─ Pdv de Joey ─
En rejoignant la table, je constate avec joie que nos verres sont enfin arrivés. Heureusement, mon frère qui avait passé commande pour moi me connait bien: il sait qu'un Coca suffit à mon bonheur. J'estime en avoir grandement besoin pour me remettre de mes émotions si bien que j'engloutis ma boisson sans me méfier. Un haut-le-cœur m'envahit soudainement: c'est infect et ce truc me brûle la gorge ! Je renifle ce liquide douteux et constate comme je le craignais la présence d'une forte odeur d'alcool.
J'engueule mon frère mais celui-ci m'assure avoir bien commandé un simple Coca, à la réflexion j'admets qu'il a surement raison sachant qu'il n'est pas le genre de personne qui ferait boire sa petite sœur.
Un malheur n'arrivant jamais seul, la batterie de mon téléphone est à plat. Heureusement j'ai toujours un bouquin sur moi pour parer aux moments d'ennuies comme celui-ci. Je le sors mais me ravise en le cachant sous la table lorsque j'aperçois le regard furieux que m'adresse mon frère. Sans doute a-t-il honte de moi et de mon comportement, je suis sur qu'il regrette de m'avoir emmené ici tout autant que je regrette d'être venue.
J'envisage une courte seconde de rentrer chez moi mais je ne sais même pas si le métro fonctionne encore ni qui je pourrais croiser là-dedans à cette heure tardive. Assoiffée et dépitée à l'idée que cette soirée s'éternise je décide d'intervenir auprès du serveur au sujet de mon verre saboté.
Je me glisse entre les clients qui étonnamment près du bar sont majoritairement des clientes. Je sens leur regard accusateur se poser sur moi. Heureusement, l'endroit est si petit que je suis déjà contre le comptoir. J'interpelle le barman occupé à boire joyeusement un shot avec une cliente aux cheveux décolorés et aux seins débordant de vulgarité.
- Excusez-moi ! Vous m'avez servi un whiskys-coca or j'ai demandé un coca tout simple... Je suis mineur.
- T'inquiet, ça m'a fait plaisir dit-il en m'adressant à peine un regard.
- Comment ? Non je ne veux pas vous remercier. Je veux juste un coca. Un coca nature sans...
Je n'ai pas le temps de finir ma phrase qu'il s'approche subitement de moi en pestant :
- Putain ! Quelle casse couille celle-là ! Tu devrais être contente que je t'ai servi ça !
Je tombe des nues face à la façon dont il me parle. J'aurai pu riposter en l'insultant ou même lui jeter mon verre à la figure, mais face à ses yeux vert hypnotique, ses bras débordant de tatouages et son charme improbable je me sens aussi timide qu'une fillette de huit ans.
- Pardon ? J'aimerais que vous me le changiez réussissais-je simplement à articuler.
- Hey ! Il y a un problème ? perce la voix de mon frère au-dessus de la musique et du brouhaha des autres clients.
- Elle est avec toi ? Depuis quand tu ramènes ce genre de fille ? s'étonne le tatoué.
- C'est ma sœur abruti ! fulmine Will en se glissant jusqu'à moi.
- Ho je vois.
Je me retourne subitement vers lui essayant d'interpréter l'expression de son visage: "Ho je vois" avec ce genre de phrase tout est dans l'intonation. Se moquait-il de moi en disant cela? Sûrement.
- A quelle heure tu finis ? enchaîna Will en s'adressa à lui d'une façon radicalement plus gentille.
Aux vues de leurs échanges, je devine que mon frère le connait bien. Rien d'étonnant mon frère a toujours eu de sales fréquentations.
- Pourquoi ? demanda "monsieur j'insulte les clients sans raison" sur un ton nonchalant tout en portant son attention sur la pyramide de verre de shooter qu'il s'amusait à empiler.
- On voulait aller au 40/40, on ne pourra pas rentrer dans cette boite sans toi.
- Non c'est sur, surtout avec elle ! Esclaffa-t-il en me désignant du doigt alors que je suis pratiquement en face de lui.
- Non, elle ne vient pas. Elle n'a pas encore 21 ans.
- Si j'ai bien retenu une chose en vivant ici, c'est que les Américains enfreignent tous cette stupide règle.
J'en conclus qu'il n'est pas d'ici, je m'étonne d'ailleurs de ne pas avoir remarqué avant son accent anglais qui à présent me saute aux yeux. Je ne supporte pas les clichés, il doit surement penser que tous les jeunes Américains se promènent avec une fausse carte d'identité pour faire croire qu'ils ont vingt-et-un ans passés.
- Tu regardes trop la télé grognai-je tout bas.
M'a-t-il entendu ? En tout cas, il se met à m'observer avec attention des pieds à la tête. Je déglutis, j'ai l'impression que son regard sonde mon corps aux rayons X comme s'il me voyait nu ou pire comme s'il pouvait voir à l'intérieur de mon âme.
Il finit par ajouter avec un sourire au coin des lèvres:
- Ok, mais elle vient avec nous. J'ai besoin de m'amuser et ça sera du grand spectacle.
- Me voir refoulée à l'entrée c'est ça que tu appelles du grand spectacle ? m'indignai-je en levant les yeux au ciel.
- Sache miss emmerdeuse qu'avec moi tout le monde rentre me chuchote-t-il en s'approchant tellement près de mon visage que je peux sentir le souffle chaud de sa respiration contre mon cou.
Je suis surprise par ce rapprochement, mais ça ne devrait pas m'étonner, il parait que les Européens font ce genre de truc dégueulasse comme faire la bise à de parfaits inconnus.
Ma stupéfaction est d'autant plus grande qu'à peine eut-il fini sa phrase, je l'aperçois grimper sur le bar un mégaphone à la main, toussoter dans celui-ci pour s'assurer de son fonctionnement et s'écrier avec délectation:
- Ok tout le monde on ferme! Tout le monde dehors !
Je crois immédiatement à une blague mais il insiste. Les gens comprenant qu'il ne plaisante pas râlent quelque peu et commencent à déguerpir.
C'est la première fois que je vois ça. Je ne sais pas si c'est la tradition à New York mais à Pittsburgh aucun bar ne ferme à vingt-deux heures un samedi soir surtout de cette façon.
- Aller tout le monde dehors ! adresse-t-il aux derniers clients alcoolisés qui tenaient à peine debout.
- Tu n'as pas des horaires à respecter ? Lui demandai-je inquiète à l'idée qu'il se fasse virer.
- C'est moi le patron, je fais ce que je veux ! Ici et dans tout New York me dit-il très sérieusement.
Lorsque j'annonce au groupe mon désir de rentrer alors qu'on sortait tous de bar. Ce prétentieux ne lâche pas l'affaire et insiste pour que je vienne. Excusez-moi, "insister" est un mot faible "chantage" est davantage approprié à la situation.
- Harry ce n'est pas une bonne idée ! me défendit mon frère alors que tout le monde m'encourageait à venir avec eux.
- Alors hors de question qu'on aille là-bas !
Bon sang, je n'ai jamais vu autant d'arrogance réuni dans un seul type ! Me voilà obligée de venir avec eux face à l'insistance générale autour de moi.
Tout cela à cause de lui... Harry, ce sale type s'appelle apparemment Harry. Est-ce son vrai nom ? Je ne sais pas mais ce prénom de tête couronnée lui va comme un gant: il se prend pour le roi du monde mais en réalité je peux vous le dire il est sans conteste le prince de la connerie.
✎ Mona.a
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Mona.a
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Never out of Styles
FanfictionEtre publié, c'est le rêve de tout écrivain et j'étais prête à tout pour le réaliser. Les éditeurs voulaient du sulfureux. "Le sexe c'est ce qui fait vendre" m'ont- ils dit. Problème, écrire sur un sujet pareil était loin d'être ma spécialité mais...