Double retour

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ALERTE! ALERTE!
Je tente de rester... Neutre bien que ce qu'elle m'annonce, me fasse l'effet d'une bombe.
- Je... Hein?
Elle rit.
- Quand nous étions ensemble, j'ai offert à Seth, ce livre, il l'a beaucoup aimé.
RECTIFICATION: ÇA c'était la bombe.
- A-ah... Et bien j'imagine que je vais l'aimer aussi?
- J'espère! Je te le souhaite.
- Je... Dois y aller. J'ai des courses à faire...
- Oui! Bien sûr ! Je ne te retiens pas plus.
Je lui fait un sourire coincé et me dirige vers Gloria en déposant tristement le livre sur le comptoir. Mon regard se perd dans le vide lorsque que je suis Harper des yeux.
- Eh bien Noélanie: vous changez vite d'humeur, dites-moi.
Je me sort de ma rêverie.
- Dites Gloria, vous pensez qu'un homme pourrait retourner vers son premier amour en un claquement de doigts ?
Golria arbore une mimique proche de celle d'un furet enragé puis prend un air moqueur.
- Si vous parlez de Seth -et je sais que vous parlez de lui- je dirais que... Bien qu'il soit tapageur, trop soigné et pas très inspiré à mon goût: non. Il tient bien trop à vous pour ça: soyez-en sûre, fait-elle en m'enregistrant mon livre.
Je le prend et lui fait un sourire.
- Cette fille n'a aucunes chances si vous voulez mon avis, me souffle Gloria.
- V-vous nous avez... Excusez-moi.
- C'est dur de ne pas entendre un conversation à haute voix. Aller: rentrez bien chez vous Noé.

Les jours passent, j'ai vérifié notre bibliothèque et il se trouve que nous l'avons. Nous avons le livre préféré de Seth offert par Harper.
Je ne pensais pas qu'avec l'absence de Seth, je serais si occupée. Entre belle-maman et maman tout court qui me talonnent pour avoir des nouvelles de Seth, l'école où Tracy s'améliore dans son comportement bien qu'à certains moments: elle soit encore in peu trop pimbêche à mon gout. et la maison: je ne sais pas où donner de la tête. J'ai même dû refuser un FaceTime avec Seth! Enfin, le fait est que ça me convient totalement de ne pas avoir le temps de penser à mon manque affectif. Je n'ai pas eu le temps de lire le livre tant recommandé par Seth, et je ne suis pas non plus motivée à le lire.
Je profite de mon temps libre pour le rappeler. Lorsqu'il décroche, je le vois à l'affût et pas du tout attentif.
- Je rappelle si tu veux...
- Non, non, non! C'est bon: tu peux parler.
- Ça va?
- Oui ma petite hawaïenne, et toi?
- Oh... Ça va. Je suis occupée de mon côté aussi...
- J'ai cru voir ça.
- Paris c'est comment?!
- Tu compte me demander ça chaque jours?
- Je veux savoir c'est tout...
- Je plaisante: Paris c'est magnifique. J'ai fait des photos, en bon touriste. Le seul hic: c'est que les gens sont trop stressés ici. Tu me manques.
- Seulement maintenant? C'est insultant.
- Mais non, te me manques depuis que j'ai prit l'avion, l'instant même où...
Il laisse sa phrase en suspension et regarde derrière le téléphone.
- Quoi?
- C'est les travaux: tu veux voir ?
- Oui pourquoi pas?
Il oriente la caméra vers des peintres dans une cage d'escaliers de marbre.
- Tu vois ça? C'est sensé donner un effet jungle.
- C'est très réussi. Et les carreaux?
- Ils ne sont pas finis! Ma chef est déjà super angoissée et super stricte alors ne me met pas une pression supplémentaire.
Je ris.
- Tu fais un parfait clown, tu sais?
- Tu vas voir ce que le clown te fera en revenant! Tu vas m'implorer d'arrêter de te martyriser sour le coup de mes guillis!
- Déjà, prend un avion et reviens, puis on verra.
Soudain, Ginny revient vers moi l'air grave et le souffle saccadé.
- Noélanie! C'est Beth!
- Eh bien?
- Elle est tombée du haut de l'arbre et il y a du sang!
Du sang?! Je me met à courir lorsque mon mari au téléphone me rappelle que je n'ai pas raccroché.
- Désolé je-
- Pas grave, me coupe Seth. Le devoir t'appelle.
J'opine du chef et éteint mon téléphone. Lorsque j'arrive, trois petites filles sont là à épauler Beth qui à un fracture ouverte du tibia et Tracy... Horrifiée. Elle s'oppose à elles mais son regard dit qu'elle est traumatisée par ce qu'elle voit.
- Beth! Beth, ma grande...
En me voyant cette dernière perd connaissance. Je comme ce à appeler les secours et ordonnes aux autres filles d'aller chercher Stewart. Je couvre la petite de ma veste et pendant ce temps je reste avec Ginny et Tracy.
- Comment c'est arrivé?!
- C'est de sa faute! accuse Ginny en montrant Tracy du doigt. C'est elle qui lui a dit de monter!
Je regarde Tracy.
- C'est vrai Tracy? C'est toi qui l'à poussée à faire ça?
Elle détourne lentement ses yeux vers moi et ne me répond pas.
- Tracy, est-ce que-
Je n'ai pas le temps que les secours arrivent. Il analysent son cas et la transfèrent sur un brancard. Je suis chargée d'aller avec eux dans l'ambulance mais au dernier moment, je décide de ramener avec moi une invitée.
- Tracy! Viens vite!
La petite me regarde comme si elle s'attendait à tout sauf à ça et monte.
Nous arrivons au urgence et Tracy et moi restons dans le couloir. Assises sur ces sièges pas du tout confortables.
- Tracy?
Elle ne me répond pas et fixe ses genoux le dos cambré comme un bossu.
- Tu n'as pas fait exprès pas vrai?
Elle relève enfin le regard, ses yeux prêts à délivrer de grosses larmes. Je lui sourit.
- Est-ce qu'elle va marcher de nouveau? me demande-t-elle.
- Probablement. Mais là, dans l'immédiat : non.
- Je voulais juste jouer avec elles.
- Je sais.
- C'était juste un stupide pari, ça ne devait pas se passer comme ça!
Elle se met à pleurer. À ce moment là, je me rend compte que Tracy, n'est pas moins sensible que les autres. Au contraire: elle l'est tout autant, mais au bon moment. C'est son caractère courageux - qui s'avère arrogant parfois- qui la pousse à agir comme tel. Je la prend dans mes bras lui frotte le dos.
- C'est ça que d'être rebelle. Je veux bien que tu ne m'apprécie pas, mais respecte les ordres au moins...
- Oui...
- Je veux que tu fasses plus attention dorénavant.
Elle opine du chef et laisse un grand blanc avant de reprendre.
- Tu sais, je ne te déteste pas.
Tracy vient de me tutoyer! Et en prime: elle m'a dit qu'elle ne me détestait pas! C'est un miracle, moi qui avait jeté l'éponge...
- Je t'aime bien... C'est juste que parfois... Ça m'agace que tu soit tout le temps contente.
- Je ne suis pas tout le temps contente, tu sais? C'est juste que... Je ne me plains pas... Parce que j'ai des gens qui me soutiennent.
- Qui te soutiennent?
- Oui. Je parle avec mon époux qui m'écoute et vice versa. J'ai une amie Lizzie, et son copain qui m'aident, ma mère est là aussi.
- Et ton père?
J'avale ma salive de travers.
- Mon père est... Il n'est plus là. Mais il fait partie des gens qui m'aident. Ce n'est pas parce que les gens ne sont plus là qu'il n'existent plus.
- Comme mes parents. Ils ne sont pas tout le temps là, mais ils existent. Pas vrai?
- C'est exactement ça. Et ça ne change en rien l'amour qu'ils ont pour toi.
Tracy fait une moue, pas très convaincue par ce que je lui dis. Alors que nous restons ensemble, à attendre des nouvelles, Stewart m'envoie un message comme quoi les parents des deux filles ont été prévenus. C'est alors qu'un médecin sort de nul part.
- Madame Howards?
- Oui?!
- Tout va bien. C'était facile à deviner je présume, mais ce n'est pas fatal.
- Beth va marcher de nouveau? coupe Tracy.
- O-oui, fait le médecin un peu décontenancé par sa question. Il lui faudra du temps mais oui.  Au passage, dites au parents de passer à l'accueil quand ils arriveront.
- On peut aller la voir?! demande Tracy.
- Oui.
Aussitôt que Tracy démarre, je la suit sans même remercier le médecin. Nous entrons dans la chambre ou Beth hésite entre dormir ou parler. Cependant son état semble nettement mieux, même avec un plâtre à la jambe et une bonne dose de shoot dans le sang.
