Chapitre 27 : Podiums et bouquets de fleurs

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Les dernières notes de La Marseillaise résonnent dans la salle. Ça y est. C'est la fin. Dire que cette Marseillaise est pour moi et que je suis sur la première marche du podium. Je vois une dame s'avancer, tirée à quatre épingles. Elle porte un coussin violet, sur lequel est posée une médaille. En bronze. Elle est pour l'Américaine. La président du comité lui passe autour du coup, après une ferme poignée de main. Elle a droit à un bouquet de fleurs. Vient ensuite le tour de l'Anglaise. Médaille d'argent, poignée de main, bouquet de fleurs aussi. C'est à moi. Je la vois s'avancer avec une médaille d'or. Plaquée or plutôt. Je me baisse légèrement quand il me la place autour du coup et me serre la main. Je rayonne. J'ai le droit à mon bouquet aussi et un nounours. Je suis sûre que le bouquet ira très bien dans la chambre de Jeanne. Ça va lui remonter le moral. J'espère.
Ensuite, des photographes font des photos. Les filles montent sur la première place et on fait encore une photo. Voilà, c'est fait.

Juste après vient le tour des garçons. L'hymne national anglais retentit. Je vois tout de même Djibril, souriant, sur la deuxième marche. D'autres hymnes retentissent quand nous sommes appelées encore une fois. J'ai l'honneur pour la deuxième fois consécutive d'entendre La Marseillaise sur la plus haute marche. Je suis fière. Le drapeau français s'élève dans les airs. Je lutte contre les larmes. C'est seulement maintenant que je réalise vraiment que j'ai les deux titres mondiaux. Je vois mes proches dans les tribunes. Ma mère m'a même dit qu'elle était fière de moi! Je regarde avec fierté ma médaille.

Quelques minutes plus tard, c'est le tour de l'hymne sénégalais de retentir. Et oui, Djibril a remporté le 200 mètres hommes. Je suis fière et contente pour lui. Khalife aussi. Je pense que ses espoirs se réalisent. Il a un sourire accroché aux lèvres. Ça me fait chaud au coeur.

J'ai longtemps hésité à courir pour le Sénégal. C'est mon pays d'origine et c'est là-bas que mon parcours a pris un véritable tournant. Pourtant, je ne me voyais pas vivre là-bas, m'entraîner là-bas, etc. Et je trouve ça hypocrite de courir pour un pays mais de s'entraîner dans un autres. J'aime beaucoup le Sénégal, mais ne me vois pas y passer l'année. Je ne sais pas pourquoi, c'est comme ça. Ma vie est en France je pense. Mon cœur appartient aux deux pays.
Mais je suis fière que Djibril ramène 2 médailles. Ça aurait été un plaisir pour moi de porter ce survêtement vert. Je ne regrette pas. La lumière est quand même sur ce pays, grâce à Djibril et Khalife. Une chose est sure, c'est que j'y ai appris énormément de choses.

Cette fois-ci, le podium est plus large. C'est l'hymne national américain qui retentit. Nous sommes à la droite des premières, sourires aux lèvres. Nous somme fières de notre performance. Le triplé sera pour la prochaine fois. Nous recevons nos médailles. Antoine nous couve du regard.

Il me reste une photo à faire avec mes trois médailles paraît-il. Je ne sais pas trop à quoi ça sert, mais je le fais quand même. Sauf quand le photographe me demande de prendre la pose. What?! Je ne suis pas mannequin, alors qu'il se calme le coco là ! En plus, il veut que je reproduise la pose dans les starts. C'est ri-di-cule et cliché. Antoine me salue de la main. Euh... Je ne comprends pas tout là. On dirait Kate Middle.. Ah mais oui, bien sûr !! Je salue le photographe comme une miss, bien que je sois un survet. Ça me faire marrer de voir la tête des gens. Ils ne comprennent rien. Tant pis.

J'ai passé une bonne nuit réparatrice, mais maintenant, je dois me lever. Je regarde le lit vide à côté de moi, avec un soupçon de peine. Elle est encore à l'infirmerie. Elle a souhaité rester jusqu'à la fin du championnat, pour nous soutenir, mais elle a dû rester à l'infirmerie. Je lui ai apporté un bouquet et un nounours, ça l'a bien fait rire, mais ça lui a fait plaisir aussi. Aujourd'hui, c'est la cérémonie de clôture. Encore quelques animations divertissantes pour le public, des remerciements des nations, et enfin, le départ. Le bus, puis l'aéroport.

Je monte me coucher directement en arrivant chez moi, sans prendre le temps de monter ma valise. Je m'écroule sur mon lit pour ne me réveiller que 2 heures plus tard. Je descends et trouve la surprise d'un mot posé sur la table. Il est de ma mère. "Ton repas est dans le frigo. Je suis fière de toi. Passe une bonne journée." Hum, d'accord. C'est la première fois qu'elle me passe un mot, mais je suis contente qu'elle y ait pensé. Elle est déjà au travail, car elle doit rattraper le temps où elle est venue me voir en Afrique du Sud. Je vais dans la cuisine, et prend mon repas sur la table du salon. Je remarque une photo, en passant devant un meuble. C'est une photo de moi, sur le podium du 100 mètres. À côté, mes médailles sont disposés dans une vitrine en verre. Elle a fait ça vite, ou alors, elle en avait déjà une. Elles sont toutes là. Du championnat départemental, au championnat du monde. Mais il n'y a pas celles du 200 mètres.

Je trouve un autre mot. Décidément. Il est de mon père cette fois.
"Coucou ma puce. Ne t'inquiète pas, c'est moi qui ait tes médailles du 200. J'espère que ça ne te dérange pas, mais moi aussi, je voulais exposer ton succès. (N'importe quoi lui). On a imprimé beaucoup de photos. Tous tes grands-parents vont en avoir, jusqu'au Sénégal. J'en ai aussi. Elles sont posées sur le meuble. Nous sommes fiers de toi. Bisous"

Mon père me fait trop rire avec son exposition de mon succès comme il dit. Je me mets en quête des fameuses photos et je les trouve pas loin. En effet, il y en a beaucoup. Des photos de moi, et des filles. De moi et d'Antoine. De moi et de l'équipe de France. De moi pendant les cérémonies et remises des médailles. Il y en a pendant l'entraînement, pendant les courses. Au départ, au milieu, à l'arrivée. Zoomées, lointaines, de côté, de face... Ça me rappelle plein de bons moments, même si je sais que je n'ai pas besoin de photos pour me souvenir. Ça restera à jamais dans ma tête.

Du Bout des doigtsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant