─ Pdv de Joey ─
Savez-vous qu'il n'existe quasiment aucun équivalent au mot "Amour" quand on veut désigner le sentiment amoureux ? J'aime les lasagnes et la glace à la vanille mais pas au point de leur rester fidèle pour l'éternité. J'aime mes parents sans pour autant vouloir vivre avec eux. J'aime les livres et même si je couche souvent avec... Oubliez,c'est un mauvais exemple. Tout cela pour vous prouver qu'il existe une infinité de sortes d'amour mais un seul mot pour le décrire. C'est à croire que ces glandus d'académiciens de la langue anglaise n'étaient pas très portés sur le sujet d'autant plus que curieusement, il existe une ribambelle d'expressions désignant le sexe masculin :
Pénis, sexe, verge, queue, bite, zizi, zob, quéquette, popolle et j'en passe ...
Autant de mots pour une chose si insignifiante d'intérêt... Malgré toutes ces expressions que j'ai consciencieusement répertoriées aucune ne me convient au point que j'éprouve à présent l'envie de jeter mon dictionnaire des synonymes. Je peux me contenter de le balancer par la fenêtre parce que contrairement à certain je ne me permettrai jamais de m'en débarrasser dans une poubelle... Quand j'y repense je suis encore plus énervée. Ce type est vraiment d'un toupet !
Grr, qu'on ne me parle plus de lui !
- C'est toi qui en parles tout le temps souligne ma conscience.
Saloperie de conscience !
D'ailleurs en y repensant, le livre que j'ai récupéré là-bas pend toujours au-dessus de l'évier de la salle de bain sur l'étendage là où pendent habituellement mes culottes.
Grr, qu'on ne me parle plus de culotte aussi !
Je me lève et récupère mon livre sinistré. Il est presque sec mais tout corné et empeste la bière...
La poisse ! J'espère que Monsieur Daniels ne m'en voudra pas de lui rapporter son livre dans un si mauvais état. Monsieur Daniels c'est mon patron, un vieux monsieur grognon je lui fais la lecture, le promène dans Central Park, écoute ses histoires rocambolesques et plein d'autres choses bien moins fun dont je vous épargnerai les détails. Il semble supporter exclusivement ma présence, il dit que je n'ai pas mon pareil pour décrire le monde autour de moi. Heureusement pour moi ce petit vieux est quasiment aveugle, ce qui m'arrange considérablement puisqu'en plus de me payer pour être ses yeux cela signifie qu'il a peu de chances de découvrir pour le livre.
Je me replace face à l'ordinateur pour continuer à écrire. Les cinq misérables phrases qui s'affichent sur l'écran semblent me narguer ouvertement. Je prends mon courage à deux mains et me replonge dans cette histoire sans queue ni tête :
" Adonis se retourna et empoigna Esmeralda fougueusement. Celui-ci fit alors surgir son..."
Crotte! Faut-il vraiment nommé cette chose ? Je décide finalement d'employer le terme le plus neutre possible et reprends :
" ... surgir son membre dressé qui pénètre sa partenaire sans crier gare faisant hurler cette dernière de plaisir."
Voilà, c'est fait ! Soufflai-je avec soulagement. Le fait que mon héroïne couche avec un type dès le premier chapitre me laisse toujours perplexe... Mais bon au moins elle le fait dans les toilettes d'un bar ! Grr, qu'on ne me parle plus de bar !
Je me relis, j'ai beau retourner les phrases dans tous les sens, chercher des synonymes de "copuler", "zézette" et compagnie dans le fond je reste persuadée que ça n'y changera rien. En toute objectivité Passion Dévorante est un navet de première catégorie. Le genre de livre qu'on trouve au fond d'un vieux grenier ou sous le pied d'une table branlante... Je n'aurais qu'à passer un exemplaire à Harry afin qu'il l'utilise à cet usage !
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Never out of Styles
Fiksi PenggemarEtre publié, c'est le rêve de tout écrivain et j'étais prête à tout pour le réaliser. Les éditeurs voulaient du sulfureux. "Le sexe c'est ce qui fait vendre" m'ont- ils dit. Problème, écrire sur un sujet pareil était loin d'être ma spécialité mais...