Chapitre 19 - L'extérieur

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Le chemin que m'avait indiqué Lior n'avait pas pour but de me ramener sur mes pas, mais bien de m'en éloigner. J'ouvris l'ultime porte qui me séparait de l'extérieur, et prenait ce moment comme une récompense de n'avoir pas enfreint les règles, durant la journée. J'allais enfin voir, de mes yeux, ce que Réro avait sans doute lui même vu. Soudain, et après avoir pu contempler l'étendue de forêt depuis les hauteurs de Dillermo, le matin même, je me suis retrouvé à l'intérieur. Si petit face à ces arbres immenses. Je regardais à gauche, puis à droite, et alors que la voie me semblait libre, je commençais à m'enfoncer dans les profondeurs terreuses des lieux. Je ne savais pas ce que j'allais y découvrir, et si même j'allais y dénicher quoi que ce soit, mais c'était pour moi le début de l'accomplissement de quelque chose.

J'avançais toujours un peu plus dans ma quête, sans rien voir d'autre que ces arbres par centaines. Il n'y avait rien. personne n'avait menti sur les extérieurs de Dillermo. Ni civilisation, ni bâtiments. Il m'aura fallu peut être 4 kilomètres avant de renoncer, et me convaincre que rebrousser chemin restait encore ma meilleure option. Il semblait évident que je n'allais rien découvrir ce jour là. Et que l'endroit où m'avait mené Lior, n'était peut être pas le même que celui que Réro avait lui même visité. Déçu, je restais malgré tout euphorique d'avoir pu aller en dehors des contrées que j'avais toujours connu. Je revins sur mes pas, sans même envisager de quitter la vie que je menais. J'aurais pu simplement continuer à marcher, trouver un endroit dans lequel je me serais senti bien, et reconstruire une existence loin des tracas de Dillermo. Mais cette idée ne m'effleura pas. Pire encore, alors que je marchais pour retourner jusqu'aux tunnels, j'entendais des bruits inquiétant, et la nuit commençait à tomber, ce qui me donnait plus que jamais envie de rentrer chez moi.

J'avais vécu pour vivre ces moments là, mais je ne pouvais nier que je ne pouvais me sentir totalement rassuré dans cette forêt inconnue. J'avançais jusqu'à destination jusqu'à ce qu'enfin je retrouve mon chemin, mais l'affaire sembla bien plus complexe que je ne l'avais envisagé. Plus je marchais, et plus j'avais le sentiment de m'éloigner de mon lieu de vie. Peut être m'étais je, une fois encore, égaré. Peut être que je n'aurais pas dû faire confiance à Lior en suivant aveuglément ses indications. Et si c'était d'elle dont je devais me méfier ? Je n'y avais même jamais réfléchit. Et ce n'était pas le meilleur moment pour remettre en question les paroles de ma formatrice. Il fallait que je retrouve mon chemin, avant que l'obscurité de la nuit ne recouvre totalement les arbres, et que je sois contraint de passer la nuit sur une terre que l'on m'a présentée comme hostile toute ma vie.

Je m'arrêtais un instant, et compris que si j'avais pris la peine de laisser quelques trâces de mon passage, j'aurais pu retrouver mon chemin bien plus facilement. Peut être était ce là la véritable partie importante de l'épreuve que je vivais ce jour là. Comprendre qu'avec un peu plus de réflexion, j'aurais pu mieux m'en sortir. La leçon était bien apprise, mais ne corrigeait pas pour autant la situation dans laquelle je m'étais mit tout seul. J'avais certes suivit les conseils de Lior, sans rien remettre en question, et je comprenais que, suivre les règles, ne me réussissait finalement pas plus que de m'en écarter. C'était un peu comme si, quoique je fasse, cela se finirait toujours de la même façon. Après ce constat ne m'aidant en rien, je repris ma route, toujours accompagné de bruits étranges, de mouvement dans les feuilles dont je ne pouvais déceler l'origine, ni même dire si cela n'était que la cause du vent. Tout était possible, et à la fois rien.

Je marchais en imaginant que des rapporteurs aguerrit étaient cachés dans les feuillages. Judicieusement embauchés pour m'effrayer, et me donner une leçon que je retiendrais sans doute longtemps. La nuit avait fini par tomber intégralement, et j'avançais à l'aveugle jusqu'à ce que j'espérais être ma destination.

Et puis, alors que je n'y croyais plus, je vis enfin la porte des tunnels. Celle la même que j'avais emprunté pour m'égarer ici. J'allais enfin retrouver mon dortoir, mes compagnons d'infortune, et peut être Lior, qui accepterait éventuellement de m'éclairer quand au pourquoi elle m'a guidé jusque là.

J'entrais dans les tunnels, et après quelques erreurs de tracé, je finis par retrouver mon chemin jusqu'au côté intérieur de Dillermo. Sur mon chemin, je croisais Paride, qui semblait m'attendre.

- Ce n'est pas trop tôt. Me lança t il.

Je ne répondis rien, par mesure de sécurité. Ignorant si mon périple était exactement celui que Bino et Malé avait vécu, et si Lior était dans son bon droit de m'avoir mené là où elle m'avait mené, je décidais de ne pas dire que j'avais vu les extérieurs. Et voilà que, sans que l'on m'en formule la demande, j'agissais comme les autres, en choisissant de ne rien divulguer de ce que j'avais pu découvrir durant mon aventure du jour.

- Il est temps d'aller manger. Les autres ont déjà fini. Dépêche toi ! Me conseilla Paride.

Je me dirigeai vers notre salle de repas, prêt à dévorer tout ce qui me passerait sous la main, tant la longue journée que je venais de passer m'avait affamé. Mais la solitude que je ressentais dans cette pièce, me ramena à mes plus sombres démons. Mon esprit n'arrivait de nouveau plus à se focaliser sur autre chose que sur les parents de Réro, qui ignoraient encore ce qu'était devenu leur fils. Je trouvais ça d'une tristesse sans nom, mais je me rassurais en imaginant que, quelques minutes après ma découverte, quelqu'un était venu frapper à leur porte pour les informer du tragique incident. Cela ne pouvait pas être autrement. Après avoir avalé les restes du repas du soir, je finis par me rendre au dortoir, presque sur la pointe des pieds, pour ne réveiller personne. Je m'allongeai dans mon lit, et sombrais sans attendre dans mon sommeil le plus profond. 


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