- Noélanie...
J'accours à son chevet et lui caresse la tête.
- Comment tu vas?
- J'ai mal mais j'ai envie de dormir...
- C'est l'effet du sédatif... Tu nous as fait très peur tu sais...
Beth tourne la tête vers Tracy qui détourne immédiatement le regard tellement elle se sent coupable. Beth me lance un faible regard pour me faire comprendre qu'elle voudrait lui parler. J'attrape la main de Tracy et l'attire vers nous. Peu à peu elle lève le bout de son nez et Beth finit par briser la glace.
- Tu sais c'est pas grave...
Tracy se contente de déverser de chaudes larmes.
- Tracy...? Tu n'a rien à dire? je lui demande.
Immédiatement, elle se jette sur son amie pour l'enlacer. J'imagine que là où les mots ne peuvent agir, les actes prennent le relais. Tout ça me fait sourire tellement s'en est touchant. Au bout de quelques longues minutes, le médecin arrive pour nous demander de laisser Beth se reposer. Nous sortons.
- Bien! Je crois qu'il est temps de rentrer. Les parents de Beth arriverons bientôt... Et je crois que monsieur Stewart voudra que tu passe à son bureau...
Son visage se crispe d'angoisse.
- He... Regarde-moi, je reprend. Tout ira bien. Ce sont des choses qui arrivent . Des choses qui doivent arriver pour qu'on grandisse. Tu verras: dans quelques années tu te rendras compte de la leçon que tu a eu aujourd'hui.
Je lui pince un sourire et me met en marche avec l'espérance qu'elle me suive mais soudain, je me fais enlacer par derrière. Ses bras me serrent fort contre elle. Je sens ses sanglots contre mon dos.
- Tracy...
Je la prend dans mes bras pour la consoler puis nous finissons par rentrer. Je l'accompagne même au bureau de Stewart. C'est ça avoir un enfant. C'est aimer quoi qu'il puisse faire. C'est être aimé de toutes les manières possibles et inimaginables. C'est accepter et refuser. C'est découvrir et apprendre.
A la fin de la journée, je rassemble mes affaires quand soudain, au loin: Andrea traine avec son Jules secret. Je ne peux m'empêcher de sourire en coin. Quand ils me remarquent, je les rejoint au pas de course.
- On se voit demain les filles.
- Oui, grince Andrea.
Je les regarde tout les deux d'un air malicieux .
- Quoi? me sort-elle méfiante.
- Mmmm mmm, je lâche amusée.
- Y s'est rien passé!
- Mais oui! Il ne te dévorait pas des yeux tu me diras.
- Nan! Rien qu'un peu...?

*********************

Un verre de champagne en main, l'autre en poche: je tire une gueule de plus de cinq metres de long en regardant tout autours de moi. Les gens ne font même pas attention à mon travail! Et je porte cette veste... Colorée! Je ressemble à un clown.
Soudain, tout le monde se précipite dans la plus grande pièce, là où la nouvelle collection va se présenter. Les gens s'installent, les photographes font retentir leurs flashs... Puis les mannequins défilent. Une par une... Oh, tout ça m'agace: je sors en posant mon verre quelque part où je ne le retrouverais sûrement jamais puis entre dans une salle avec tous les modèles exposés.
- Le défilé vous ennuie?
Arianne me fait sursauter.
- Nan. J'essaye de semer Camille, je lui mens. Et vous?
- Pareil.( Nous fondons en rire) Les flashs, la musique, l'alcool: tout ça me fait mal à la tête et nous avons une longue journée devant nous.
- Parlez pour vous. Une fois tout ça fini: je rentrerais chez moi retrouver ma femme.
- Et moi mon fils.
- Je ne connais pas encore ce moment-là.
- Ça viendra bien assez tôt... Mais, Seth. Si ce moment arrive: soyez heureux. Soyez sûr de pouvoir aimer votre femme tout le temps.
Je lis dans ses yeux comme une espèce de mélancolie. Un regret. Celui de ne pas avoir réalisé ce qu'il se passait dans son couple. Celui de devoir maquiller l'image d'un couple brisé pour le bonheur d'un enfant. Je réalise combien un enfant est important. Ce n'est pas une charge, c'est une sorte de passion, quelque chose qu'on aime  plus que soi après sa femme.
- Quand bous vous sentirez prête, 'n'hésitez  pas à dure la vérité à votre fils. Il est plus fort que ce que vous ne pouvez le croire.
Elle écarquille les yeux. Je viens de dire quelque chose d'assez déplacé mais elle fini par comprendre que je ne suis pas en train de la juger.  Non, je lui parle par vécu. Elle fini par sourire.
- D'accord. Je tâcherai de m'en rappeler... À quelle heure est votre vol?
-  23 heures.
- Vous devrez partir dans trois heures.  Camille vous appellera un taxi.
- Trois heures à regarder les gens négliger mon travail: c'est chouette, je fini par râler.
- C'est pas ce que j'entends...
- Parce que vous entendez des choses vous? Je n'entends rien moi.
- Il ne vous est pas venu à l'idée que les gens ne disaient rien parce qu'ils se sentaient bien ici?
Touché. Elle n'a pas tort.
-  Moi je sais que les personnes ici présentes ont beaucoup aimé l'ambiance crée dans la maison.  Soyez fier d'avoir apporté votre pierre à l'édifice de cette grande maison de couture, Seth.
Je réprime un sourire en la laissant se diriger vers une porte qui mène à une autre pièce, mais avant cela elle s'arrête de nouveau.
- Votre veste vous va à ravir. J'ai posé une house pour votre femme dans vos quartiers.
J'opine du chef comme pour la remercier puis elle s'en va. Le défilé a été un succès, puis les gens n'ont pas s'cessé de tourner autours de moi ( ou plutot ma veste) et les autres créations. J'ai trouvé ça drôle: on aurait dit des mouches rodant près d'un flaque de miel. L'heure arrivée, comme promis, Camille a appelé un taxi. Je quitte le coeur de Paris sur une note un peu nostalgique. Un jour je viendrais ici avec Noélanie. Elle va aimer. En guise de cadeau d'adieux, Camille m'offre un énorme sachet de bonbons. Je m'en veut un peu de lui avoir fait les quatre cents coup durant mon sejour... Mais bon: on doit bien s'amuser parfois... Non? Sur tout le trajet en voiture, j'admire les paysages de bord de route et lorsque je rejoins l'aéroport, je commence à paniquer. Trop de monde... Trop de bruit... Paris je t'aime mais tais-toi un peu. Avec bien du mal, je rejoins mon avion, ma place: je suis coincé contre un hublot par un couple de vieux... La fête est joyeuse: ronflements a gogo, haleine toxique et flatulences bruyantes. Décidément, cet aspect là de Paris ne me manquera pas! Pouha! Mais qu'est-ce qu'il ont mangés les deux là?! Ça devait pas être bio! Je me colle contre le hublot l'air d'appeler à l'aide qui pourrait bien me voir par le hublot... Les canards peut-être ?
Arrivés de nouveau chez moi, dans MON chez moi, je saute dans un taxi et rentre.  Devant ma porte je patauge avec mes clés et lorsque je rentre: je cris.
- C'EST MOI!
Personne ne me répond. Mais il est quelle heure au juste? 10 heures?! Du matin?! Je ne risque pas de voir ma brune... Je me laisse tomber sur le canapé et sans le vouloir, peu à peu je règle le compte du "décalage horaire " et m'endors.
Pardon Noé mais là ...
Des heures plus tard, j'ouvres les yeux et lis "22h23"sur le boitier de la tv. J'ai dormis comme un pierre dans l'eau. Ma brune est assise par terre et regarde la télé accoudée à la table basse.  Envoyant ma main sur son épaule pour l'attirer vers moi, cette dernière sursaute avant de me rejoindre.
- Tu t'es enfin réveillé...
- J'ai senti une petit bout de femme...
- Ton vol s'est bien passé?
- Demandes ça au couple du troisième âge qui m'a asphyxié.
Elle rit doucement.
- Ça va? je fini par lui demander.
Elle opine du chef avant de m'enlacer fort.
- Hmmm... Je sais que je t'ai manqué Noé...
Après quoi, je ne tarde pas à aller me recoucher avec elle. Aucun de nous deux n'a faim. J'ai trop sommeil pour manger travailler ou ranger mes affaires: d'ailleurs, c'est ma femme qui a dû le faire puisqu'en remontant: ma valise n'était plus là.
Oh la maison me manquait vraiment...

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⏰ Dernière mise à jour : Jan 30, 2017 ⏰

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