Partie 18

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16:28.

- Hahahahahaha je suis mort !

Je regarde Hassan droit dans les yeux. Il ne bouge pas et ne réagit même pas à la réaction de son ami. Il continue tout simplement de me regarder. Je sens que certaines personnes nous fixent et décide alors d'arrêter de le fixer. Je me retourne et remarque qu'une bande de filles nous regardent maladroitement. Enfin elles ME regardent maladroitement. Je détourne aussitôt mon regard et décide de sourire à Hassan.

- Salam Aleykoum !

- A... Aleykoum Salam ! Ça va ?

- Ça va hamdoulah !

- Qu'est-ce que tu fais ici ?

- Je marchais et je me suis perdue ici et depuis je suis restée !

- Aaaah ! Et comment vous vous êtes trouvés ?

Il lance un regard en direction de son ami puis vers moi.

- Je me suis cognée contre la porte !

- J'ai ouvert la porte et elle s'est frappée avec hahahahahahahaha !

- Oui bon tu m'as fait mal je te signale alors au lieu de rire tu devrais plutôt demander pardon !

Le silence total. On pourrait même le qualifier de néant. Personne ne parle. Personne ne s'attendait à cette réaction. Moi même, je ne m'y attendais pas. Pourquoi j'ai dit ça ? Je ne sais pas. Je pense que la fatigue et les nerfs jouent un rôle dans ma réaction.

Je sens que tout le monde me regarde et attend que je fasse quelque chose ou que je dise quelque chose pour m'expliquer. Je baisse la tête en regardant vers le côté droit puis relève la tête en direction de l'ami de Hassan sur qui j'ai crié.

- Je suis désolée... Je voulais pas être méchante mais... Mais t'arrêtais pas de rigoler et j'ai vraiment pas la tête à rigoler là !

Il tourne sa tête vers Hassan puis s'en va vers la voiture pour y entrer dedans. Je le regarde en voulant lui parler mais je ne fais rien. Là, j'aurais vraiment voulu qu'il rigole au lieu de faire la gueule. Je reste là sans bouger et attendant que quelque chose se passe. Hassan me regarde puis s'approche un peu plus vers moi et me fait un signe de la tête pour me dire de le suivre. Je le regarde et hoche de la tête sans savoir où je vais. Nous nous dirigeons vers l'arrière du bâtiment mais Hassan s'arrête d'un coup et se retourne pour avoir son regard en direction de la voiture.

- Oh j'arrive dans même pas 5 minutes c'est bon ?

Les garçons à l'intérieur hochent de la tête et certains lèvent leur main en guise de réponse positive. Hassan se retourne vers moi et me demande de le suivre. Je le suis sans broncher et sans demander où nous allons. Je sens que les filles de tout à l'heure nous fixent encore. Elles doivent être jalouses peut-être. Il faut dire que Hassan est un bel homme. Il est grand, grand sourire, barbu, yeux bruns clairs mais il n'est pas trop mate de peau. Il est mate clair si on peut le qualifier comme ça. Il arrête de marcher et je m'arrête aussi. Je baisse les yeux et fixe le sol. Il me regarde je le sens. Au bout de quelques secondes dans le silence total, il décide enfin de prendre la parole.

- Ça va ?

- ...

- Boutheïna ça va ou pas ?

Je relève mes yeux vers lui et le fixe. Que lui dire ? Que je suis triste parce que je ne retrouve plus mon frère, que je n'arrive plus à vivre sans lui et que j'ai besoin de lui ? Que c'est devenu un besoin vital et que j'ai même décidé d'arrêter les cours à la fac pour pouvoir le retrouver ? Facile à penser mais difficile à révéler. Je décide de mentir et de sourire légèrement pour que mon mensonge passe inaperçu.

- Ça va hamdoulah et toi ?

- Pourquoi tu mens ?

- Je mens pas haha pourquoi tu dis ça ?

- Parce que ça se voit Boutheïna que tu vas bien !

- ...

- Tu sais, depuis que j'ai su que tu t'étais échappée du Liban et que tu vivais dans un gymnase, j'ai vraiment eu de la peine pour toi. Je me dis souvent qu'est-ce qu'elle fait ? Avec qui elle est ? Qu'est-ce qu'elle mange ?! C'est vraiment pas facile de venir d'un autre pays vers un pays totalement étranger que ce soit au niveau culture, langue, tradition surtout parce que ici ils sont pas musulmans. Je t'avais déjà dit que si t'avais besoin d'aide tu pouvais me dire et je t'aiderai !

- Oui oui je sais que tu es là pour m'aider mais je vais bien Dieu merci !

- T'es sûre ?

- Oui oui sûre et certaine !

- Ok... Euh... Tu m'as dit avant que tu t'étais perdue ici et que tu connais pas le quartier ?

- Oui oui... Je sais rien !

- Bon là je dois aller avec mes potes chez un pote à nous parce qu'il va bientôt se marier mais après on peut se voir ?

- Euh oui... Oui avec plaisir !

- Bah vas y alors on se dit vers 19 heures ?

- Oui ok c'est toi qui voit !

- Moi ça me va toi maintenant ça sera un peu plus dur parce que je sais pas où tu peux rester !

- Je peux toujours tourner un peu ici ou rester au parc !

- Il est 17:20 tu vas quand même pas rester 1 heure et demi tout seule !

- Ça me dérange pas wallah tant que après on se voit c'est bon !

Il me regarde. Un sourire se dessine sur son visage et il est à l'air heureux. Je viens de me rendre compte de ce que je viens de dire. Je fais les gros yeux et il rigole. Je baisse la tête et rigole aussi à mon tour. Il finit par arrêter de rire puis reprend la parole.

- Bon bah si ça te dérange pas d'attendre 1 heure et demi, je veux bien que tu restes au parc mais pars pas trop loin on sait jamais il t'arrive quelque chose ou que tu te perds mieux vaut que tu restes ici c'est mieux !

Je le regarde et souris légèrement en hochant la tête. Il finit par sourire lui aussi et me Salam pour partir chez ses copains. Je jette encore un dernier coup d'œil à la voiture sur Hassan et surtout son ami sur qui j'ai crié dessus. Il me lance un regard noir et retourne son visage. Je m'en veux énormément mais je ne peux plus revenir en arrière.

Je ferme mes yeux quelques secondes histoire de remettre mes idées en place. J'ouvre les yeux et avance vers le parc. Au moment où j'arrive devant le bâtiment, un groupe de filles se dirigent vers moi et une fille se place devant mon chemin pour ne pas me laisser passer. Je la regarde droit dans les yeux. Je détourne légèrement mon regard et remarque que ce sont les filles de tout à l'heure qui étaient présentes lorsque je parlais à Hassan. Je retrouve le regard de la fille en face de moi. D'un ton hautain et jalouse elle me dit :

- T'es qui TOI pour parler à mon fiancé comme ça ?

Le Garçon et La MigranteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant