Partie 2

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| 26 septembre 2028, 6:29 | 

- Allez debout ! 

- Mmh ! 

- Allez euh ! 

- Oui oui c'est bon ! 

- Tu vas être en retard je vais me fâcher ! 

- Ouf ! 

- C'est pour ton bien ! 

Je réveille mon petit frère pour qu'il se prépare à partir à l'école. C'est assez dur les réveils chez nous surtout que nous sommes très dormeurs, nous réveiller est un supplice ! Je le regarde faire son lit et ouvrir la fenêtre pour aérer sa chambre. Il est autonome il fait tout tout seul. Je suis déjà prête et décide de préparer le petit déjeuner pour que tout soit prêt pour lui. Je depose tout sur la table comme chaque matin : thé, pain, knefah (sorte de pâtisserie libanaise), tomates et comconbre coupés en morceaux. Nous avons la chance de pouvoir avoir tout ceci de poser sur notre table. Certaines maisons du village n'en ont pas la chance. Notre bon Dieu nous aide tout en nous éprouvant. 

Il sort tout beau et tout frais de la salle de bain. Je lui souris et il s'installe à mes côtés. 

- Ça va ? 

- Grâce à Dieu oui ! Et toi ? 

- Grâce à Dieu ! 

- Comment se passe tes cours ? 

- Très bien malgré que j'ai quelques difficultés en mathématiques ces derniers temps, je n'ai pas trop à me plaindre. 

- Quelles genres de difficultés tu as ? 

- Nous faisons un certain théorème de je ne sais quoi il est un peu complexe ! 

- Oh oui je vois lequel ! Tu es sûr que ce n'est pas plutôt parce qu'à force de parler en cours tu n'écoutes pas donc tu ne peux pas comprendre ? 

Je leve les sourcils tout en le fixant avec un petit sourire aux lèvres. Il me regarde en arrêtant de mâcher son bout de pain et me fixe pensant que je n'ai rien découvert. 

- Ta professeur est mon amie je te rappelle ! 

Il baisse les yeux et commence à rigoler. 

- Pourquoi tu rigoles ? 

- Hahahahahahahahahahahahahahaha ! 

- Hahahahaha qu'est-ce qui te fait rire ? 

- Hahahahahaha elle te dit tout tout ? 

- Oui tout de À à Z ! 

- Hahahaha et elle t'a dit pour son jeans troué ? 

- Arrête Bassam ! 

- Quoi ? 

- On ne rigole pas des autres ! La situation de notre pays ne nous en laisse pas le choix et tu le sais très bien ! 

- Non mais hahahahaha ! 

- Bassam ! 

Je le fixe sans m'arrêter et en le fusillant du regard. Je n'aime pas quand quelqu'un se sent supérieur aux autres alors que nous sommes tous dans un gros problème. Il continue de rigoler et sous la colère je lui arrache son pain des mains. 

- Va à l'école ! 

- Bah... 

- BASSAM ! 

- Mais...

- Ne m'oblige pas à m'énerver encore plus ! 

- Mais Boutheïna je ne rigole pas d'un air méchant hahaha je rigole parce que ta 'copine' essaye de draguer le nouveau prof et elle a mis un jeans trop serré pour elle alors que d'habitude elle n'en met pas et elle l'a fait exprès pour lui sauf qu'il s'est... 

Il explose de rire. Je le regarde et sans me contrôler, un petit sourire au coin apparaît. Je commence à mon tour à rire. 

- Tu comprends ? 

- Oui haha je comprends mais ce n'est pas une raison ! 

- Bah pourquoi tu as rigolé ? 

- Mange ! 

- Je croyais que je devais partir à l'école ? 

- Bassam ! 

- C'est bon ! 

Il continue de manger pendant que je me sers un verre de thé. 

16:35. 

- Salam Aleykoum ! 

- Aleykoum Salam ah benti (ma fille) ! 

- Kif halek (comment vas-tu) ? 

- Mnih al hamdalah ah benti (bien grâce à Dieu ma fille) ! 

- Tamam ! Ta3i ma3i khalti (d'accord ! Viens avec moi khelti) ! 

Elle me suit dans le cabinet. Aujourd'hui je dois m'occuper de plusieurs patients ayant des problèmes de dents et gencives. Dans notre pays, les dentistes bénévoles des autres pays n'ont pas le droit de venir enfin n'ont plus le droit depuis la montée au pouvoir de Ahmed Ben Eslam. Il ne veut pas que des médecins viennent chez nous nous aider car pour lui notre pays sait se défendre et soigner seul. J'ai envie de dire que ça fait quelques années maintenant que nous n'arrivons plus à définir le terme soigner. À part soigner les riches et touristes, je ne vois pas qui est soigné. 

J'ouvre la porte et la laisse entrer. Elle enlève son foulard qu'elle a déposé sur sa tête puis s'installe pour que je puisse examiner ses dents. Dans mon village, je suis un peu 'enviée'. Certaines filles qui ne travaillent pas ou plutôt qui ne veulent pas travailler, me portent ce qu'on appelle l'œil. Elles n'ont toujours pas compris que c'était elles qui se prenaient elles mêmes leurs deux yeux bien moches. Ça me fait rire et certaines filles aussi rigolent avec moi car elles sont dans la même situation. Nous avons réussi à travailler et étudier pendant qu'elles aimaient rester par la fenêtre à surveiller les garçons du village entrain de boire un café et jouer aux cartes. D'ailleurs en parlant de garçons, certains garçons m'ont demandé en mariage. Ma réponse a été immédiate : non ! Non pas que je veuille être méchante ou hautaine loin de là mais tout simplement je ne veux pas maintenant et ne pense pas à me marier. Ils sont tous beaux et un en particulier, Amir. Il est celui le plus convoité par la gente féminine de ce village. Les filles discrètes ne montrent pas qu'elles sont attirées par lui mais le petit groupe de filles assez agité le montre sans aucun problème ! Elles sont libres dans leur pensée ! 

- Ton petit frère vient de m'appeler il n'a pas les clefs de la maison il les a oublié ! 

Ma collègue Yara me sort de mes pensées. 

- Oh quel imbécile celui là ! 

- Laisse je vais continuer ! 

- T'es sûre ? 

- Oui oui t'inquiète pas ! 

Je lui donne le relai et pars chercher mes affaires pour rentrer. Apres cette patiente dans tous les cas, j'avais finis donc bon. Je me dirige vers chez moi et je suis malheureusement obligée de passer par la fameuse ruelle où sont ces filles. Elles sont assises aux côtés des garçons. Tout le monde me voit et me sourit à part elles qui me dévisagent. 

- Ça va Boutheïna ? 

- Hamdoulah et toi ? 

- Hamdoulah ! 

Je continue mon chemin et regarde mon frère qui est devant la porte. 

- Je... 

- Tais toi ! 

J'ouvre la porte et il entre en courant vers sa chambre. Il sait qu'à ce moment là je peux lui donner une petite claque sur la tête mais je ne le ferai pas. Je pars déposer mes affaires dans ma chambre mais ressens que je perds un peu l'équilibre. Je m'arrête quelques instants et remarque qu'un fort bruit se fait entendre dehors et qu'un vase posé sur ma commode tombe sur le sol. Mon petit frère entre dans la chambre et se tient au cadre de la porte de celle-ci. Nous nous regardons et sans réfléchir, nous nous précipitions pour faire nos affaires. 

Il est l'heure pour nous de quitter enfin cet enfer ! 

Le Garçon et La MigranteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant