✧ Chapitre 28

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Ne parvenant pas à m'endormir dans la voiture, je relève ma tête et regarde Jaidon conduire.
Une main sur le volant et l'autre sur ma cuisse, il sourit. J'aime quand il sourit.
- Tu devrais dormir Joy, on a beaucoup de route. On va rouler pendant plusieurs... Jours..
- Quoi ? Mais on va où...
- Je ne le sais même pas, Joy... Dans le nord... On fuit.
- Jai..? Cette drogue... Elle vaut vraiment autant d'argent que ça ? Enfin je veux dire.... Ça avait l'air d'être tellement précieux...
Il ne répond pas. Je prend donc cela pour un oui.
- Mais qu'est ce que c'est putain ? insistai-je.
- J'en sais rien, Joyce. Je n'en ai aucune idée. Je fais ça pour l'argent, c'est tout. Tu en sais déjà beaucoup trop sur cette affaire.
Même en fermant mes yeux et même très fatiguée, il m'était impossible de trouver le sommeil. Je suis horrifiée par ce qu'il s'est passé cette nuit-là.
••
Je me suis réveillée au petit matin. Nous roulons toujours, sur une route déserte au milieu de champs et de vignes. Le ciel est gris. Jai est concentré sur la route. Je met quelques secondes à me rappeler de hier, ce qui me donne automatiquement une boule au ventre.
- J'ai dormi longtemps ?
- Quelques heures. Tu as faim ?
- Oui..
- On va s'arrêter prendre le petit déjeuner.
Dix minutes plus tard, nous sortons nous réfugier dans un resto-route macabre. Il est six heures et demies du matin, il n'y a presque personne sur ces autoroutes et il pleut. Il fait vraiment froid, ce qui incite que nous nous dirigeons de plus en plus vers le nord.
Jai refuse toujours de me dire ou on est, mais ça m'étonnerait que l'on soit toujours aux Pays-Bas.
En mangeant notre petit déjeuner assis à un bar désert, je je lui demande :
- Tu penses que Dorn a d'autres hommes ?
- Oui, et je pense qu'ils nous suivent toujours. C'est pour ça que je veux aller loin et rapidement. On est en train de traverser le nord de l'Allemagne. Je ne sais pas encore vraiment où nous allons aller Joy.
- On va s'arrêter dans un hôtel ce soir ?
- Non, ça serait une perte de temps.
- Tu as besoin de te reposer Jai...
- Non.
La route est si longue, et il n'y a rien a faire. Jai ne parle presque pas.
- Je m'ennuie, gémis-je après deux heures sans avoir prononcé un mot.
- Moi aussi, dit-il.
- Tu ne veux pas faire une pause dix minutes ?
- Ce serait une perte de temps, on doit absolument rouler.
Je soupire.
- Ils vont faire quoi Abril et Beau maintenant ?
Il hausse les épaules. Je tourne la tête et regarde le paysage et les heures défiler jusqu'au soir, ou on s'est à nouveau arrêtés pour manger.
Nous avons roulé une nuit de plus. Jai m'a un peu raconté sa vie à Los Angeles avec son grand frère et ses parents (j'ai du beaucoup insisté), puis je lui ai raconté ma vie à Paris pendant que nous roulions en pleine nuit.
- Les études ne m'ont jamais intriguées, conclu-je.
- Oh, moi non plus, me dit Jai.
- Enfin, je ne pensais pas non plus que j'allais finir complice dans du deal de drogue. Bien loin de là.
- Et ce gars avec qui tu es sortie là...
- Théo ?
- Ouais... Tu... marmonne Jai.
- Jai, tu as lu mes conversations ? T'as prit mon téléphone c'est ça ?
Jaidon éclate de rire, si bien que je rigole aussi.
- Je n'ai pas pu m'en empêcher, dit-il. Ce garçon passe ses journées à t'harceler de messages et tu n'y répond même pas...
- Je crois qu'il m'aime toujours.
- Sûrement... Et toi, tu penses encore à lui ?
- Non. Non, bien sûr que non.
- Hm...
- Je ne peux pas me permettre de penser à quelqu'un d'autre, avec toi...
- C'est vrai. Tu m'appartiens. Aucun homme n'a le droit de t'approcher parce que tu es à moi, à moi et uniquement à moi. Tu es à moi.

