| 25 septembre 2028, 05:23 |
Je termine ma prière de l'aube et leve les yeux devant moi tout en déposant mes mains sur mes cuisses. Je suis encore accroupie et je souris à la vue de la pleine lune. N'est-ce pas magnifique comment Allah, Seigneur de l'Univers, a créé chaque chose dans ce bas monde ? Personne ne pourra Le dépasser. Je souris une dernière fois puis me leve enfin pour plier mon tapis. Je retire mes vêtements de prière et choisi mes vêtements pour aujourd'hui. J'ai senti un petit vent assez frais alors j'opte pour un gilet en laine. Je pars à la salle de bain pour faire ma coupe habituelle, une simple queue de cheval assez haute pour ne pas être gênée. Mes cheveux sont châtains très foncés et ondulés. Je tiens ça de mon père. Ce châtain qui en fait rêver certaines comme il en effraie d'autres. Je termine par me maquiller tout naturellement.
Ma toilette terminée, je pars rejoindre mon petit frère qui est déjà dans la cuisine et qui a préparé le petit-déjeuner. Il sait se débrouiller et s'occupe énormément de la maison avec moi. Je suis fière de lui et de tout ce qu'il fait pour m'aider. Il est la seule personne qui me reste sur cette terre. Allah a décidé de faire partir nos parents il y a maintenant 5 ans, lors d'une guerre dans le sud du Liban où nous habitions auparavant. Nous avons dû déménager dans le nord pour vivre plus tranquillement. Cela a créé un grand vide dans notre vie mais nous avons sû nous relever. Je continue de le regarder sans remarquer qu'il me parle depuis avant.
- Eh oh !
- Ah ! Oui ?
- Salam Aleykoum !
- Aleykoum Salam !
- À quoi est-ce que tu pensais ?
- Je pensais à toi et à notre vie petit microbe !
- Déjà je suis pas un microbe ok ?
- Si tu es MON microbe !
- Ouais et toi MA bactérie hein ?
- Hahahahahaha oui oui !
Il sourit et je l'aide à terminer de poser la table. Le français ? Je l'apprenais quand j'étais à l'école et mon frère l'apprend depuis tout petit et continue toujours de l'apprendre à l'heure actuelle dans son collège. Durant mes études j'étudiais le français en me disant qu'un jour mon espoir de partir en France serait réalité. Je pensais aller dans ce pays mais maintenant que j'ai mon travail ici depuis quelques années, je ne veux plus disparaître de cet endroit. Ma vie est bien meilleure ici malgré le nouveau régiment assez rude du nouveau président Ahmed Ben Eslam. Depuis qu'il a été élu il y a maintenant 2 ans, un nouveau régiment a été mis en place. Énormément de soldats nous surveillent et nous sommes des fois privés de sorties, les pauvres comme il nous appelle, n'ont plus le droit d'aller en ville ne serait-ce que pour nous promener car les touristes du monde entier viennent visiter le pays et si ils nous voient ils ne voudront plus jamais revenir. Les riches ne travaillent plus et nous travaillons désormais à leur place. Nous devons payer un impôt pour le président qui varie selon votre position au travail. Les étudiants doivent se rassembler chaque matin pour faire la marche du salut dédiée à la famille de Ahmed Ben Eslam et lui-même. L'eau est parfois coupée dans les villages du pays pour qu'il puisse profiter de sa piscine pleinement. Nous n'avons plus le droit de manifester et de sortir dans les rues sans porter avec nous une carte où nous avons tous dû écrire dessus 'Ahmed Ben Eslam meilleur président'.
La vie est dure. Elle l'était déjà avant son arrivée mais elle s'est encore plus accentuée depuis qu'il est à la tête du pouvoir. Nous gardons malgré tout le sourire. Beaucoup de personnes des pays voisins et du reste du monde, se demandent comment nous faisons mais nous avons été éduqués et élevés de cette manière. Certes nous ne vivons pas dans une maison de luxe ou un grand appartement mais nos petites maisons de village nous conviennent très bien. Nous sommes beaucoup dans notre village et nous nous côtoyons énormément. Nous restons soudés et essayons d'oublier un peu cette vie assez rude que nous avons. L'un des premier moyens est le marché. Le marché tous les 2 jours, est la joie de vivre de chaque habitant. Toutes les heures et toutes les minutes, tout le monde s'aide et se sourit. Le deuxième moyen est l'entraide. Nos mains sont tendues pour qu'une autre personne en difficulté puisse nous la prendre et commencer elle aussi une nouvelle vie ou reprendre là où elle s'est arrêtée. Nos regards sont remplis de lumière et nos yeux sont grands ouverts. Nos envies d'aider nos prochains sont toujours présentes et l'envie d'aider un ou une inconnue reste notre priorité. Le troisième moyen est notre grande force, l'islam. Nos vies sont illuminées par notre religion. Notre vie est tracée et écrite par un Seul et Unique Dieu, Allah. Notre vie d'ici bas n'est qu'un test que nous passons.
Nous passons énormément de test chez nous. Parfois je me pose beaucoup de questions avant de m'endormir. Ces bombes qui tombent sur chaque maison et chaque bâtiment sont-ils des épreuves d'Allah pour voir si toutes ces magnifiques choses que je vous ai citées nous laisseront fortes et toujours aussi proches de Lui ? Ces soldats qui viennent à des heures tardives pour nous fouiller et nous mettre tout en désordre devant le village entier sont-ils aussi des épreuves ? Ces regards perdus lorsque d'un coup une bombe éclate et laisse apparaître un vent de fumée sont-ils des signes de notre éloignement avec ce qui nous ait de plus cher à nos yeux, notre religion ? Allah n'éprouve que ceux qu'Il aime !
Mais même si tout cette situation est dure à vivre, je me dis des fois que sans ces bombes et ces soldats, je ne me serai jamais échappée de cet endroit qui reflète un endroit détesté de tous, l'enfer. Mais Allah a dit 'sois' et je t'ai rencontré.
Je suis Boutheïna, 26 ans, libanaise et je vais vous raconter mon effroyable histoire !
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Le Garçon et La Migrante
Narrativa generaleBoutheïna, jeune fille libanaise âgée de 26 ans et vivant seule avec son petit frère âgé de 14 ans, travaille en tant que dentiste dans un petit village se situant au nord du Liban. Jeune fille dynamique et très généreuse, elle reste tout de même co...