✧ Chapitre 21

644 24 0
                                    


Je me suis réveillée tôt. Je n'étais plus dans les bras de Jai, il m'avait sûrement repoussée durant la nuit. Il dormait encore, un sommeil lourd accompagné d'une profonde respiration.
J'attrape mon portable puis regarde l'heure : 8:45. Abril m'avait laissé des messages il y a quelques minutes.

• Abril : « Si t'es déjà debout, ça te dit qu'on aie s'entrainer un moment ? Je suis en bas, je prend le petit déj.. »

Je répond : « Je viens de me reveiller et Jai dort encore. Je prend une douche et je descend. »
Je bondis du lit, m'étire puis me refugie dans la salle de bain.
Après m'être préparée, juste avant de quitter les lieues, je laisse un petit mot sur la table de Jai : "Je suis allée m'entrainer avec Abril."

Puis je referme la porte de la chambre derrière moi. Je croise Beau dans les couloirs, revenant de la salle à manger.
- Ah, salut ! me fait-il.
- Salut, ça va ?
- Ouais, ça va... Et toi ?
- Oui.
- Tu vas rejoindre Abril ? questionne-t-il.
- Tu connais Abril ?! m'étonnais-je.
- Bien-sûr. Elle t'attend en bas.
- Oui, je vais la rejoindre, on va s'entrainer. Jai dort encore.
- Hm... D'accord. Moi je vais au fitness, bon entrainement alors.

Il me fait un clin d'oeil avant de tourner les talons.
- Euh... A plus, lâchais-je avant de descendre vers Abril.

•• 9:32 am
- Je ne savais pas que tu connaissais Beau, fis-je pendant que nous courrons dans le parc national de Berlin.
Le soleil brille, mais la température n'est pas si élevée à cause d'un petit vent.
- Jai me l'avait présenté quand je travaillais avec lui.
- Ah bon...
- Pas trop essouflée ? demande-t-elle.
- Une pause ne serait pas de refus.

Nous nous asseyons sur un banc, en regardant passer les familles se promener et les enfants courrir dans tout les sens.

- C'est assez étrange ma relation avec Jai en ce moment, avouai-je a Abril qui prenait le soleil les yeux fermés.
- Comment ça ? demande-t-elle sans ouvrir ses yeux.
- Je ne sais pas... Hier il s'est montré tellement affectif, il m'a prit dans ses bras et m'a consolé, Jai ne serait pas du genre à faire ça non ?
Abril relève la tête, puis ouvre un oeil.

- C'était peut-être juste de la pitié, lâche-t-elle en remettant sa tête en arrière.
Au moins, la réponse est claire. Abril à toujours été plutôt dure et directe avec les gens.
Après notre course, nous sommes retournés dans la salle d'entrainement.

- Abril, je sais que j'insiste avec Jai, mais tu le connais mieux que moi, et... J'aimerai vraiment savoir comment tout cela a commencé.
- Je ne sais pas comment il a commencé, Joyce.
Elle n'avait apparemment pas envie d'en parler, mais j'allais insister. Comme d'habitude. C'était un de mes très gros défauts...
- Mais son.. Caractère... Si agressif.. fis-je.
Abril, qui rangeait les armes blanches dans une valise, se relève et soupire.
- Tu sais Joy...
Elle vient s'assoir près de moi.
- Oui ?
- Raah, je ne sais pas vraiment si je peux te le raconter. C'est un sujet tellement sensible pour Jai...
- Mais je veux savoir, insistais-je.
- Si je te le dit, promet-moi de faire comme si tu n'en savais rien. Il risque vraiment de s'énerver fort...
- D'accord, mais ne t'inquiète pas, fait moi confiance, fis-je sur un ton plutôt incertain.
- Quand il avait 17, ou 18 ans, il était amoureux d'une fille...

Je serre les dents. Je m'en doutais un peu, et je me doutais aussi de la suite de l'histoire.

- Il est sorti avec cette fille pendant presque une année, poursuit Abril, et il était très amoureux. Je ne le connaissais pas du tout à cette époque, mais je sais qu'il a énormément changé, physiquement aussi. Je ne sais pas pourquoi, mais cette fille s'est séparé de lui. Et Jai en a été vraiment détruit...
- Tu connais son prénom ? demandai-je, de nature très – voire trop – curieuse.
- Ne prononce jamais son prénom devant lui, surtout, prévient Abril.
- D'accord.
- Elle s'appelait Ariana. D'après ce que Jai m'avait raconté, il est resté des semaines enfermé chez lui après sa rupture, il était vraiment devenu fou, tu comprends ? Et il a commencé à se droguer. Tout seul, dans sa chambre. Ça n'a pas amélioré son cas, bien sûr... Il a perdu du poids, il disait qu'il voyait Dieu, il... Dans son sommeil, il n'arrêtait pas de repeter "J'ai parlé à Dieu. Et il nous a abandonné." avec une voix sombre. C'est Beau qui me l'a raconté, ils étaient en colocation à l'époque, Jai n'était même pas majeur. Il faisait des crises de somnambulisme et parlait de démons et d'esprit, presque tout le temps. Il dessinait quand il était drogué, il dessinait ce qu'il voyait dans sa tête... Je ne sais pas ou sont tout ces dessins, mais Jai n'était plus Jai. Il est devenu complètement... psycho.
Abril avait finit son récit avec une voix sombre.

