Longue journée.

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Tout au long de notre déjeuner sur l'herbe et au doux soleil de septembre, Louisa me racontait sa vie, des souvenirs déjà jaunis qui m'apparaissaient comme les aventures d'un autre siècle, des récits qu'on aurait cru apartenir à la comtesse de Ségur. Elle me parlait de son enfance heureuse, des ses amis d'été dans les Alpes, de son frère et de leurs disputes, de son école de petite fille. Je buvais chacune de ses paroles, passionnée par sa voix, fascinée par ses mots. Tantôt riante, tantôt plus triste, elle m'emportait dans son monde, me plongeait dans sa vie, me laissait voguer dans sa mémoire...
Parfois, elle me posait des questions à propos de ma propre existence, je lui répondais alors brièvement, impatiente qu'elle reprenne le fil de ses histoires.
Nous étions bien, il me semble, elle allongée sur le dos, observant le ciel, et moi assise tout à côté d'elle. Ce fut comme un réveil quand nous nous rendîmes compte qu'il nous fallait repartir.
Alors, après avoir rangé les quelques affaires étalées sur le sol, nous nous sommes dirigées vers son auberge. Nos mains s'étaient pour un temps détachées, mais je crois que mon âme était à chaque seconde plus accrochée à elle.
Je montais avec la jolie rousse jusqu'à la chambre qu'elle avait louée les nuits précédentes. Les escaliers en bois grinçaient, les couloirs étaient si sombre et si froids qu'ils me semblèrent claustraux.
Sa chambre était elle très claire, les murs et les draps étaient blancs, une grande fenêtre illuminait la pièce. Les affaires de Louisa étaient réparties dans un gros sac à roulettes et dans un autre de sport. Elle prit celui qu'il fallait porter, plus lourd, me laissant tirer le deuxième.
Le chemin fut tout doucement joyeux jusqu'à mon appartement, nos sourires étaient solaires, un peu gênés, mais vraiment sincères.
L'après-midi passa en courant, rien ne pouvait nous déranger lorsque nous parlions, ou que nous lisions ensemble, il suffisait que nous soyons proches pour que tout aille bien. Nous évitions de penser au départ certain de Louisa, qui aurait pu ternir nos moments ensemble.
Vers 19 heures, nous regardions alors un film trop long, elle s'endormit dans mes bras, sur le canapé. Je sentais sa respiration lente, les mouvements de ses membres partis plus loin, je fermais les yeux, profitant de ce moment si calme et si serein, même si mon cœur frappait dans ma poitrine de la voir là, toute collée contre moi, abandonnée à mon épaule et à mes cuisses, à mes bras qui l'entouraient, qui berçaient ses songes. Et puis, petit à petit, je tombai à mon tour dans un sommeil de bébé, heureuse.
À mon réveil, je senti un vide, elle n'était plus là, je la cherchais alors dans l'appartement, sans la trouver. Ses sacs était pourtant toujours à la même place. Inquiète, je m'afolais, prête à courir dans la rue en pijama pour la trouver. Alors, je lui téléphonai, par chance, elle me répondit.
"Louisa, Louisa, où es-tu ? Pleurai-je presque.
-Je suis chez mon frère, il est passé me prendre il y a une heure.
-Mais...mais... Pourquoi est-tu partie dans rien dire ?
-Violette, je t'ai laissé un mot sur la table basse, ne t'inquiètes pas, tout va bien...
-Bon... d'accord, excuse-moi...
-C'est de ma faute, ne t'inquiète pas. Bon, il faut que je te laisse petite fleur, à plus tard.
-A plus tard... "
Je me sentais bête, bête et honteuse d'avoir eu si peur pour rien, alors je lu le mot qu'elle m'avait laissé.
" Ma Violette,
il est 8 heures, il faut que je m'en aille, je serais de retour vers midi je pense.
Je t'embrasse très fort.
Louisa.
Ps: tu ne peux pas savoir à quel point tu es belle quand tu dors..."

Elle... Et Moi ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant