Je tiens à préciser que ce chapitre ne respecte ni les dates des championnats et des qualifs, ni le déroulement de ces événements.
Ça fait plusieurs mois que je suis à l'INSEP. Ça se passe toujours merveilleusement bien. Il arrive que nous vomissions à l'entraînement tellement c'est éprouvant, mais nous sommes toutes heureuses d'être là. Quelques compétitions sans importance se sont déroulées. J'ai gagné les 100 mètres et un 200 mètres. Néanmoins, je me suis rapprochée de Jeanne sur cette course. Merci Khalife. Nous avons commencé à travailler sur le relais 4×100 mètres. Nous travaillons dur pour nous qualifier. Même si c'est une discipline individuelle, l'équipe de France est soudée, même dans des disciplines différentes. Le 4×100 est exigeant. Il faut tout donner (comme tout le temps) non seulement pour soi, mais aussi pour les coéquipières. On ne peut pas abandonner ou se relâcher. Nous n'avons pas le droit à l'erreur. On court pour nous mais aussi pour les autres. C'est à la fois stressant et stimulant. Je suis la dernière dans le relais. On compte sur moi pour rattraper si l'équipe a de l'avance c'est de ma faute si on perd au final. Si elle a du retard on compte sur moi pour le rattraper. Jeanne court en premier. Mia en troisième et Anaïs, une autre fille, en deuxième. Manon n'est pas qualifiée.
C'est exigeant, il faut partir un peu avant, pour s'élancer, mais ne pas dépassé la zone de transmission du témoin. Il ne faut pas le faire tomber. Et encore, moi je ne dois pas le donner à quelqu'un, mais les filles doivent faire l'effort jusqu'au bout. On s'est entraînées sans relâches. Et au final, nous sommes championnes de France avec un nouveau record!!! Le prochain objectif est le championnat d'Europe.
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Avec les filles, nous nous heurtons à un problème jusqu'alors inconnu pour nous: le contrôle anti-dopage. Enfin, quand je dis un problème, ce n'en est pas un puisque l'on ne prend pas cette merde. Je trouve ça désolant que des gens qui se disent sportifs osent tricher de cette manière. C'est affligeant et dégradant pour le sport, le pays et l'entourage. Mauvais coup de pub, qui donne une mauvaise image d'un sport à cause d'une personne. Je pense que si l'on est pas au niveau, il faut juste attendre, se perfectionner. On travaille dur, des années, pour atteindre notre objectif. Ce n'est pas pour se tuer la santé. Il n'y a rien de gratifiant ni de glorieux dans une victoire sale, non méritée. On devrait suer nos efforts plutôt que de la dope. On court parce qu'on est passionné(e-s), que ça représente les chances et les choix d'une vie, ce n'est pas pour tout gâcher avec ça. Vous imaginez, une carrière basée sur le mensonge? C'est révoltant et méprisable. Si tu n'es pas le meilleur, fais en sorte de t'améliorer, jour après jour, de travailler plus, de courir plus longtemps, de manger mieux, de faire plus d'exos... Mais ne prends pas de drogue!! Tu sais ton sport et tu te salis toi-même !
Enfin bref, nous avons fait ces contrôles avant la course, dans les toilettes, avec votre urine.C'est déstabilisant de se savoir soupçonnée quand on sait que l'on a rien à se reprocher. C'est comme ça. Nous sommes toutes en état de stress. C'est nouveau pour nous de courir avec l'équipement de la France, de se déplacer en bus, d'être avec tous les autres sportifs, comme les pros !! C'est plaisant en tous cas, ça fait du bien à notre ego !!
La compétition a lieu en Espagne. Sous la chaleur. Génial. Elle dure seulement 4 jours. Les qualifications se déroule sans accro pour moi comme pour les filles. L'anglaise est là. Les anglaises sont là en fait. Ce sont nos ennemies principales, selon notre coach, Antoine. Nous ne nous décourageons pas, malgré leurs physiques impressionnants. Leurs muscles sont beaucoup plus développés, leurs veines ressortent, waouh. Nous croyons cependant en nos capacités. Notre but est de ramener les médailles d'or. Nous comptons bien nous y tenir. Un seul problème: si nous arrivons, nous allons être ennemies numéro 1 aux JO. Tant pis.Nos kinésithérapeutes, (je dis "nos" mais c'est ceux de tous en fait), nous massent. Ça nous fait du bien et notre corps nous en remercie.
Le lendemain, c'est la final du 200m. La demi a eu lieu le matin même et là, merci à nos kinés. Je suis sur la ligne. Cette fois-ci, je dois montrer le progrès que j'ai fait. Seules Jeanne et moi sommes qualifiées. J'ai prévenu Jeanne que je ferai tout pour gagner et elle m'a répondu que ce serait la même chose pour elle. Je souffle. "Prends ton temps, vide toi la tête de tout ce qui est superflu pour cette course. Cours, sans réfléchir. Tu connais cette piste par cœur, alors fonce." Les conseils de Khalife tourne t en boucle dans mon esprit. J'attends le coup de départ sagement. Je m'élance. Départ correct. Je garde la tête baissée je tends mes muscles et tire sur mes bras. Le tournant arrive. Ne me penche très légèrement mais ne ralentis pas. Quand on sort du virage, je sais que je ne dois rien lâcher. Mes muscles s'étendent, j'ignore l'acide lactique qui monte. Je tends le bras, les jambes, je me stoppe difficilement. Je vois Jeanne me prendre dans ses bras et me dire "Bravo". L'anglaise aussi. On me tend un bouquet, un drapeau de la France. Je dois faire des photos. Je tente de sourire, ça ressemble plus à une grimace. Jeanne se met à mes côtes, on fait une photo sous notre drapeau. J'ai fini première, l'anglaise deuxième et Jeanne troisième. Je suis fière.
Aujourd'hui à lieu la final du 100m. Le 100 mètres dure une douzaine de secondes. Alors là, le conseil de Khalife est " sprint colle une gazelle qui a le lion aux fesses". Merci. C'est ma spécialité alors je vais me démener. Je dois avoir cette qualification pour les JO. J'ai une promesse à tenir. J ne me souviens plus de la course à partir du moment où mes pieds sont des les starts. Après, trou noir. Je voyais la ligne d'arrivée et les Jeux. Je ne me souviens plus d'avoir passé la ligne d'arrivée. Je ressens juste l'allégresse d'avoir fini en tête. Une autre anglaise derrière moi. C'est tout. Je me souviens des filles qui se jettent sur moi et me félicite. Je suis double championne d'Europe. Enfin, j'ai deux titres quoi.
Mais ce n'est pas fini. Il faut courir pour les filles maintenant. Avec ces grandes bretonnes qui nous talonnent à chaque fois. Mais on ne lâchera rien. Je vous les filles se démener sur leur sprint. Je vous le témoin qui se rapproche de moi de plus en plus. Je ne dois pas avoir peur. On a de l'avance. C'est moi qui peux tout gâcher. Mais ça n'arrivera pas. Nous gagnons. Mieux, nous gagnons avec 2 secondes de plus sur les deuxièmes. Je suis heureuse. On a tout raflé. On se saute dessus. Antoine nous rejoint. On fait des photos, souriantes. Dans notre hôtel, nous sommes acclamées. C'est donc ça d'être championnes d'Europe?
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Du Bout des doigts
General FictionMarieme est une jeune ado qui ne vit que pour le sprint, pourtant, sa mère l'oblige à vivre pendant 3mois au Sénégal, son pays natal, pour qu'elle apprenne ce qu'est la vraie vie....