✧ Chapitre 18

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La nuit fut longue pour moi. Je fis des cauchemars, ça ne m'était pas arrivé depuis au moins deux ans. Je m'en souviens que j'en faisais beaucoup à l'époque, quand je devais avoir 15 ans.
Je me réveille vers 10 heures, le lendemain matin. Jai est réveillé, lui aussi et il fume sa cigarette.

- Bonjour, soufflais-je.
- Salut.
Jai n'est jamais vraiment pas de bonne humeur le matin.
- Ne t'attend pas à ce que je te dise "Bonjour mon amour" en t'embrassant. N'attend jamais ça de moi, rouspète-t-il.
- Qui te dit que j'attend ça ?
- Rien. Bon, on va aller prendre le petit déjeuner avec Abril, habille-toi.
J'obéis. Je passe par la salle de bain pour me maquiller rapidement. Alors que je descend mon maquillage dans mon cou, je prend conscience de la grandeur des suçons de Jai. Je soupire, puis hésite à les camoufler, mais peu-importe, finalement.

Nous rejoignons Abril dans la salle du petit déjeuner à 10 heures et demies.
Alors que Jai se lève pour aller chercher son bol de céréales quotidien – sans lequel il tirera une tête de chien battu toute la journée comme un garçon de 10 ans –, Abril se précipite et tourne mon menton pour voir mon cou. Elle affiche un grand sourire, mes joues doivent virer au rose.
- Je n'avais jamais rien ressenti de tel, gémis-je.
Jai revient avec son bol tout en se plagiant qu'ils n'avaient pas les céréales qu'il aurait souhaité.

••

Nous arrivons devant la salle d'entrainement. Jai gare la voiture puis Abril et moi sortons de la voiture. Jai ne bouge pas de son siège puis il déclare :
- Bon les filles, j'ai d'autres trucs à faire.

Il recharge un revolver qu'il glisse dans son pantalon avant d'enfiler une cagoule noire.
- Jai ? Tu vas faire quoi ? m'inquiètais-je.
- C'est trop tôt pour que je te prenne avec Joy. Je t'expliquerai quand je serai rentré. Mais t'es pas prête à faire des trucs dans ce genre, crois-moi.

- Mais... balbutiais-je, et si tu reviens pas ?
- C'est que je suis mort, annonce-t-il sur un ton sec.
- Mais...
- Mais ? Quoi ?
Je ne répond pas.
Il claque la portière, démarre et s'enfuit dans l'angle de la ruelle. Je me retourne vers Abril et soupire.

••

Abril s'est montrée très habile et professionnelle ce jour là, mais moi j'étais un peu dans la lune, puis je m'inquiétais pour Jai.
- Joy ? Tu n'y arrivera pas comme ça. Reprend toi, tu peux faire mieux !
- Faisons une pause. Je m'inquiète pour Jai.
- Il va revenir.
- Il ne m'a même pas dit au revoir, à croire il n'en a rien à foutre de moi, et dieu sait dans quel état il va revenir, gémis-je.
- Ah, Joy. Jai tient à toi, mais voilà il est... Il est comme ça. Quand tu sauras te battre, il te prendra vraiment partout avec lui, mais tu n'es pas au point. Tu ne voudrais pas le décevoir, non ?

Je pousse un long soupire. Abril me tend le long couteau entre ses mains fines, je l'empoigne avec force et me lève.
- Non. Je veux qu'il soit fière de moi.

••

Nous rentrons à la chambre vers 18 heures. Aucun signe de Jai. Abril me dit que c'est normal, qu'il sera de retour avant la nuit. Elle me laisse un moment seule. Je m'assied sur le lit, mes os sont en compote. Je me suis si bien appliquée pour l'arme blanche, j'espère au moins que Jai sera fier de moi.
Je passe mes doigts sur les draps, me souvient ce que j'ai fait avec lui hier, juste ici. Je me laisse tomber sur le lit, me roule en boule dans la couverture puis ferme les yeux. Je n'ai pas le temps de commencer à somnoler que la porte s'ouvre, me coupant dans ma rêverie. Je me lève d'un coup.
Jaidon entre en trombe dans la pièce, refermant, ou plutôt claquant la porte du pied. Il s'écroule sur la chaise en se retenant à la table. Je vois qu'il a du sang sur le visage et un peu sur son T shirt. Il a l'air furieux.
- Jai ! hurlai-je en accourant vers lui.

Il ne me regarde pas, il tient sa tête entre ses mains et gémit. Je touche ses mains, il hurle :
- NON ! Ne me touche pas.
- Mais Jai.. ! Laisse moi voir ce que tu as.
J'essaie de libérer son visage, il me pousse pour que je le laisse tranquille.
- Tu vas me lâcher un peu ? s'énerve-t-il.

Il se lève et fait les cent pas. Je me suis sentie agressée. Il donne un coup de pied dans l'armoire. Je me rassied sur le lit, ne bouge plus. C'est vrai qu'il fait peur. Il accourt dans la salle de bain, gémit de douleur.
- PUTAIN ! Vient m'aider ! ordonne-t-il.

Il ne sait vraiment pas ce qu'il veut. Je le rejoint le plus vite possible dans la salle de bain. Il retire son T shirt et s'assied sur le bord de la baignoire.
Jai s'est fait déchirer la peau, près de son sourcil, ou il y a son piercing.
- Je tremble de colère, je n'arrive pas à enlever mon piercing. Aide moi, sans me faire encore plus mal, ou ça va s'infecter.
- Jai je ne suis pas sûre de...
- Enlève-moi ça !

Je passe mes mains sous l'eau puis m'exécute en faisant bien attention. Je lui retire le piercing et le dépose sur le bord du lavabo. Il se rince brutalement le visage, puis essaie de faire partir le sang déjà sec sur ses mains.
- C'est ton sang, sur tes mains ? demandai-je d'une petite voix.
Il rigole.
- Non. C'est le sang de l'ennemi.
Un frisson parcourt mon dos.
Le sang se mélange à l'eau et disparaît dans le lavabo. Jai couvre sa blessure pour stopper l'hémorragie puis se rassied sur le bord de la baignoire.
- J'ai tout perdu, putain.
- Comment ça ?
- On m'a volé ma drogue. Tout. Toute la drogue que je devais amener à Amsterdam, puis dans d'autres pays. Je suis dans la merde.
- Quoi ?! Qui ?
- Tu te souviens de Dorn, l'autre soir au poker. Eh bien, c'est lui, il est chef d'un gang, mais il ne se bat jamais. Je sais que c'est son groupe qui est venu me voler ma drogue aujourd'hui. Je... PUTAIN !
Il s'énerve de nouveau, retourne dans la chambre en faisant les cent pas avant de s'asseoir brutalement sur le lit.
- Je ne le laisserai pas s'échapper comme ça, ma drogue je l'aurai ! JE VAIS TOUS LES TUER !
- Jai... Calme-toi je t'en prie.
- Je la récupérerai Joyce. Et tu vas m'aider. On va tous les tuer.
Je le laisse se calmer un petit moment, m'assieds à côté de lui puis hésite à aborder le sujet avant de dire timidement :
- Tu sais, Jai... Abril m'a parlé de quelque chose hier soir..
- Je sais. J'étais derrière la porte. Je ne voulais pas qu'elle te dise.
- Mais.. Alors c'est vrai ? Tu.. Es... Agressif comme ça, et... Tu...

Jai soupire, passe sa main dans ses cheveux et me regarde dans les yeux. Il prend doucement mon visage entre ses mains chaudes et rapproche ses lèvres de ma bouche. J'aime comment il fait ça. Il regarde mes yeux de tout près, mon front contre le sien.

- Je suis fou annonce-t-il. C'est vrai.

Peut-être que je ne me rend pas bien compte du merdier dans lequel je me met. Jai est vraiment fou. Jai est vraiment, un psychopathe.
Sa mâchoire se contracte. Il est toujours aussi près de moi. Je dois trembler.
Il glisse sa main le long de ma cuisse, je recule un peu, regarde son visage. Il sourit de manière amère.

- J'aime ta folie, soufflais-je en passant le bout de mes ongles sur sa nuque comme pour le griffer doucement.

. . . À suivre.

❖ Trapped In Addiction - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant