Chapitre 22 : Quotidien

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Les entraînements ont repris. Je suis épuisée. Entre les cours intenses et rapprochés pour nous laisser du temps pour s'entraîner, les devoirs qui pleuvent et les entraînements eux-mêmes, le rythme est bien éloigné de celui de cet été. Je suis tout de même très reconnaissante à Khalife pour tous ses conseils et son coaching, qui me permettent de tenir le coup. Jeanne est aussi fatiguée que moi. Dans le dortoir, on n'a pas le temps pour les discussions de minuit, on s'endort directement.

Dans la classe, il y a des sportifs de tous sports : judo, gym, basket, boxe, tennis... Ça fait bizarre de se dire que l'on cotoie, la, (peut-être), future élite du sport français. Ça fait encore plus étrange que l'on en fait partie également. Je n'arrive pas à me le mettre dans la tête.

La dernière fois, nous étions dans les couloirs avec Élise, une nageuse qui est là depuis longtemps, et nous avons croisé Pierre Amboise Bosse, un coureur de 800 mètres. Avec Jeanne, nous avons sorti une feuille dans le but de lui faire signer un autographe. Vous vous rendrez compte que l'on croise une sportif de haut niveau dans notre établissement scolaire. Nous pouvons croiser des célébrités tous les jours. C'est quand même la première que nous en apercevons une, depuis le début de l'année. Cependant, Élise nous a stoppées dans notre euphorie en nous disant que c'était à lui aussi son école, que c'était un endroit où sa vie pouvait être calme, bien qu'il ne soit pas le sportif le plus connu de France. Elle nous a aussi dit que maintenant, nous aussi nous avons notre chance de faire comme lui. Que c'était le principe de "une star ne demande pas un autographe à une star". On a rétorqué que nous n'étions pas des stars et que nous n'en avions rien à faire des " convenances". À quoi ça sert de les croiser alors?!

Je pense qu'ils ont bien le temps de nous signer, ne serait-ce qu'un autographe ou de prendre une photo. Enfin, bref. Au moment où nous avons réalisé que l'on discutait depuis un bout de temps, il était déjà parti. Nous avons adressé un regard noir à Élise. Aucune chance pour que je me retienne la prochaine fois.

Les repas sont bien sur équilibrés et adaptés à la pratique de sport à haut niveau. Les cours se passent plutôt bien pour moi.
J'ai rencontré les autres sprinteuses. Il y a un peu de rivalité entre certaines, mais c'est normal et ça nous pousse à nous surpasser. Jeanne et moi nous sommes liées avec 2 autres filles. Il y a une petite blonde énergique, Manon et une eurasienne, Mia. Elles sont toutes deux passionnées et très drôles. Elles nous ont vite montré comment ça fonctionnait ici, les structures, qui pratique quoi, qui fait ceci ou cela... C'est avec elles que nous passons nos temps libres avec Élise également. Pendant nos temps libres, qui ne sont pas abondants ni inexistants, nous restons à parler et lire dans une chambre. Ou alors, nous nous promenons dans le campus, à regarder les autres pratiquer. Moi, je me dirige souvent vers le basket. C'est un sport que j'aime bien et qui se pratique beaucoup au Sénégal avec le foot. Moi qui pensais avoir un petit niveau, à côté d'elles, c'est ridicule. Jeanne, elle, se tourne vers la boxe. Personnellement, je n'aime pas trop ça, mais elle trouve ça viril. Elle y va plus pour les garçons en fait, malgré leurs visages sanglants et leurs corps pleins de transpi.

On va souvent à la piscine voir Élise. Mia et Manon sont impressionnées par le corps de nageuses et nageurs. Je précise que nous n'avons rien à leur envier. C'est un peu une compétition entre nous, puisque ces deux sports demandent une musculature  développée complètement. Bref.

En cette fin de journée, aucune de nous n'a de choses à faire. Nous sommes samedi. Quelques fois, des soirées à l'extérieur de ma structure sont organisées par des amis des étudiants. Mes amis à moi n'en font pas donc je n'y vais pas. En plus, je n'ai pas envie de boire ni de fumer, ni qu'on fume en ma présence. Et surtout, je n'ai pas le droit de sortir du campus, suite à un document qu'a signé ma mère. Enfin bon.

Nous sommes donc en face du terrain de basket en plein air. Des garçons dont en train de jouer. À un moment, ils enlèvent leur haut. Je trouve ça injuste qu'ils puissent se déshabiller comme ça, alors que nous, les filles, ça n'est pas possible sans être mal vues. Jeanne avec toujours autant de discrétion, crie:
"-C'est pas très musclé tout ça!!
-Chuuut, je lui souffle, t'es malade ? Déjà qu'on passe pour des voyeuses.
-Ooh c'est bon, profite poulette, la vue te plaît. 5 garçons bien tracés pour nous cinq.
Je lève les yeux au ciel. En attendant, ils sont piqués à vif par sa remarque.
-Pardon? Ne soyez pas jalouse les filles, c'est la perfection qui est devant vos yeux.
-C'est la prétention surtout. Mince, je l'ai dit à voix haute. Tant pis.
-Vous voulez jouer? Cinq contre cinq?demande un autre.
-OK, répond Mia. Elle aime trop les défis elle et nous amène dedans."

Nous la suivons donc, avec plus ou moins d'entrain. Moi, ça va, j'ai déjà joué, mais on va être très, très, très, ridicules. Je ne veux pas, ça va renforcer leurs grosses têtes et leur côté machiste. Bref. On fait les équipes. Je suis avec Mia, Manon, le garçon qui nous a proposé de jouer et un autre. Mia se débrouille, Manon un peu moins. Pour elle, c'est dur de passée d'un sport solo à un d'équipe. Elle n'a pas de technique, mais au moins elle court. Moi, bah, c'est passable on va dire. Mais je sais que les gars font attention. Celui qui nous a proposé de jouer s'appelle Ilies et c'est le plus fort des cinq si j'ai bien compris. L'autre c'est Théo.
Au final, on n'a pas compté, mais il n'y a pas du avoir une grande différence de points. Résultat : on a quand même fait du sport. Jeanne a évidemment pris tous les numéros. Elle me fatigue cette fille. Enfin bon, voilà un peu notre quotidien.

Du Bout des doigtsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant