Je viens de finir de ranger mes achats. J'entends alors, ma grand-mère m'appeler.
"-Marieme... Marieme, viens!"
Pff, j'ai même pas eu le temps de répondre qu'elle a répété mon prénom. Je descends rapidement, pour voir ce qu'elle veut.
"-Va me chercher le produit pour le linge, là haut."
Ok... Pas de s'il te plaît. Ça m'énerve, tous les adultes, pas que dans ma famille, qui passent leur temps à nous apprendre les bonnes manières et à nous dire que nous sommes malpolis, mais eux, n'appliquent même pas les règles de base de la politesse. Et si par malheur on le leur fait remarquer, on se fait engueuler. Mais bon, "faites ce que je dis, pas ce que je fais."Attends, quoi?! Elle a dit là haut? Quand elle dit là haut, ça signifie au deuxième étage. Je vais donc devoir monter tout les escaliers, passer sur la terrasse alors qu'il fait 38°C. Elle se moque de moi? En plus, j'étais déjà au premier, elle n'avait qu'à me le demander au lieu de me faire descendre pour remonter ensuite. Je prends sur moi une fois de plus et monte lentement les écoliers abruptes et innombrables. J'arrive enfin dans ce qui pourrait être comparable à un grenier, mais qui n'en est pas un. Je cherche des plombes son produit que je retrouve au milieu des cafards. Beurk. C'est pas possible. Les égouts sont en travaux et les maisons ouvertes, il a plu récemment et donc la maison en est infesté. J'en profite pour vaporiser un spray infecte sur ces bestioles qui courent se cacher dans des recoins sombres et inaccessibles. Enfin, je redescends.
Je la vois en train de crier sur la bonne. Je crois qu'elle a décoloré un des mes tee-shirts et un pantalon de la maîtresse de maison. Perso, ce n'était pas un très sophistiqué ou important, donc ce n'est pas très grave. Bref, la morale n'en finit pas. Ce n'est pas que je m'ennuie, mais j'ai l'air débile avec la bouteille à la main, plantée devant la cuisine, assistant à une remontrance. Je vois mon aïeul qui me jette un coup d'oeil. J'en déduis que je dois poser la bouteille, ce que je fais avant de partir. Elle ne le remarque pas, occupée à crier. Je pars direction ma chambre. 10 minutes plus tard, je l'entends encore crier. Elle ne s'arrête donc jamais? Puisqu' apparemment, c'est sur moi qu'elle crie, je descends une fois de plus. Je vais avoir droit à une engueulade, mais franchement, je ne vois pas pourquoi.
"-Tu pouvais pas attendre que j'aie fini de parler à la bonne pour poser le produit, tu crois que je suis ta chienne? Je suis l'esclave de personne moi! Je suis pas ton égale. C'est irrespectueux. Tu ne poses pas là comme si je te gavais. Tu attends que je finisse de lui parler pour me le donner! Tu n'as rien à faire de ta journée, tu peux attendre 2minute! Je rêve!"
Pour bien finir sa tirade, elle m'adresse un tchip réprobateur. J'ai bien envie de lui répondre que j'aurais dû attendre 10 minutes et non 2 comme elle dit. En plus, je ne vois pas en quoi c'est irrespectueux, je n'allais pas attendre 15 ans pour ça. Déjà que je suis allée la chercher et qu'elle ne m'a pas remerciée. Et elle continue de me crier dessus. Je la laisse se défouler puisque riposter ne ferait qu'empirer les choses. Je trouve ça vraiment injuste tout de même. Elle a enfin fini et me congedit sèchement. Bien. Mais bon, demain,j'ai une compétition plus loin dans Dakar.
***
J'ai revêtu mes affaires de sport. Ma tante a besoin de la voiture, donc nous y allons en bus. Plus précisément, en car rapide. Ce sont des bus colorés, comprenant de bancs à l'intérieur, en bois. Le car prend les passagers aux arrêts (ou pas). Il y a un jeune homme accroché à l'échelle à l'arrière du bus, qui se tient et reste à l'extérieur. Il est chargé de récupérer les pièces des passagers. L'échelle permet de monter sur le haut du car, d'y mettre ses bagages, et parfois, des gens. Ils sont très vieux pour la plupart, si ce n'est la totalité. Le gouvernement a mis en circulation de nouveaux bus, mais ils s'abîment très vite à cause du sable et des impayés. Ils sont brinquebalants et penche souvent sur un côté. Bref, ils ne vous donnent en aucun, mais alors en AUCUN cas envie de monter dedans. Et pourtant, j'y suis obligée.
Nous nous rendons à l'arrêt. Il arrive quelques minutes plus tard. Bon, déjà, il n'est pas trop chargé et je peux garder mon sac. On paye. Je vais m'asseoir au fond, en espérant que le voyage ne soit pas trop long, car je suis mal installée.
Ce fut un voyage des plus agréables. Nan je déconne. Déjà que je n'aime pas le bus, ni les longs trajets, mais en plus en CAR RAPIDE! J'ai cru mourir 4 fois, tant la conduite était désagréable et la route longue. La route est abîmée et tout le bus sursaute à chaque crevasse. Il n'y a pas d'amorti, que ce soit pour le bus ou pour moi. Mes fesses en ont pris un coup. Et dire que les pros ont droit à un massage et une séance de kinésithérapie avant chaque compet'! Moi je vais avoir droit aux bleus!!!! En plus, le chauffeur s'est cru dans le Paris-Dakar, il a fait la course à tous mes chauffeurs et des queues de poisson toutes les deux secondes. Bref, je ne vous conseille pas ce moyen de transport, mais au moins j'ai testé.Ce n'est pas comme si je n'avais pas pu prendre un des 500 milliards de taxis qui composent ma flotte automobile sénégalaise, non, pas du tout! Ma grand-mère a décrété que je dois savoir ce qu'est la vraie vie des vrais sénégalais. Je peux vous dire que le taxi en fait partie mais bon !
Bref, c'est avec un morale refroidi et un mal au derrière que j'arrive sur la piste. Elle est très simple, 8 couloirs tracés à la craie.
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Du Bout des doigts
General FictionMarieme est une jeune ado qui ne vit que pour le sprint, pourtant, sa mère l'oblige à vivre pendant 3mois au Sénégal, son pays natal, pour qu'elle apprenne ce qu'est la vraie vie....