La première fois que j'ai posé les yeux sur elle, alors qu'elle était là, blottie contre mon torse en sueur, c'est comme si toutes les choses inexpliquées avaient enfin un sens. C'est comme si le temps s'était arrêté. Ses yeux foncés me fixaient, alors que je sentais les larmes de Peeta couler sur mes doigts, que je passais maladroitement sur ses cheveux mouillés.
« Tout va bien. ». Elle avait alors posé ses yeux sur Peeta, qui ne cessait de répéter qu'il m'aimait. Elle avait doucement fermé les paupières, puis elle s'était endormie.
Alors, Peeta s'était penchée pour m'embrasser, le goût de ses larmes se mêlant au baiser délicat, et c'est alors que j'avais compris.
Le combat en valait la peine.
Au début, j'avais peur. Nous avions peur. Mais contrairement à moi, Peeta arrivait à le cacher. Quant à moi, il m'arrivait fréquemment de me mettre à pleurer. Alors que mon souffle se saccadait, que toutes les horreurs du passé remontaient à la surface, je n'avais qu'à attendre quelques instants avant qu'il ne vienne me voir.
Il se mettait à genoux, essuyait mes larmes. Il me prenait dans ses bras, en silence, et attendait que je me calme. Il m'arrivait alors très souvent de m'endormir, bercée par son odeur et les battements de son cur. Et, à chaque fois, avant que je ne ferme les paupières pour sombrer dans un sommeil paisible, je sentais sa main se poser sur mon ventre.
Moi, j'avais peur de ne pas être à la hauteur. J'avais peur d'être comme ma mère, de la laisser tomber à la moindre difficulté, de ne pas savoir m'en occuper. Peeta avait peur de la blesser, de nous blesser.
Ce que nous ignorions, c'est que sa venue au monde, et sa présence, lorsque je la portais, agissait sur nos blessures respectives comme une pommade. Il y a eu tellement de moments où j'ai eu envie d'abandonner, de partir rejoindre mon père et tous ceux que j'ai perdu, mais je me souvenais alors qu'elle était là, et qu'elle avait besoin de moi.
Comme Peeta. Oui, ça en valait la peine.
La peine de la porter pendant neuf mois, de surmonter ses peurs.
Je me souviens parfaitement de la sensation que j'avais éprouvée au moment où j'ai compris qu'elle allait arriver, que c'était pour maintenant. Bien que je n'eus jamais porté d'enfant auparavant, j'avais eu une sorte d'instinct. J'avais déjà eu des contractions, ces derniers jours, mais lorsque je les ai senties, ce jour là, j'avais compris.
Peeta m'avait regardé d'un air paniqué, mais aussi excité. D'un coup, il avait oublié comment conduire, où étaient les sacs de maternité, il trébuchait dans les escaliers. J'étais attendrie par sa maladresse. Il ne cessait de courir dans tous les sens, tout en me demandant si je voulais un verre d'eau, si j'avais chaud, si j'avais froid, si j'avais mal.
C'est un père formidable.
Pendant plus de dix heures, il est resté à mes côtés. Par moments, il ne supportait plus de me voir souffrir, et fermait les paupières, déposait un baiser sur ma tempe.
J'avais mal, affreusement mal, mais je savais pourquoi. Je savais déjà qu'elle allait compléter notre vie, un peu de la même manière que la pièce manquante d'un puzzle. Je le savais, inconsciemment.
Un jour, elle apprendra pourquoi je fais tant de cauchemars, la nuit. Elle apprendra pourquoi Peeta me regarde quelques fois d'une fureur incontrôlée. Elle saura pourquoi un grand bâtiment a été construit en centre ville, où une liste interminable y est gravée.
Je lui donnerai toutes les réponses dont elle aura besoin.
Mais pour l'instant, c'est une nouvelle venue sur terre.
Bienvenue, Hanaé.
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Will love find a way?
Fiksi PenggemarIl est là, dans le village du district douze. Il est là, devant moi. Sa carrure musclée, ses cheveux blonds ébouriffés. Ses yeux bleus océan perçant le jour. Son air gentil, toujours serviable. Son air détruit. Détruit par la vie, tout simplement. ...