- Comment tout ça s'est arreté ? insistais-je.
- C'est la partie de l'histoire que je ne connais pas. Je ne sais pas ce qu'est devenue cette fille, et je ne sais pas combien de temps, ni ce qui s'est écoulé entre la dépression de Jai et le début de son deal... je.. Je ne connais pas toute l'histoire. Et je sais que Jai cache encore quelque chose, dit-elle.
- J'aimerai le savoir, gémis-je.
- Moi aussi, réplique Abril. Moi aussi. Bon, on s'y met ?

Cette histoire m'a tracassé la tête tout le reste de l'après-midi. Jai nous a rejoins vers 13 heures, puis nous sommes rentrés à l'hôtel vers 17 heures. Jai a filé sous la douche, je me suis refugiée sur mon portable. J'étais vraiment determinée, alors j'ai recherché dans les amis facebook de Jai une "Ariana". Personne. Il devait l'avoir virée de ses contacts... Mais je voulais en savoir plus. Je suis beaucoup trop curieuse, et je n'aime pas le mensonge.
Jaidon sort de la douche, vêtu d'un caleçon uniquement. J'attend qu'il s'habille.
- Quelque chose te préoccupe ? demande-t-il en coiffant ses cheveux mouillés à l'aide de ses mains.
- Hm... Oui. À vrai dire, je me demande.. Comment tout ça a commencé, fis-je d'une petite voix.

Jai pousse un soupir. Comme si il avait tout de suite compris. Il s'assied sur le lit.
- Tu as parlé à Abril. C'est ça ? Elle ne peut jamais garder sa bouche fermée, celle-la.
- Jai... La fille dont tu étais amoureux...

Il sert les poings, et sa mâchoire se crispe.
- On n'en parlera pas, Joyce, dit-il sur un ton sec.
- Je veux savoir. J'ai besoin de savoir...
- Joyce ?
Il me regarde dans les yeux.
- Oui..? lâchais-je d'une petite voix.
- Non. Nous en parlerons pas.
Je veux insister. Pourquoi j'ai tant envie d'insister ?
- Mais Jai, Ariana, je...
Je plaque une main sur ma bouche. Je n'aurait pas du prononcer son prénom.
Jai changea soudain. Il se lève brusquement.
- Non, NON, NON !!! hurle-t-il.

Je recule, me colle contre le mur. Il met sa tête entre ses mains. Sa respiration devient lourde, pénible.
- Excuse-moi, fis-je.
- NON !! NON !

Il reste, la tête entre ses mains durant de longues secondes. Je m'approche de lui.
- Tout... Tout va bien, Jai...
- Tu veux savoir la suite de l'histoire ? TU VEUX SAVOIR ?

Il me regarde. Ses yeux sont rouges, non pas de larmes mais d'une colère, une énorme colère. Il tremble, ses veines ressortent. Je hoche timidement la tête. Puis, sans me lâcher de son regard, il dit à mi-voix :
- Elle est morte.

Une goutte d'eau froide descend le long de mon dos, et je sens mes sens frissonner.
- Comment.. Comment est-elle morte... Comment Jai ?
- Tu sais comment, dit-il. Tu sais parfaitement comment elle est morte.
Je ne pouvais pas imaginer pire. Jai n'aurait quand même pas fait ça...
- Non.. Non, tu n'as pas fait ça, c'est impossible...
Mon corps baisse de température, et je suis parcourue d'une sueur froide.
Jai relève sa tête. Il ne me regarde plus.

- Si Joyce... J'ai fait ça... Je l'ai tuée, je l'ai étranglée... Je l'ai regarder se débattre et me supplier d'arrêter, griffer mes bras pour essayer de respirer, j'ai regardé la lumière s'éteindre dans ses yeux... Je..

J'avais reculé. Une main contre le bouche, j'avais le souffle coupé. Jai me regarde, je n'ose pas produire un seul son. Jai l'a tuée. Puis il se recroqueville sur lui-même comme si il était étouffé d'une grosse douleur. Il commence à se frapper, puis se lève et frappe dans le mur en étouffant ses cris.
Prise d'une peur accablante, je me fait toute petite dans un coin de la pièce. Jai ne cesse de frapper les murs et de hurler. Je m'assied sur le sol et met ma tête entre mes genoux, je n'aurai jamais du. J'ai mit Jai dans un état déplorable... C'est de ma faute, j'ai peur qu'il s'en prenne à moi. Il est tellement agressif. Il est tellement fou... Tellement 'psycho'.

. . . À suivre.

❖ Trapped In Addiction - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant