Poison

46 4 0
                                    

- Greg, j'ai besoin de toi.
Je débarque dans son bureau en ouragan et l'interrompt en plein croquis.
- Quoi encore? Tu peut pas passer dans une heure ou deux?
- Si...
Mon camarade pose son crayon et me regarde froidement.
- Bon, montre.
Je lui tend une copie de la photo du coffre secret de Noélanie.
- Encore ?
- S'il te plaît.
- Mais je peux rien faire avec ça.
- J'ai un prénom aussi.
- Ah! Enfin! J'ai cru que tu pensait que j'étais magicien.
- Il s'appel Ross Baker.
- C'est pas un nom d'ici ça! Ça vient de la côte...
- Elle vient de là bas à la base.
- Je vais voir si mon ami peut te dénicher quelque chose. Je te promet rien.
- Ne t'en fait pas.
- Pourquoi tu revient sur ce truc à chaque fois?
- Noélanie n'arrête pas de pleurer parce que ce gars à disparu de sa vie, vendredi dernier, elle m'a pleuré une rivière à cause de lui...
- Et toi en bon canard tu veut lui redonner le sourire. C'est ça?
- C'est pas légitime ?
- Si... Enfin, j'suis pas mordu comme toi pour comprendre mais je trouve ça con de vouloir la remettre dans les bras d'un autre pour la rendre heureuse.
- Elle ne le sera jamais avec moi...
- Raconte pas de connerie, dit-il agacé. T'as pas vu les étoiles dans ses yeux quand elle te regarde?
- Ouais... Enfin. Occupe-toi plutôt de Marie-Ange au lieu de me dire quoi faire avec Noélanie.
En parlant du loup: on a voit la queue. La jeune femme débarque dans une jupe patineuse blanche et un chemisier bleu. Ses cheveux sont regroupés en une tresse.
- Greg... Oh.
- Non entre.
Elle entre et me fait un signe de tête auquel je répond ce qui la fait sourire. Ce style la change totalement.
- J'aurais besoin de ton aide sur ça...
- C'est un plan que je n'ai jamais travaillé...
Je regarde les papiers et comprend tout de suite que le problème de la jeune femme est les perspective de son plan.
- Si je peux me permettre, c'est ta vision qui cloche: y'a pas de plan en perspective.
Les deux me dévisagent et Marie-Ange se tourne vers Greg histoire de savoir s'il cautionne.
- C'est vrai, tu devrait demander à Seth.
- Je voudrais pas le déranger...
- C'est comme tu veut, je peux t'aider sur ce coup là...
- Bon bah... J'arrive, fait-elle en riant.
Elle file dans mon bureau et je lui fait signe que je la rejoint.
- T'es plus fâché?
- On va dire que je passe l'éponge sans pour autant lui faire confiance.
Je tourne mon dos et rejoint ma collègue.
- Alors, fais-je en m'installant sur mon siège.
- Ce plan là, montre tellement rien que j'ai l'impression qu'il sert à rien, me fait-elle en étalant ses papiers sur ma table.
Je met mes lunettes et examine les plans qu'elle a dessiné. Se sont des plans de face seulement.
- En fait tu perd du temps à vouloir dessiner un plan dans sa globalité, sauf que tu ne fait QUE des plans de face. Tu devrait élargir ton point de vue fais-je en prenant un crayon bleu, je peux?
- Oui, bien sûr!
Je commence à tracer les lignes directrices, un cadre (principe de la boite noire) et enfin, la profondeur se lit dans ses croquis. Reste à meubler le vide.
- Évidement, tu ne peut pas dessiner ton angle de vue, il faudra le dessiner à part.
- Oui, je comprend.
Je continue à tracer des lignes pour la diriger et elle fixe mes photos...
- C'est elle hein?
- Hum?
- La fille qui sur la photo et au nouvel an: c'est elle qui te rend si heureux.
J'arrête mon crayon et relève la tête en jetant un oeil à la photo du cadre que Noé m'a offert.
- C'est pas le sujet, fais-je en soupirant.
- Non! Je demande pas ça pour... Enfin c'est juste pour savoir...
- Oui c'est elle.
Fais-je en continuant. Je me rappelle alors de son comportement vis à vis d'elle durant le nouvel an.
Oui: c'est elle qui accompagnait Greg. Plus j'y pense plus ça me glace le sang, mais plus j'y pense, plus je me dit que ça n'a pas tant importuné Noélanie. Elle n'y a pas fait attention et même si elle l'avait remarqué: elle l'aurait joué fine ou elle l'aurait prise en pitié...
- Elle est pas mal...
- Je l'aime pas pour son physique.
- Elle le sait?
- De quoi?
- Que tu l'aime. Elle le sait?
Je pose mon crayon et range les croquis ensemble. Je suis d'humeur philanthrope aujourd'hui.
- Oui: elle le sait, je répond en m'appuyant sur le dossier de ma chaise.
- Mais vous avez pas l'air trop ensemble...
- On ne l'est pas.
- Sérieux? Mais pourquoi?
- Elle n'est pas prête...
- Et tu le prend comment ? Je veux dire, elle t'a renié, donc ça doit être chaud entre vous...
- Pour remuer le couteau dans la plaie: t'es une chef, y'a pas à dire, je lui reproche sur un ton de rigolade. Bah étrangement, elle et moi on s'entend très bien en temps qu'amis.
- Tu espère qu'elle t'aimera un jour?
- J'ai juste besoin qu'elle soit heureuse. Si elle ne l'est pas: je ferais en sorte qu'elle le soit.
- C'est un beau sacrifice...
- Ça n'a pas le goût du sacrifice.
Elle me fixe de ses grand yeux comme pour me parler puis reprend ses plan en sortant de mon bureau.
- Tu devrait essayer de voir au delà de ce qu'elle dit. Parfois les filles disent des choses qui ne reflètent pas leur coeur.
Puis elle s'en va.
Elle ne semble pas vraiment être mal intentionnée, mais elle m'a déjà fait assez de coups bas. Je garde son conseil en tête et continue mon travail.

DayDreamOù les histoires vivent. Découvrez maintenant