-Haymitch ! je m'écrie avant de claquer la porte.
Je rentre dans le salon, et le cherche des yeux. Le sol et jonché de bouteilles d'alcool vides, de vêtements sales. Il est dans la cuisine, affalé sur la table, une bouteille à moitié vide dans la main, un couteau de poche dans l'autre. Il sent l'alcool à plein nez. J'enlève délicatement la bouteille de ses mains et la pose sur le plan de travail.
-Haymitch ?
Je sens une boule se former au fond de ma gorge, alors que j'ai l'estomac noué d'angoisse.
-Haymitch, s'il te plaît, je supplie. Peeta n'est nulle part. J'ai besoin que tu m'aides.
Mais il ne bouge pas d'un pouce. Je vérifie son pouls, qui est lent et régulier.
Découragée, je m'empare de la bouteille que j'ai posée sur le plan de travail. Je jette un dernier coup d'œil en la direction d'Haymitch, et il dort toujours paisiblement, probablement sous l'emprise de l'alcool.
Lorsque je sors, une bourrasque de vent provoque immédiatement un frisson que je ressens de la tête aux pieds. Dehors, il pleut des trombes d'eau. Mes cheveux sont trempés en quelques minutes, et mes mains se refroidissent. Je resserre mes doigts engourdis par le froid autour de la bouteille.
Je me dirige tant bien que mal dans la direction de la maison de Peeta. J'entre, et ferme la porte, pouvant enfin apprécier le silence. Je vide le contenu de la bouteille dans l'évier et m'assois contre le mur. Cela fait maintenant une semaine que l'attaque de Peeta a eue lieu.
Bientôt, mes joues sont trempées. Pas d'eau de pluie, mais de larmes. Je peine à reprendre ma respiration, et tente de me calmer, mais c'est impossible. Alors, je prends une décision : aller chercher Peeta.
Faible sur mes jambes, je prends la direction de la forêt. Je n'ai pas mangé depuis deux jours, et j'ai l'impression qu'elles pourraient lâcher d'un instant à l'autre.
J'inspire l'odeur de sapin et de terre mouillé à plein poumons, en essuyant les larmes qui coulent encore sur mes joues. Je marche, sans savoir où je vais. Je n'ai aucune idée d'où Peeta peut se trouver.
Je me mets à courir sous la pluie, et trébuche sur une pierre. Je tombe par terre, et remarque quelques égratignures sur la paume de ma main. Je me relève tant bien que mal, rassemblant mes forces dans un dernier effort, et continue de courir. Cet endroit me rappelle mon père, peut être un peu trop.
Les grands arbres, où s'abritaient les geais moqueurs. Sa voix, qui résonnait dans le silence qu'il leur imposait. La mélodie qui se répétait, encore et encore, comme un écho. Ses yeux rieurs, guettant les animaux dans la forêt. Son pas sûr et silencieux, son air courageux.
S'il y a une personne dont j'ai besoin maintenant, c'est lui. Mais il n'est pas là. Il n'est pas là, et je suis là, seule, trempée jusqu'aux os, perdue, désespérée.
Je ne peux plus supporter cette vie, je ne peux plus supporter ce manque. Mes jambes commencent à trembler à nouveau, mon rythme cardiaque s'accélère, et je laisse mon corps tomber au sol. Avec tous ces souvenirs qui me paralysent, une mélodie me revient en tête. Alors, je commence à chanter.
«Sous le vieux saule,
Au fond de la prairie,
L'herbe tendre te faite comme un lit
Allonge-toi,
Ferme tes yeux fatigués
Quand tu les ouvriras,
Le soleil sera levé »
Je suis secouée de soubresauts, mais je continue dans ma lancée, sentant mon corps s'affaiblir un peu plus à chaque parole.
« Il fait doux par ici,
Ne crains rien Les pâquerettes éloignent les soucis
Tes jolis rêves s'accompliront demain
Dors, mon amour, oh, dors, mon tout petit.
Tout au fond de la prairie, à la brune,
Viens déposer tes peines et ton chagrin
Sous un manteau de feuilles au clair de lune,
Tout ça s'oubliera au petit matin.
Il fait doux par ici, ne crains rien
Les pâquerettes éloignent les soucis.
Tes jolis rêves s'accompliront demain.
Dors, mon amour, oh, dors, mon tout petit. »
Au dernier couplet, je sens mes paupières s'alourdir, puis se fermer. Les battements de mon cœur ralentissent. Je ne sens plus que la pluie sur ma peau fine. Je vais enfin pouvoir rejoindre mon père et Prim. Enfin pouvoir être heureuse.
Je crois entendre la voix de Peeta qui m'appelle au loin, mais j'ai l'impression que c'est une hallucination.
Je sens son odeur, mais je suis incapable de savoir si cela est réel. Avant de perdre conscience, je parviens tout juste à articuler :
-Reste avec moi.
Et, au loin, je crois entendre dans un murmure :
-Toujours.
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Will love find a way?
Fiksi PenggemarIl est là, dans le village du district douze. Il est là, devant moi. Sa carrure musclée, ses cheveux blonds ébouriffés. Ses yeux bleus océan perçant le jour. Son air gentil, toujours serviable. Son air détruit. Détruit par la vie, tout simplement. ...