Alors que mon poing frappait la porte de la maison que j'avais toujours connu avant mes 21 ans, j'imaginais que les retrouvailles feraient surtout plaisir à ma mère. Mon père m'avait bien fait comprendre que mon début de formation, sonnerait comme ma nouvelle vie d'homme, enterrant ainsi celle du fils que j'avais pu être. Ma mère s'était beaucoup moins épenchée sur le sujet, mais je la savais plus douce de manière générale. Elle qui avait été ouvrière avant ma naissance, savait que la vie n'avait rien de facile, sans pour autant avoir eu besoin de se cacher derrière une façade glaciale, contrairement à mon père qui n'avait pas eu le choix, compte tenu de ses fonctions de rapporteur.
J'entendais le bruit des pas de ma mère se rapprocher de la porte. Je n'étais plus qu'à une seconde de la retrouver enfin. Je tournais mes yeux vers Lior, qui semblait angoissée, comme si la situation prenait trop de temps, et qu'il n'y avait pas une minute à perdre. Mais je comptais bien savourer ce moment, quoi qu'il pouvait m'en coûter.
La porte s'ouvrit enfin.
- Khalek ! Que fais tu ici ? Quelque chose ne va pas ?
Ma mère, contrairement à ce dont je m'étais préparé, ne m'invita pas à entrer spontanément dans la maison. Je vis mon père débarquer, par derrière elle.
- Que fais tu là ? Tu devrais être aux tunnels ! Me lança t il.
Je sentais, dans le ton que prenait sa voix, qu'il était tout sauf fier de moi. Je voulais simplement les revoir, leur dire que je n'étais pas sûr que l'on nous ai tout dit. Mais les mots ne sortaient pas.
- Bonjour Monsieur ! Je suis Lior, la formatrice de votre fils.
Lior tendit sa main à mon père, comme s'il allait accepter de lui serrer alors que toute la déception du monde venait de tomber sur ses épaules, concernant son fils.
- Je sais qui vous êtes. Que faites vous là tous les deux ? Répondit il.
- Votre fils voulait vous parler. Je l'ai accompagné pour se faire.
La présence de ma formatrice fit certainement pencher la balance en ma faveur. Le fait qu'elle soit là, donnait moins l'apparence que je m'étais enfuit des tunnels, et laissait penser que cette sortie m'avait été autorisée. Grâce à cela, mon père accepta de nous laisser entrer. Je passais en revue tout ce que j'avais vécu depuis mon départ. Le début de ma formation, l'entente avec mes compagnons d'infortune, le décès de Réro, celui de Bino. Tout, sans rien oublier des détails les plus étranges. Jusqu'à cette paroi à l'extérieur. Mon père me regardait, stoïque, comme s'il ne découvrait rien dans ce que je lui racontais.
- Bien. Et que veux tu qu'on te dise Khalek ?
- Réro est mort. Et ses parents croient qu'il a simplement été conduit chez les sacrifiés.
- Parfois, c'est mieux de ne pas savoir.
Au cours de la même journée, il était ainsi la seconde personne à m'affirmer que l'ignorance était parfois un mal nécessaire. Et, au lieu de me pousser à accepter cette idée, cela me donnait d'autant plus l'envie de comprendre pourquoi. Durant tout ce temps, ma mère n'avait pas prononcé le moindre mot. C'est à peine si elle me regardait.
- Maman ? L'interpellai je.
- Oui ?
- Tu penses la même chose ?
- Je pense que tu ne devrais pas être ici Khalek.
Je compris que je n'étais pas le bienvenu. Et comme l'avait prédit le père de Réro, cela remettait beaucoup de choses en place dans mon esprit. Je n'étais pas attendu dans Dillermo, alors qu'aux tunnels, Paride s'impatientait sans doute de mon retour, certain que je ne pourrais pas aller bien loin de toute façon. Je ressortais de chez mes parents, la mine déçue, ce qui n'échappa pas à Lior.
- ça va ? Me demanda t elle.
- ça va aller.
- On peut retourner aux tunnels maintenant ?
- J'ai une dernière chose à faire avant d'y aller. Mais tu ne dois pas m'accompagner.
- Où vas tu aller Khalek ?
- Je te promets que je reviendrais aux tunnels juste après.
- ça ne me dit pas où tu as décidé d'aller.
Lior avait bien compris que je redoutais sa réaction, en affichant clairement où je voulais me rendre. Mais lui mentir était devenu exclu, elle était à présent la seule sur qui je pouvais compter, et l'unique personne capable d'affirmer à Paride que je ne lui avais rien fait. Je finis par me laisser aller, et lui révéler ma destination.
- Je dois aller à l'usine.
- Tu n'y penses pas ! S'étonna Lior.
- Il faut que je vois ce qu'il s'y passe.
- Khalek, ta curiosité ne t'a joué que des mauvais tours jusqu'ici. Viens avec moi aux tunnels.
- Je ne te suivrais pas.
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DILLERMO
Science Fiction"Dillermo, c'est une sorte d'immense cuve, bien entourée par de grands rochers, nous permettant de nous terrer dans cet endroit, devenu le seul lieu de vie n'étant pas encore tombé dans un état totalement sauvage, à notre connaissance." Dillermo est...