Paris: tout est permis.

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- Coucou!
- Salut mon ange. Alors? Qu'est-ce que tu me racontes ?
- Oh, rien. J'ai mis de l'ordre dans notre dressing et j'ai fini mon travail.
- Ah oui? Comment ça se passe à l'école d'ailleurs?
- Bien. Tracy se laisse apprivoiser. Ses parents m'ont dit qu'elle avait changé. Andrea et Josh se sont donné leur premier rendez-vous.
- Je suis content pour eux. Tu te rappelles de notre premier rendez-vous?
- Oui. Je me disais que t'était pas si mauvais que ça.. Et je trouvais que tu était assez bizarre de m'inviter comme ça!
- J'étais déjà sous le charme.
- Et j'espère que ça va continuer! Comment s'est Paris?
- Attends...
Je met le téléphone en mode photographie ( il était en mode selfie...)  et lui montre les alentours.
- Oh mon Dieu! C'est fou! Les rues et les arbres sont si différents de chez nous! On dirait qu'il fait froid non?
- Non, ça va. En fait ici c'est l'été aussi, mais il a un petit vent. Temps qu'on porte une veste: ça va.
- Tu fais quoi?
Je remet le téléphone en mode selfie et porte ma tasse de thé à mes lèvres.
- Je vois... Le petit-dej.
- Exact. Et toi?
- Je m'apprête à aller prendre une douche avant d'aller me coucher.
- Tu veux que je reste avec toi jusqu'au couché?
- Non! J'ai pas besoin que t'assistes à tout! Ce serait trop... Glauque.
- Tant mieux. De toute façon je vais devoir me rendre sur les lieux. Quelque chose me dit que je vais prendre un taxi plutôt que le métro.
- Fait comme tu veux du moment qu'à la fin de la semaine tu reviennes à la maison.
- Entendu! Bonne nuit ma petite poupée.
- Va travailler gros lard! me lâche Noé en riant.
Puis je raccroche.
Elle à l'air méchante en disant ça, mais en vérité elle me parle sur un ton blagueur pour cacher le fait que je lui manque.
Ca se tient: qui pourrait se passer de moi?
Je rigole. Je ne suis pas satisfait de moi-même à ce point, quoique je ne me plains pas de ce que je suis.
Je termine ma tasse et me lève, je Times sous le bras comme un petit parisien de nos jours (oubliez l'image du parisien à rayure avec sa baguette sous le bras: aujourd'hui c'est un beau gosse en lunette de soleil et qui porte une veste avec un journal et son téléphone en main) . Le seul truc que je reproche à Paris c'est les taxis. Essayer d'en attraper un c'est comme essayer d'attraper des oiseaux: C'EST IMPOSSIBLE! Même quand vous en avez un, vous n'en avez pas. Pas du premier coup du moins. "C'est pas dans mon chemin", "j'suis déjà pris" (alors que personne n'est dans la bagnole). Je crois que le pire, c'est quand ils parlent français. Déjà que je suis assez agacé, pour ne pas dire carrément énervé, je dois supporter leur intonations bizarres... Et parler français. Damn! Quelle langue étrange! Les "r" se prononcent avec dureté les "u" se prononcent en sifflant... Enfin.
Je parviens à en attraper un qui ne grommelle pas à l'idée de m'amener à min travail...
- Vous êtes d'où ? , me demande le chauffeur en français.
- Los Angeles, je répond sans essayer de parlé français.
- Oh! Ça doit vous changer Paris! C'est pas comme là bas!
- Oui, c'est plus ([plûss]) travaillé ici. À Los Angeles (accent us) les rues ([rûes]/[rouüe]) sont pas aussi bien sculpté et les bâtiments non plus d'ailleurs.
- Ah. C'est sûr! Au niveau historique : on est servi: toute la ville est le résultat de l'histoire!
-  C'est cool (accent us)...
- Vous venez pour le travail?
- Oui. J'ai été appelé pour décorer la maison Channel.
- Eh bah! C'est pas un p'tit job que vous avez là!
- Vous savez, c'est un job (accent us) comme tout les autres. Il n'y a pas de job meilleur et d'autres moins meilleurs...
- En tout cas vous avez un bon français!
- C'est gentil à vous monsieur...
Je cherche son nom... Mais je ne le connais pas. Il ne me l'a jamais dit.
- J'm'appelle Antoine.
- Très bien, Antoine. ([ Antowenn])
- Voilà monsieur, fait-il en tournant à gauche. Vous êtes arrivé.
- Merci monsieur.
Je lui tend un billet et lui dit de garder la monnaie.
Ma première impression quand j'ai vi la "maison" Channel à été de corriger cette faute de dire "maison". Le terme exacte serait "palais".
Style italien, traditionnel, chic et élégant. La responsable ( une rousse au nom d'Ariane) m'a demandé de renouvelé le look de la maison pour l'été. Quand je lui ai demandé pourquoi, elle m'a juste dit que le look classique était trop passe partout. Qu'il fallait quelque chose à l'image de la nouvelle collection.
Aujourd'hui, je lui ramène des ébauches et mes plans. On verra bien ce qu'elle en pense.
- Ariane.
- Seth.
Je me remet à parler en anglais avec elle, et j'avoue que ça ne me déplaît pas. Pfiou.
- J'ai vos plans.
- Vous allez me montrer ça dans le bureau.
Nous entrons au pas de course dans un grand bureau un peu bordélique. Là, j'ouvre mes tubes et déroule les plans, montre mes ébauches... Elle les regardes avec attention sans rien dire. Son visage reste crispé. Je crois que je suis à côté de mes pompes...
- Bien... ANDRE!
Un jardinier entre au pas de course, en retirant son chapeau et en nous saluant.
- Andre, voici Seth Howards, la personne chargé du desing de la maison pour l'été. Vous devrez exécuter ce qu'il demande.
- Bien madame.
- Parlez lui en français: il comprend.
Puis elle se tourne vers moi.
- Vous vous mettrez d'accord ensemble pour le choix des plantes. Compris?
- Oui...?
Elle me fait un signe de tête et tourne ses talon en s'apprêtant à sortir.
- Euh, Ariane.
- Oui Seth?
- Vous ne m'avez pas dit si les plans vous conviennent, je lui fait remarquer un peu déboussolé.
- Si je n'ai rien dit: c'est que c'était parfait, me fait elle avec un petit sourire.
Puis elle s'en va.
Je me retourne vers Andre et pince un sourire gêné.
- Salut Andre, fais-je en français.
- Oh! Vous parlez français...
- Un peu ([pew])...
- Alors? Qu'est-ce que je dois faire chef?
- Vous ([vuw]) voyez ce dessin que j'ai fait? fais-je en lui indiquant une de mes esquisses.
- Oh je vois... Des palmiers...
- Palm trees. C'est ça.
- Et pour les fleurs rouges.
- Faites comme vous voulez.
- Des hibiscus?
- Hibiscouss?
- Vous savez ces fleurs rouges et exotiques...
- Oh! Parfait!
Je lui tapote le dos histoire de lui dire qu'il peut y aller, et là c'est un homme grand, maigre et avec peu de cheveux sur la tête qui m'assaillit avec son anglais... Pour le moins terrible.
- Seth Howards! Je vous cherchais.
- Ah oui? Et pourquoi?
- Vous devez vous rendre dans l'établissement Olivier de Serre puis aller vérifier les couleurs des peintures, aller faire la commande pour les impressions des pochoirs des motifs muraux, ensuite vous retrouvez Ariane pour la découverte de la nouvelle collection et-
- Excusez-moi, je le coupe, mais vous êtes qui?
- Camille Bourguin. Votre emploie du temps sur pattes. Venez, vous allez être en retard.
Sur le coup je ne le remarque pas tout de suite, mais quand il me demande de le suivre, je remarque immédiatement quelque chose: CE MEC ROULE TELLEMENT DU C*L que j'en ai la tête qui tourne! Ce qui me laisse présager qu'il est de la jaquette... S'il ne l'est pas, j'assumerai ma connerie.
Camille me traine dans une grosse bagnole et m'explique tout un tas de choses auxquelles je ne prête pas attention. Soudain, Greg me vient en aide.
- Désolé Camille, hein. Allô?
- Mec! Alors Paris?!
- Greg! T'es pas sensé dormir!?
- Avec la tonne de paperasse que tu nous a laissé: j'y suis encore demain!
- Menteur! Alors comment ça se passe avec Lizzie?
- Un peu comme avec toi. Je découvre que je suis pas le seul à avoir souffert et je commence à croire que je suis pas si seul que ça en fait.
- Les gens normaux existent encore mon frère, je plaisante avec lui.
- Et avec Noé? Tu...
- Je?
- Tu sais... Le truc.
- Ah! Euh... Eh bien... Oui. C'est fait... Je...
- Cool. Je suis content pour toi... Et tu sais si...?
- Non. Pas encore heureusement...
- Eh: tu me garde une place comme parrain!
- Évidemment!
- Hum, fait Camille. Nous sommes arrivés. Vous allez devoir raccrocher.
Je le fixe avec une envie irrésistible de le frapper mais à la place de ça je me calme et reprend en anglais avec Greg.
- Bon Greg, y'a une version rabat-joie de ma mère à mes côtés: je dois te laisser.
- Passe le bonjour au chien de garde!
Je raccroche et sort.
- Je ne suis pas rabat-joie, ajoute Camille.
- C'est vous qui le dites.
Je l'entends pestiférer et nous entrons dans l'école. Je crois que pour lui, ça à été la plus mauvais partie: je sais exactement ce que je veux, et je n'avais pas besoin de dix mille coup d'œil pour savoir que ce que je voyais ne me plaisait pas. Du coup, dans les couloirs, nous courrions un peu. L'école est grande et nous avons un temps restreint. Enfin, au bout de longues balades dans les couloirs à scruter chaque pièces, je remarque dans la partie marbrerie, des dalles marrons aux motifs dorés en forme de feuilles de palmiers...
- Camille: ces dalles là.
- Enfin!
- J'en veux deux immenses bandes pour les mettre aux deux côtés de l'entrée principale, un carré pour la salle d'accueil avec le logo Channel et des rectangles d'un mètre de hauteur au mêmes motifs, comme structure décorative.
- Bien. Autre chose?
- Informez Ariane du besoin nécéssaire d'un ou plusieurs peintres: je compte faire repeindre les murs du rez-de-chaussée.
Nous quittons Olivier de Serre et partons commander les pochoirs pour les motifs sur les murs. Cela nous prend bien quelques heures. Par la suite il me ramène un peu excédé.
- On a combien de temps devant nous?
- Une demi-heure.
- Très bien. J'aimerais acheter des bonbons.
- Des bonbons ?
- Oui. Des bonbons.
Il soupire en levant les yeux au ciel et fait signe au chauffeur de nous amener dans une confiserie. Nous débarquons dans un grand centre commercial pour riches et là, c'est le début de l'enfer pour lui : je prend tout mon temps pour choisir mes précieux morceaux de sucre.
Camille soupire tellement que je crois que le taux de dioxygène dans son sang à grimpé en flèche. Quand nous revenons à la maison Channel, il m'accompagne jusuqu'à la salle où je dois découvrir la nouvelle collection. Je débarque en mâchant nonchalamment un de mes bonbons.
- PLUS. JAMAIS. fait Camille à Ariane.
- Que se passe-t-il?
- Je n'ai jamais eu un organisateur-
- Designer, je corrige.
-... Aussi fatiguant!
Puis il tourne ses talon et part. Je me retourne vers Ariane en arquant les sourcils l'air de dire " Bah dit donc: c'est une vraie diva..." et en mâchant mon bonbon collé à mes molaires.
- Camille est très...
- Fatiguant, je l'interrompt. J'ai jamais vu quelqu'un d'aussi stressé, fais-je en me baladant à travers les mannequins dans la pièce. C'est la nouvelle collection?
- Oui. Elle vous plaît ?
- Pas mal, en faisant du bruit en mâchant.
Soudain une des robes m'interpelle. Elle est blanche, près du corps avec des petites manches. Sur le côté inférieur droit de la robe, ainsi que sur le côté supérieur gauche, on peut voir des feuilles de palmier et un perroquet (seulement en bas le perroquet). Cette robe me fait penser à Noé. Je m'arrête immédiatement de mâcher pour pouvoir l'imaginer dans cette robe... C'est sûr: Noé serrait merveilleuse dans cette robe...
- Quelque chose à redire? me demande Ariane.
- Non, fais-je en reprenant mon machouillage de bonbon, humpf; cette robe est plutôt "cool"... Elle me rappelle quelqu'un.
- Tiens.Qui donc?
- Bah, c'est bête hein, mais elle me rappelle ma femme. Elle adore les motifs tropicaux, la plage, le surf, les oiseaux...
- Je suis sûre qu'elle aurait adoré la nouvelle collection. Comment avance la décoration?
- Plutôt bien. André a tout capté ce que je lui ai dit. Camille a commandé les dalles que j'ai repéré dans cette espèce d'école, on aura les pochoirs dans trois jours et les peintres commencent demain.
- N'oubliez pas que la première visite se fait dimanche.
- Vous êtes stressée?
- Un peu oui. C'est mon métier de l'être.
- Un bonbon? je lui propose en lui tendant le paquet.
- Volontiers.
- Je... Je ne suis pas venu ici juste pour découvrir la nouvelle collection, pas vrai?
- Vous êtes perspicace.
- Alors? Vous me voulez quoi?
- Je trouverais ça assez d'occasion si vous portiez un costard ou une tenue à l'image de la maison...
- Vous voulez dire... Palmiers coloré et tout le truc ?
- Oui.
- Oua... C'est un grand effort que vous me demandez là...
- J'ai besoin de vos mesures.
- Pas la peine de faire tout un costard: une veste suffira.
- Très bien.
Ariane s'approche de moi en silence et commence à prendre mes dimensions avec son mètre de couturier. Je la laisse faire tout en sentant qu'elle bouge autours de moi.
- Vous êtes plutôt fin. Vous faites du sport?
- Ma femme bouge beaucoup.
- Ah?
- On surf ensemble.
- Je vois. C'est un corps d'Apollon alors.
- Elle? Oui.
- Je parlais de vous.
- Ah. Eh bien surement. Je ne me plains pas de ce que je suis et ma femme non plus.
- Elle a bien de la chance...
Comment ça? C'est quoi ce sous-entendu?
- Et vous?
- Je ne suis pas sensé parler de ça avec vous,fait-elle concentré dans ses mesures.
- Qu'est-ce qui vous en empêche ? Je pars en fin de semaine. Les chances de nous revoir sont maigres.
- Vous êtes très logique... et vraiment "pushy".
- Ma femme me l'a beaucoup reproché quand je l'ai rencontré, j'avoue en riant. Alors?
- Eh bien... Je suis mariée... Enfin je crois.
- Vous croyez?
- Mon mari me trompe mais il ne sais pas que je le sais...
- Oh c'est assez... Complexe.
- Oui, fait-elle l'air faussement amusée.
- Et le divorce?
- J'y ai pensé sur le coup. Mais nous avons un fils... J'aimerais qu'il grandisse avec son père...
- Ah. Un enfant.
- Vous n'en avez pas? Quelle question stupide: vous êtes encore bien jeune.
- Nous n'avons que trois d'écarts Ariane...
- Qu'est-ce que vous attendez pour avoir des enfants alors?
- Je ne sais pas... Je crois... Je crois que je ne suis pas prêt à en avoir.
- Personne n'est prêt à en avoir.  Mais un jour ou l'autre: il fait bien se lancer pour savoir.
- Mais si ma vie changeait? Si entre moi et ma femme, ce n'était plus comme avant?
- Bien sûr que ce sera different. Vous serez trois. Mais ce sera meilleur qu'avant. Pas besoin de stresser.
- Je crois que je vais y réfléchir.
- Soyez juste sûr d'aimer votre femme plus que tout avant d'en faire un. Compris?
- Oui. Vous avez fini?
- Je crois. Allez-y: je vous libère.
Je m'incline et sort de la pièce en prenant un taxis pour retourner à mon hôtel.

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