J'ai dormi au petit matin, après avoir passé la nuit à discuter avec Jai dans la voiture qui roulait sans épuisement, puis je me suis réveillée quelques heures plus tard. Je ne dormais pas beaucoup, mais je tenais. Jai par contre, s'épuise à longueur d'heures. Il ne parle pratiquement plus. Il boit une quantité incroyable de Redbull et prend une tonne de petites pillules, il dit que c'est pour rester éveillé. On s'arrête manger dans un petit restaurant self-service un peu à l'écart d'un village ce soir là, Jai s'écroule sur une table, je lui apporte un sandwich.
- Jai, tu devrais manger..
- Je n'ai pas faim, répondit-il en croisant ses bras sur la table.
Je calcule alors depuis combien de temps Jai n'a pas dormi et arrive à un résultat de 62 heures sans sommeil.
- On va s'arrêter dans un hôtel ce soir. Y'en a un à une quinzaine de kilomètres j'ai vu une affiche, annonçai-je.
- Non ! insiste Jai. On doit rouler.
- Tu t'es vu ? Tu as des cernes de malade. Tu n'a pas dormi depuis quasiment trois jours. Tu dois dormir et moi aussi, dans un vrai lit. J'en ai marre, ça fait des jours qu'on roule non-stop, il faut qu'on prenne une douche et qu'on dorme dans un lit, on a besoin de ça Jai, je t'en prie...
- Bon d'accord. On s'arrête dormir...

C'est une très petite auberge mais heureusement, plutôt confortable. Nous n'avons rien trouvé de mieux et étions trop fatigués pour continuer de chercher.
Dés que nous arrivons dans notre chambre, Jai se déshabille et se faufile sous la douche. Je fais pareil, et le rejoins.
Il passe sa tête sous l'eau, puis me laisse une place. Il me regarde me laver, en souriant d'un air un peu idiot, tellement il est fatigué. Il me prend par la taille et me serre contre lui sous le jet d'eau chaude, je caresse sa nuque, le regardant dans ses yeux. Nos lèvres se touchent et finissent par s'embrasser.

En sortant, nous enfilons des peignoirs, ayant la flemme de sortir nos vêtements.
Pendant que je me lave les dents, Jai trafique quelque chose derrière moi, assis sur le bord de la baignoire. Je me retourne,  et voit qu'il s'apprête à avaler quatre pilules. Je crache le dentifrice, me rince puis m'essuie la bouche. Décidée, je m'empare de ses pilules avant qu'il n'ait le temps de les porter à sa bouche, puis les dépose au bord du lavabo. Il me regarde, surpris. Je m'assied sur ses jambes, et lui chuchote :
- Tu n'as pas besoin de ça.
- Hm...
- Vient.. Il faut dormir.
Jai ne résiste pas.
- Il fait trop froid ici, dit-il en se glissant sous les draps.
- C'est ce que j'allais dire.
Jaidon me tire contre lui comme une peluche et embrasse mon front. Il me laisse me coller contre son corps nu et encore chaud de la douche, et nous couvre du duvet.
J'aime être tout contre son corps aisni, la tête blottie dans son cou. J'aime son odeur, le toucher de sa peau. Ça me donne des frissons.
Jai me caresse les cheveux, puis finit par s'endormir, avec moi dans ses bras.
Je me rend alors compte de quelque chose d'étrange; je suis heureuse.
Comment est-ce possible ? Je suis au milieu de la campagne, je ne sais même de de quel pays, il fait froid et je suis dans une vieille auberge, loin de ma ville, ma famille et mes amis. Mais, je suis heureuse, quelque part là, dans ma poitrine. Mes mains sur le torse de Jaidon, je sens son coeur battre lentement et régulièrement. Je le sens respirer. Je sens sa main dans mes cheveux, et son autre main sur ma taille.
Je ne veux plus jamais partir.
Je veux rester comme ça, près de lui pour toujours.
J'aimerai que cela ne s'arrête jamais.

. . . À suivre.

❖ Trapped In Addiction - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant