Chapitre 34 - "Te sauver"

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-Bonjour, je viens pour une visite.

La secrétaire médicale, âgée d'une quarantaine d'années, lève lentement le visage vers moi, révélant deux pupilles d'un bleu pur. Tout en me dévisageant, elle met une mèche de ses cheveux bruns derrière l'oreille.

-Bonjour, dit-elle enfin.
-Je viens voir Adam Odair, dis-je, mal à l'aise.

Elle attrape un énorme livre en mauvais état, sans me quitter des yeux, puis feuillette lentement les pages.

-C'est au troisième étage, chambre quatre. Vous êtes ?
-Une amie de sa maman.
-Votre nom, je veux dire.
-Oh..., dis-je, le teint rosi. Katniss Everdeen. Je suis une amie d'Annie Odair.

Annie et moi avons décidé de nous relayer. J'y vais le matin, elle l'après-midi. Elle est épuisée.

Les yeux de la femme se trouvant devant moi s'illuminent, et elle m'adresse un faible sourire.

-Enchantée, bégaie-t-elle en me tendant sa main dodue.

Je lui offre une poignée de main, lui rend un aimable sourire tout en essayant de résister à l'idée de m'enfuir à toutes jambes.

Cette femme m'a reconnue, cela ne fait aucun doute. Depuis que la guerre est finie, les gens me considèrent comme leur héroïne, ce qui a le don de me laisser perplexe, mais surtout très embarrassée.

Tout en montant à l'étage trois, je compte les heures restantes avant l'arrivée de Peeta dans le district. J'espère que les médecins ne l'ont pas retenu. Il a sûrement dû signer une décharge, du moins je l'espère.

Je rentre doucement dans la chambre, après m'être vêtue d'une tenue stérile.

Je marche vers le lit à barreaux, et m'assois sur la chaise posée à côté. C'est une chambre modeste. Les murs sont peints en beige, et une multitude de machines médicales sont branchées un peu partout.

Adam est allongé là, immobile, un masque à oxygène paraissant immense posé sur son visage. Sa poitrine se soulève doucement. Quelques mèches de ses cheveux blonds me restent dans les mains lorsque j'y passe mes doigts habiles, à cause de la chimio qu'ils lui ont injectée quand il est arrivé aux urgences.

A ses côtés, j'essaie de retenir mes larmes. Lui, si jeune, si frêle, si fragile, si innocent. D'abord, orphelin, maintenant, malade. Si je le pouvais, je le sauverais de cet hôpital empestant la maladie, le malheur, et le chagrin. Si je le pouvais, je détruirais toutes les cellules cancéreuses présentes dans son sang. Si je le pouvais, je ramènerais Finnick sur terre.

Mais je me contente d'être là, impuissante, serrant ses petits doigts dans les miens, essayant avec vigueur de retenir chaque trait de son visage.

Je ne sais pas s'il s'en sortira, mais si c'est le cas, je suis sure d'une chose : ce sera un battant.

Parce que même si la peine semble insupportable, tout ce qui ne tue pas rend plus fort.

-Maman ne sait pas ce qu'elle doit faire, tu sais.

Le silence qui suit est plus douloureux que jamais. Il pourrait ouvrir ses grands yeux verts, me regarder avec sa malice habituelle, mais au lieu de ça, il demeure immobile.

Dans ce lit, beaucoup trop grand pour son corps fragile.

-La vie est injuste, je murmure en essuyant une larme au coin de mon œil.

Je pose ma main sur son petit ventre un peu moins rebondi qu'il y a quelques jours, le sentant se soulever doucement à chaque fois qu'il prend son souffle.

Will love find a way?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant