DILLERMO

Chapitre 18 - Lior

Je m'approchais de la grille dont j'avais cru deviner des reflets, et me rendis compte rapidement que j'étais arrivé, sans même m'en apercevoir, aux abords des tunnels. Je me baissai pour retirer la grille et me glisser à l'intérieur des souterrains par ce passage. A peine mes pieds sur le sol, que je vis Lior qui m'attendait.

- J'ai gagné ? Je suis celui qui est rentré le plus rapidement ? M'étonnais je.

- Oui et non. Tu n'aurais pas dû rentrer par ce passage, mais il fallait que je te parle.

Sa démarche me semblait quelque peu étrange. Lior devait me parler, mais pour me dire quoi ? Et surtout, en avait elle réellement le droit ? Je l'interrogeai sur ce qu'elle voulait me raconter, mais elle m'affirma ne pas pouvoir le faire à l'endroit précis où nous nous trouvions. Je la suivais dans cette partie des tunnels que je ne connaissais pas, aveuglément. Elle me fit descendre des escaliers, puis en remonter, et en redescendre encore, jusqu'à ce que nous arrivions aux abords d'une porte. Cela avait beau ne pas être la même que celle qui m'avait séparé de Réro, je me sentais figé à l'idée de la franchir, et de revivre un nouveau drame que je n'aurais pu contrôler.

- Suis moi. Me dit elle.

Je n'avais pas le sentiment d'avoir le choix, et je décidais de la suivre, encore. Je pénétrais dans la pièce, en sa compagnie, et j'y découvris de nouveaux escaliers. Lior m'invita a les monter et, arrivé en haut, je vis une autre porte.

- Reconnais tu cet endroit ? Me demanda-t-elle.

- Non. Je devrais ?

Lior me pointa du doigt le mur derrière moi, dans lequel je découvris le petit trou que nous avions repéré quelques semaines plus tôt. Mais elle ne pouvait pas savoir que je connaissais cet endroit, sans quoi cela aurait signifié que Paride, ou quelqu'un d'autre, lui avait révélé notre escapade nocturne avec Bino et Malé. Toutefois, ma capacité à mentir n'était pas non plus suffisamment au point pour que je tente de noyer le poisson. Je finis donc par me résoudre à lui répondre par l'affirmative, concernant mes souvenirs de ce lieu. Mais une chose me troublait alors, où se trouvaient les cartons, que nous pensions être des vivres, et qui étaient disposés ici même. Malgré mes nouvelles interrogations, Lior ne semblait pas être ici pour me parler de cela.

- C'est ici le seul endroit où l'on peut parler réellement en sécurité. Me lança t elle.

- En sécurité ? Pourquoi ? Nous ne sommes pas en sécurité à Dillermo et dans les tunnels ?

- Si, bien sûr, mais pas comme tu le crois. Ecoute, je ne dispose pas d'assez de temps pour tout t'expliquer, mais il faut que tu comprennes que tout ce que tu vis ici a un seul et même objectif...

- Oui, être rapporteur.

- Etre une meilleure personne avant tout. Me répondit elle.

Troublé par ce qu'elle venait de me lancer, je n'osais plus rien ajouter. C'est alors qu'elle m'expliqua, avec le temps dont elle disposait, ce qui lui semblait important que je comprenne. Lior s'emmêlait dans son discours, si bien que je n'y comprenais pas grand chose.

- En somme, ce que tu dois retenir, c'est que ta réalité et la réalité des autres n'est pas la même. Clôtura t elle.

- Je ne suis pas sûr d'avoir saisit Lior.

- Tu te poses beaucoup de questions depuis ton arrivée, ne t'es tu jamais demandé pourquoi les autres ne semblaient pas à ce point confus ?

- Si. Chaque jour. Mais...

- Il n'y a pas de << mais >>, cette seule idée devrait te permettre d'en savoir plus. Et un jour, quand tu seras prêt, tu franchiras cette porte derrière moi.

- Qu'est ce qu'il y a derrière ? Lui demandais je.

- Je ne peux pas te le dire.

- Tu ne m'as pas fait venir pour me donner d'autant plus de mystères quand même !

- Je ne peux pas tout te dire. S'ils savent que je te parle maintenant, on ne se reverra plus jamais, et tu ne pourras plus faire confiance à qui que ce soit ici.

- Pas même Paride ?

- Il est temps Khalek.

Elle profitait de l'urgence de s'en aller pour ne pas me répondre clairement. Je la suivais à nouveau, reprenant le même chemin que pour parvenir ici, en inversé. Nous montions, puis descendions, avant de remonter. Arrivé à notre point de départ, Lior m'indiqua un trajet pour rentrer par les tunnels à l'aide d'une carte, ne comprenant qu'une infime partie des lieux.

- J'ignorai qu'il existait des cartes des tunnels. M'étonnais je.

- Il y a beaucoup de choses que tu ignores pour le moment.

Lior me laissa, prenant un chemin radicalement opposé à celui qu'elle m'avait conseillé. Je ne savais pas très bien quoi penser de tout ce que l'on venait de se dire, de cet endroit où les boîtes entreposées avaient été retirées entre temps. De ce tracé qu'elle m'avait dit de suivre. Pourtant, sans douter de la bonne foi de ma formatrice, je prenais bonne note des tunnels que je devais traverser, sans trop me poser de questions. Et arrivé à l'endroit où je devais enfin retourner près des dortoirs, je fis la plus folle des découvertes.

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