Je franchis la porte d'entrée, me sentant observée. Mal à l'aise, je sens mes joues rougir encore plus qu'elles ne l'étaient il y a trente secondes. J'essaie de calmer mes palpitations, mais mon cœur bat tellement vite que j'ai l'impression que Peeta peut l'entendre.-Tu veux peut être quelque chose à boire, à manger ? me demande-t-il en me regardant dans les yeux.
-Non, merci, je réponds timidement, en regardant par terre.
Je me rends alors compte que j'ai la gorge très sèche. Je n'ai pas bu un seul verre d'eau depuis hier midi.
-En fait, je prendrais bien un thé.
Un petit sourire apparait alors au coin de sa bouche.
-D'accord, pas de souci. Viens.
Je le suis dans la salle à manger. Je m'aperçois qu'il y a des cartons un peu partout.
-Je suis en train de réaménager ma maison, alors désolé pour le bazar, dit-il en faisant chauffer l'eau.
Depuis la dernière fois que je suis venue ici, rien n'a vraiment changé. Dans le séjour, il y a un chevalet, avec une toile blanche, intacte. Des tubes de peinture sont disposés sur le petit rebord. Un grand feu dans la cheminée chauffe la maison froide et vide.
J'essaie de me souvenir de la vie que nous menions avant la rébellion. Je me souviens d'un Peeta fort, aussi bien mentalement que physiquement, traumatisé par une enfance difficile, généreux, gentil, toujours serviable. Joyeux, souriant.
Je tourne vivement la tête et vois Peeta en train de me regarder intensément. Lorsque mon regard croise le sien, il l'évite. Je sens mes joues rosir à nouveau. J'essaie d'arrêter de le regarder, mais mes yeux sont comme attirés comme des aimants par les siens. Il me tend la tasse de thé chaud.
-Merci, je murmure.
Je prends une gorgée de thé chaud. La sensation de chaleur du liquide qui se répand dans ma gorge me fait un bien fou. J'avale la totalité de la tasse en deux minutes. Peeta me regarde avec des yeux ronds.
-Tu n'avales vraiment rien ces temps-ci, je me trompe ?
Je relève lentement la tête vers lui, et je sens ma gorge se serrer. Lui aussi, a l'air fatiguée, exténué. Ses yeux sont soulignés par de grandes poches de cernes. Il a l'air si triste. Mais quand je m'applique, je vois dans ses yeux bleus le même Peeta que j'ai rencontré quelques années plus tard. Avant que nos vies basculent. Gênée, je me racle la gorge.
-Non, pas vraiment. Je n'ai pas très faim. Ou soif. D'ailleurs...
Il me regarde d'un air interrogateur.
-Quand tu m'as apporté la nourriture, c'était la première fois que je mangeais autant en trois mois. Merci.
Il me regarde, et en quelques secondes son visage impassible s'illumine dans un sourire. Je sens les coins de ma bouche se relever, mais je n'y arrive pas. Non, je ne serais jamais heureuse. Je n'arriverai jamais à sourire sans arrière pensées, je n'arriverai jamais à rire sans penser à ces choses qui me hantent. Et même si j'essayais, je ne pourrai pas vivre sans peur.
-Bon, je vais peut-être y aller. Merci pour le thé, dis-je en me levant de la table.
Peeta se lève à son tour, l'air déçu.
-Déjà ?
-Oui, j'ai des choses...Des choses à faire, je balbutie.
L'air moqueur, il a un léger sourire aux lèvres. Je me dirige vers la porte d'entrée, pour sortir de la maison, lorsque j'entends à nouveau sa voix s'élever derrière moi.
-Katniss ! Attends !
Il me rattrape au pas de course et pose sa main sur mon épaule, ce qui me fait frissonner.
-Viens manger à la maison, demain soir, me propose-t-il d'un ton hésitant.
Mon cœur fait un bond dans ma poitrine, mais j'essaie de ne rien laisser paraître. J'hésite quelques secondes et son expression paraît de plus en plus désespérée.
-Pourquoi pas, dis-je en mettant la main sur la poignée. A demain alors.
Il acquiesce, sourit faiblement, et je sors. Une fois dehors, je prends une grande bouffée d'air frais. Pour la première fois depuis que la guerre est finie, je me sens apaisée. Je décide de rentrer chez moi, et après une bonne douche, je m'endors instantanément lorsque je m'enfouis sous les couvertures.
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Will love find a way?
FanfictionIl est là, dans le village du district douze. Il est là, devant moi. Sa carrure musclée, ses cheveux blonds ébouriffés. Ses yeux bleus océan perçant le jour. Son air gentil, toujours serviable. Son air détruit. Détruit par la vie, tout simplement. ...