J'étais proche de la saturation, et je décidais de laisser une dernière chance à cette séquence, en vue d'enfin m'expliquer ce qu'il se passait autour de moi. Je levais les yeux, captivé par les images, et soulagé d'entendre enfin du son, qui allait peut être m'éclairer complètement.
Je découvris alors une vidéo énigmatique, dans laquelle se trouvait monsieur D, visiblement à une conférence qui s'était un jour tenue, ici même, dans la pièce aux dizaines de chaises, où je me trouvais. Celui ci parlait d'une révolution, de quelque chose qu'il avait su, avec son équipe, mettre au point après des années de travail acharné. L'homme semblait fier de présenter son projet à la foule de personnes qui était venue l'écouter spécialement.
Soudain, je le vis sortir de sa poche un petit objet, pas plus gros qu'un grain de riz, en annonçant l'arrivée du "Projet D.". Je ne mis pas longtemps pour comprendre que cette lettre était simplement l'initiale de Dillermo. Monsieur D tenait fièrement l'objet entre son pouce et son index, promettant de pouvoir changer le monde, avec celui ci.
Plus j'écoutais, plus je comprenais que tout ceci avait un réel lien avec moi. La vie que j'avais mené jusque là, et mon incapacité à me souvenir de cet homme. Tout ça ne pouvait qu'être relié. Monsieur D poursuivit, sans laisser le temps à ses invités du moment, pas plus qu'à moi dans cette salle, d'intégrer les éléments qu'il expliquait au fur et à mesure de la séquence vidéo.
- Cette micro-puce, voyez vous, est capable du meilleur et du pire. C'est une révolution dont les futures générations parleront forcément. Si celle ci se trouvait entre de mauvaises mains, il est évident que cela pourrait être une tragédie. Mais elle peut aussi faire des miracles, et changer le monde, autant que les personnes. Rendre tout ceci meilleur.
La vidéo s'acheva sur ces mots, qui ne furent pas sans me rappeler certaines discussions que j'avais eu avec Lior. Combien de fois me l'avait elle dit, je n'étais pas dans ma formation pour devenir rapporteur, mais bien pour m'améliorer, devenir meilleur que ce que j'avais été jusque là. Je n'avais jamais compris pourquoi celle ci avait insisté, à plusieurs reprises, sur cette nuance, mais soudain, les choses me semblaient plus claires. Si Réro n'avait jamais été réel, les autres non plus, et sans doute que la vie que je menais au sein de Dillermo ne l'était pas davantage finalement, simplement à cause d'une puce que l'on m'aurait injecté. Ce paramètre connu, cela changeait complètement la vision que j'avais des choses. Et cette prise de conscience fut celle de trop pour moi. Assommé d'informations auxquelles je ne m'attendais pas, je décidais d'enfin me lever, puis de tenter de quitter cette pièce. Mais les portes étaient fermées de l'extérieur. Je compris qu'après avoir été prisionnier de Dillermo, j'étais à présent l'otage d'autre chose, de quelqu'un d'autre. Il fallait pourtant que je retourne là bas. Réro me l'avait affirmé, Dillermo allait pouvoir répondre à mes questions. S'il fallait retourner sur ses terres pour comprendre les choses, je ne pouvais avoir d'hésitation au fait de m'y rendre. Mais ces portes scellées m'empêchaient, une fois de plus, d'avancer vers la vérité que je devais connaître.
Ne voulant pas abandonner pour autant, je décidais de ne pas retourner à ma place, et d'attendre que quelqu'un vienne à nouveau ouvrir cette porte. Conscient que je pouvais être facilement repéré, je choisissais un endroit peu visible où me poster, d'où j'allais pouvoir neutraliser le prochain intervenant pour m'échapper. Je n'avais pas pour but de blesser, mais mon besoin de comprendre, et de ne plus être le prisonnier de qui que ce soit devenait si fort en moi, que j'aurais pu m'y résoudre, pour atteindre mon objectif. Je sentais que les quelques révélations que j'avais eu dans la journée, avait déjà provoqué un changement en moi. J'aurais tout donné pour que Bino ne tire jamais sur sa gâchette, lorsque nous étions en binôme. Et soudainement, ce jour là, je le compris beaucoup mieux. Pourtant, je savais que je comprenais une personne qui n'avait probablement pas existé, du moins, pas comme je l'avais envisagé jusque là.
Encore en guerre intérieure avec mes propres choix, je vis la poignée de la porte remuer. Je compris qu'il ne me restait plus que quelques secondes pour prendre ma décision. Caché au plus près, je la vis s'ouvrir, et alors que je m'apprêtais à me jeter sur la personne qui venait de pénétrer dans la pièce, je tomba nez à nez avec Lior.
- Arrête, c'est moi Khalek ! Me lança t elle, effrayée que je puisse l'agresser.
Je m'excusais auprès d'elle, tout en sachant qu'elle aussi, pouvait ne pas être celle que je croyais.
- Alors, tu es venu me révéler quelque chose toi aussi ? Lui demandais je, avec arrogance.
- Comment te sens tu ?
J'étais stupéfait du calme qu'elle dégageait, et de sa sérénité à me poser une telle question, compte tenu des circonstances.
- Je croyais que Paride t'avait fait du mal.
- Je sais. Me répondit elle, en baissant les yeux.
- Je ne comprends pas. Je ne comprends rien. Où est ce que je suis ? Pourquoi je suis là ?
Lior leva les yeux à nouveau, et me fixa longuement, en prenant soin d'écouter chacune de mes questions. Je la sentais chercher, à nouveau, un moyen de se défiler sur les réponses à me donner.
- Je t'en supplie Lior. Il faut que je sache ou que tu me laisses retourner à Dillermo.
- Pourquoi voudrais tu retourner à Dillermo ?
- Réro m'a dit que toutes les réponses s'y trouvaient.
Je vis Lior ricaner, devant moi qui me sentait de plus en plus perplexe quant à son rôle dans toute cette histoire.
- Tu as du mal comprendre. Dillermo, la ville, ne détient aucune réponse. Par contre, le docteur Dillermo, lui, pourra t'éclairer.
- Le docteur Dillermo ?
- Monsieur D, c'est lui Dillermo.
Je compris que m'enfuir sur mes anciennes terres n'allait pas me servir. Lior venait de me le dire clairement, la seule personne détenant toutes les réponses, c'était lui. Mais avant de quitter Lior, il fallait que je sache pourquoi elle avait accepté de jouer à ce jeu malsain.
- Je ne t'ai pas menti Khalek. Je suis la seule à ne pas l'avoir fait.
- Tu ne m'as jamais dit la vérité pour autant.
- Je n'en avais pas le droit. J'étais ta seule référence de vérité dans Dillermo. J'étais là pour faire ce pont entre la réalité, et ce que tu vivais. Je suis la seule à ne pas avoir connu dans ton passé Khalek. La seule qui n'avait aucun a priori sur toi. Cela m'a forcément rapproché de toi plus que des autres, mais je ne faisais, finalement, que mon travail.
- Qu'y a t il à savoir de si important sur mon passé ?
- Je ne peux pas te répondre. Je ne le sais toujours pas.
- Très bien ! Alors emmène moi parler à Monsieur Dillermo. Lui demandais je.
Lior ne se fit pas prier, et décida de me guider au travers des couloirs de ce lieu inconnu. Je regardais à gauche, à droite, tout en comprenant, chaque seconde un peu plus, que chaque centimètre carré de cet endroit n'avait été conçu que pour faire de moi un cobaye, d'une expérience que je ne comprenais toujours pas. C'est alors que Lior s'arrêta devant une porte.
- C'est ici. C'est son bureau. Et cette fois, tu es plus que prêt.
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DILLERMO
Science-Fiction"Dillermo, c'est une sorte d'immense cuve, bien entourée par de grands rochers, nous permettant de nous terrer dans cet endroit, devenu le seul lieu de vie n'étant pas encore tombé dans un état totalement sauvage, à notre connaissance." Dillermo est...