Le Garçon et La Migrante

Partie 8

Nous entrons dans l'hôpital puis il se dirige vers l'accueil. Il parle à la femme et elle se leve vers moi. Elle me regarde et sourit tout en me demandant de la suivre. Je ne veux pas y aller seule je ne sais pas pourquoi. Je reste sans bouger et ne suis même pas la femme de l'accueil. Elle le remarque et se retourne pour voir qu'est-ce qui m'arrive. Le garçon qui m'a emmené ici me regarde avec incompréhension.

- Pourquoi t'y vas pas ?

Je le regarde en lui faisant comprendre que j'aimerais qu'il vienne avec moi. Ne me demandez pas pourquoi même moi je me pose encore la question ! Il le comprend très vite et décide de m'accompagner. Je me sens beaucoup mieux et beaucoup plus réconfortée. La femme me ramène vers une salle où se trouve 2 médecins entrain de discuter autour d'un café. Ils se retournent et nous regardent.

- Bonsoir !

- Bonsoir !

- Cette jeune femme s'est cassé le poignet je crois !

Un médecin se diriger vers moi en souriant et me prend le poignet légèrement. Légèrement pour lui mais fortement pour moi. Il remarque que j'ai mal et décide de m'emmener effectuer une radio. Au bout de 20 minutes, je ressors et on m'emmène vers une salle où l'on effectue des plâtres et autres choses. Je m'installe et attends avec le garçon que le médecin revienne. Il entre dans la pièce et coupe le silence pesant qui y régnait.

- Bien ! Je tenais tout d'abord à vous dire que vous vous êtes bien faite amochée !

Je tourne mon visage vers le garçon qui lui baisse la sienne. Peut-être par honte ? Je retourne à nouveau mon visage vers le médecin et écoute ce qu'il a à me dire.

- Vous avez un os du poignet to-ta-le-ment déplacé ! Je vais devoir vous le remettre en place et ensuite vous mettre un plâtre.

Je souris pour lui montrer que ça ne me dérange pas. Si ça peut enlever cette douleur ! Il prend ma main et commence avec un autre médecin à ses côtés et une infirmière qui prépare le plâtre, à me toucher le poignet. Il bouge mon poignet et décide enfin de le remettre en place. La douleur est totalement insupportable mais je reste quand même forte. Il finit enfin par me plâtrer le poignet et finit par me remplir le dossier. Je lui explique je suis une réfugiée et que je n'ai pas de carte vitale. Le garçon décide de donner la sienne. Je le regarde et il tourne son visage vers moi. Il me sourit puis regarde le médecin à nouveau. Nous n'avons pas eu de problèmes au niveau des papiers pour mon histoire de réfugiée. Nous sortons de l'hôpital et je le regarde avec un peu de gêne.

- Merci beaucoup c'est... C'est très gentil de te part...

- Non tranquille y a rien c'est normal ! Si je te fais pas ça c'est qui qui va te le faire ?

Je lui souris puis nous continuons de marcher vers sa voiture. Une fois arrivés devant la porte passager, je décide de parler.

- Tu sais je peux rentrer seule je te jure !

Il leve ses yeux vers moi et d'un seul regarde je comprends tout de suite que sa réponse est non ! Je décide de ne plus chercher à comprendre et de monter dans la voiture sans essayer de faire des problèmes. Il allume le chauffage et met du Coran. Je suis surprise un peu de son geste. Je ne pensais pas qu'il écoutait le coran. Ou peut-être le fait-il exprès devant moi pour m'épater ? Je reste silencieuse et profite des paroles du Très-Haut. En y repensant, depuis le voyage en bus je n'ai pas prié. C'est très mauvais ce que je viens faire. Bon dans le bus je ne pouvais pas trop prier mais ce n'est pas une excuse quand même ! J'aurais pu rattraper une fois dans le gymnase. Mais en y repensant, la tête n'y était pas...

Je ferme les yeux et me laisse emporter dans un autre monde. Un monde de paix et de sagesse. Un monde où je peux respirer sans avoir peur d'être tuée ou frappée ou attaquée. Un monde où la joie de vivre est le premier mot d'ordre, où la vie est tellement tranquille que le mot tranquille n'est pas assez pour définir la tranquillité qui y baigne. Je suis dans un monde où seul les croyants en connaissent l'existence. Je suis dans un monde créé par Dieu !

3:27.

Je sors de la voiture un peu fatiguée et énormément chamboulée par la soirée que je viens de passer. Je reprends mon sac à dos puis le garçon sort lui aussi de la voiture et se dirige vers moi. Je remarque que la porte du gymnase est ouverte. Une réfugiée et une assistante sont assises. Sûrement pour parler ! Je me retourne vers le garçon et lui souris.

- Merci encore !

- De rien c'est normal !

Je baisse les yeux et fixe un point derrière lui. Je sens qu'il me regarde et qu'il ne veut pas me lâcher. Je décide de rentrer sentant de plus en plus le froid sur moi et surtout sur ma blessure. Il comprend très vite que je veux rentrer et lui aussi doit rentrer.

- Ma mère miskina elle m'a appelé 60 fois !

- Ohlala je suis vraiment vraiment désolée excuse-moi vraiment !

- Non c'est pas grave dis pas ça ! Je lui dirai j'ai un pote à moi je devais l'emmener à l'hôpital elle va direct comprendre !

Je le regarde sans parler. Il fait de même puis je décide de prendre la parole et de couper ce silence.

- Euh... Je dois y aller je...

- Ouais ouais y a rien !

- Merci encore une fois hein !

- T'inquiète c'est normal !

- Bonne continuation !

- Merci à toi aussi ! J'espère que tu te sentiras bien ici à Paris !

- Merci !

- Bonne nouvelle vie !

- Merci beaucoup !

- Salam Aleykoum !

- Aleykoum Salam !

Je me retourne et il fait de même. Au moment où j'arrive enfin devant la porte, j'entends une voix chuchoter en criant :

- Stp !

Je me retourne et remarque que c'est le garçon. Je le regarde en souriant.

- Oui ?

- Euh... Tu t'appelles comment en fait ?

Je souris. C'est normal sa question paraît logique.

- Boutheïna !

Il paraît surpris et sourit aussi. Je me retourne enfin pour rentrer mais son prénom m'intrigue aussi. Je décide à mon tour à l'appeler.

- Eh !

Il se tourne lui aussi comme moi et me regarde. J'hésite un peu mais décide de poser la question. Pourquoi avoir honte ?

- Tu t'appelles comment... Toi ?

Il sourit et d'un air joyeux il me répond :

- Hassan !