su-je que lui répondre. ''
Il fallait donc attendre, simplement attendre là, sans rien pouvoir faire pour l'aider, pour la soutenir, rien. Rester à côté jusqu'à ce que ses paupières se lèvent. Il fallait la tirer jusqu'à moi. Il fallait lui parler:
"Mon amour, ouvre tes jolis yeux, s'il te plaît, j'ai besoin de les voir. Ils sont si beaux tes yeux, la première fois que je les ai vus, j'ai cru voir deux astres verts, les yeux d'Artémis. Et puis tes cheveux, mon ange, tes magnifiques cheveux roux, ce sont comme des fils d'ambre clair, ils sont milles fois plus illuminés dehors de cette chambre, à la vraie lumière du soleil. Si tu sors, ils pourront danser avec le vent et la pluie. Si tu sors, je pourrai te serrer si fort dans mes bras que tu n'auras plus jamais froid, plus jamais peur. Mon hirondelle, je donnerais tout ce que j'ai à cet instant pour entendre ton rire, ton si doux rire, ton rire ruisselant. Je donnerais ma vie pour que tu sois heureuse et qu'enfin tu souris. C'est pour cela que je suis sur cette planète, que je suis née, pour t'aider à vivre, pour te porter jusqu'aux étoiles, ma Louisa, si tu me laisses essayer, j'userai de toute ma force pour t'emmener tout là-haut. Mais réveille-toi, je t'aime, j'ai besoin de toi, mon amour, je t'aime tellement fort... ''
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Elle... Et Moi ?
RomansÀ celle dont je ne vous parlerai pas Petit oiseau perdu, pourtant plus âgée, plus assurée que moi, je t'ai retrouvée, moi, petite fille de rien, je te bercerai jusqu'au bout.