Chapitre 24 : Championnat du monde

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Nous nous entraînons sans relâche depuis les championnats d'Europe. Je sais très bien que nous sommes dans la ligne de mire des autres filles à cause de ce titre, mais tant pis. J'ai hâte de revoir Khalife et Djibril, qui a réussi à se qualifier. Le championnat du monde junior, quand même, ce n'est pas rien! qui aurait cru que je puisse y arriver un jour?! Je suis dans un état de stress, d'anxiété, d'excitation et un autre truc que je ne saurais pas définir. J'ai très envie de rendre fière ma famille. Là, je suis dans l'avion. La compétition ne commence que dans 3 jours, mais il faut venir avant. Nous atterrissons en Afrique du Sud. J'ai toujours rêvé de visiter ce pays. Je descends et me prend une bouffée de chaleur familière dans le visage. Ça me rappelle ma descente au Sénégal.
Il n'y a pas de décalage horaire entre Johannesburg et Paris, contrairement à ce que je pensais. C'est un grand événement que l'organisation des mondiaux. C'est la consécration pour un athlète, après les JO. S'il y a bien un moment où nous devons nous donner à fond, c'est celui-ci.

Bien que l'Afrique du Sud n'ait pas besoin de coup de projecteur, l'organisation des Jeux en est un. J'aimerais bien qu'un jour, ils aient lieu au Sénégal. Même si c'est impossible vu la taille et la situation géographique de cette presque île. Enfin bref.
Nous arrivons au village des athlètes, qui est en fait un hôtel. Des drapeaux et des banderoles "bienvenue la France" sont accrochés partout. Nous disposons d'une cuisine, d'un grand salon, équipé d'une console et de chambres bien évidemment. Nous sommes en fin de soirées donc nous défaisons nos valises et prenons nos marques. Pour notre arrivée, nous dégustons un plat traditionnel vraiment, vraiment, bon. On mange ce qu'on nous donne nous. Pas comme Usain Bolt qui se gave de nuggest la veille!! (Et qui gagne quand même, mais c'est un détail).
Ensuite, nous allons nous coucher, exténués par ce trajet.

C'est mon alarme sur mon portable qui me réveille, comme tous les jours. On doit aller courir. Jeanne grogne mais finit par se lever. J'enfile fièrement, comme toujours, ma tenue Asics®, aux couleurs de la France. Blanche en haut, bleue en bas. Toute l'équipe est prête. C'est un beau défilé bleu-blanc-rouge qui passe dans les rues de Johannesburg ce matin là. Nous en profitons pour découvrir les paysages magnifiques, la faune, la flore. Pour écouter la musique aussi. Ça me rappelle mon pays. Quand on passe, certains nous acclament, d'autres pas. Faut bien qu'ils supportent leur équipe aussi!! Le paysage est vraiment magnifique !!

Ensuite, on rentre et on part à la douche. Tant qu'il ne fait pas encore trop chaud, nous partons faire nos touristes. J'aimerais bien visiter la cellule de Mandela, mais c'est trop compliqué, alors nous partons voir des animaux. Je les mitraille de photos. Je n'ai vraiment pas l'impression d'être à 2 jours de l'ouverture. Le midi, nous mangeons équilibré, mais pas traditionnel. Et après, entraînement. Nous n'avons pas le droit d'aller sur la piste, mais au moins on sait quelles seront les conditions d'efforts. C'est bizarre de s'entraîner avec tout le monde, de croiser l'équipe Américaine...

Le lendemain, nous avons droit à une longue randonnée dans les hauteurs. Paysage à couper le souffle. Je me doute que toutes ces visites avant servent à nous distraire, empêcher notre esprit de psychoter pour notre course, en plus de découvrir le pays. Pour ma part ça fonctionne plutôt bien. Ça empêchera les geeks de notre délégation de squatter la console. Le soir, je me couche mais n'arrive pas à dormir. Demain, je marcherai dans la délégation, sous les couleurs de la France, pour défendre mes rêves et tenir ma promesse. Je ne réalise pas. Jeanne non plus d'ailleurs, je l'entends prier à voix basse. Moi, je ne prie pas. Khalife, croyant, m'a dit :
"C'est grâce à Dieu que tu as ces capacités et ces possibilités. Mais c'est uniquement grâce à toi-même que tu sais les utiliser et que tu persévères. À toi seule, d'en faire bon usage."

Je laisse mes pensées s'égarer. Je n'arrive pas à dormir. Heureusement que je n'ai pas de course demain, ça serait problématique. Je me tourne vers mon réveil: 2h00 du matin. Antoine va me tuer!!!

"-Les filles réveillez vous, vous avez une heure pour vous préparer!!"
Je n'assume pas. Franchement. Je me passe de l'eau sur le visage. J'ai des cernes, même si ce n'est pas encore la catastrophe. Ça passe. Putain, on y est. On nous donne de nouveaux survêtements. On nous coiffe aussi. La cérémonie débute à 14heures, mais nous avons des photos à faire. C'est dur. C'est chiant.
On en a déjà fait à l'INSEP, avec la mention, "je rêve des Jeux". On vendra des calendriers avec ces photos et ceux des plus grands, pour récolter des fonds afin que les jeux 2024 aient lieu en France. Franchement, pour ça, je veux bien payer un bracelet à 2 euros.
Là, on doit recommencer. Photo individuelle, où vous prenez la pose clichée des starting-blocs. Photo des quatre sprinteuses. Photo de toute l'équipe d'athlétisme et photo de toute la délégation. Voilà, tout est prêt.
On file manger maintenant. Ensuite, on nous distribue des petits drapeaux français, on nous maquille les joues et let's go. Nous sommes placés dans un ordre précis et il paraît, logique. Quelle logique, je ne sais pas. Bref. Nous attendons que le speaker finisse sa tirade et que nous soyons appelés. C'est notre tour. Nous nous mettons en marche et...

Du Bout des doigtsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant