Lorsqu'Aline et Léa furent parties, il y eu comme un vide, une trêve avant l'arrivée prochaine de mes parents, nous en avons donc profité pour faire le déménagement de Louisa et se familiariser à son nouvel appartement. Il était plutôt petit, mais largement suffisant pour nous deux, il me rappelait certains souvenirs d'enfance où j'y venait pour voir mon amie Joséphine... De la fenêtre du salon, on voyait encore mieux le ciel et la cathédrale que dans l'autre appartement. C'était parfait. Et puis, lorsque Louisa y aurait installé ses affaires et sa propre décoration, ce serait magnifique. Mais, pour l'heure, nous devions nous rendre au cinéma. Je n'avais jamais vraiment aimé cet endroit, tout y était trop neuf, trop propre, trop neutre. Et puis ces odeurs de plastique et de poussière neuve, de popcorn trop sucré, de mauvaise sueur par endroit... Ce jour-là, il pleuvait, et, en plein milieu de notre film, in dessin animé, un énorme orage éclata. Surprise, Louisa se blottit contre moi. Troublée moi aussi par les coups que donnait la pluie sur le toit métallique, j'essayais tant bien que mal de la bercer en lui chuchotant de petits mots doux. Je crois qu'elle ne comprenait pas vraiment ce que je lui disait mais que le son de ma voix et mes bras la rassuraient. J'avais peur à cet instant-là qu'elle se mette à pleurer. Elle avait pleuré si souvent sans crier gare et pour des choses si simples. Elle était très forte, mais ses larmes étaient pour elle des remparts froids, qu'elle essayait du plus fort qu'elle pouvait de remplacer par mes bras. Elle ne lâchait totalement prise que dans le plus grand des calmes, chez nous, alors que la délicieuse odeur de la nuit envahissait nos narines et nos poumons. C'est dans ces moments-là que je l'admirais le plus, quand elle pleurait, parce qu'elle pleurait à sanglots doux, sans hurler, sans hoqueter, elle pleurait comme un ange. Elle était incroyablement forte, impossiblement belle, magnifiquement passionnée. Elle pleurait comme un enfant qui n'avait jamais vu le soleil. Elle pleurait comme un bébé sage conscient de la beauté et de l'horreur du monde. Elle pleurait comme un oiseau, cet oiseau-là que j'avais vu en elle la première fois et qui m'illuminait de plus en plus chaque jour. Parfois, je pleurais avec elle, tout doucement. C'était tellement plus beau que lorsque c'était moi qui pleurais. Moi, je pleurais comme un chien qui hurle à la Lune. Je pleurais fort, je pleurais mal. J'étais d'une faiblesse incroyable.
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Elle... Et Moi ?
RomanceÀ celle dont je ne vous parlerai pas Petit oiseau perdu, pourtant plus âgée, plus assurée que moi, je t'ai retrouvée, moi, petite fille de rien, je te bercerai jusqu'au bout.