Nous étions dehors, livrés à nous mêmes, et cette foi,s sans la moindre arme pour nous défendre. Pas même un couteau qui aurait pu traîner dans nos poches. Rien. La journée débutait à peine, et nous savions que nous allions la passer à marcher. Au départ, nous n'échangions pas vraiment. Il faut dire que le souffle nous manquait un peu après cette folle course dans les tunnels. Mais ensuite, Bino finit par interrompre le silence qui s'était installé.
- On va où maintenant ? Me demanda t il, comme si j'avais la moindre idée du chemin que nous suivions.
- Je ne sais pas. Lui répondis je bêtement.
Bino ne chercha pas plus, et continua à marcher, et marcher encore. Je faisais un trajet presque identique à celui dans lequel je m'étais engagé quelques jours plus tôt, lors de ma première excursion extérieur en solo. Cela ne m'aidait pas à définir le but que nous voulions atteindre, puisque je n'avais rien trouvé.
A force d'errance en vain, je sentais Bino s'agacer de plus en plus. Il ne semblait pas être rassuré de n'avoir aucun objectif, si ce n'est celui de fuir Paride. Je l'entendais pester contre Malé, qui avait un peu trop ouvert sa bouche, à tort ou à raison. Etait il meilleur patriote que nous, ou simplement une personne indigne de confiance ? Nous ne pouvions réellement le définir, tant nous ne savions pas nous même pourquoi nous doutions autant de ce que l'on nous avait raconté.
Les heures passèrent ainsi, sans que rien ne change dans le décor qui se déroulait sous nos yeux. Des arbres et encore des arbres. Mais cette constante ne m'empêchait pas d'être en alerte permanente, par peur d'une attaque surprise par qui que ce soit. Bino, étrangement, et malgré ses mésaventures lors de sa sortie, ne semblait pas tellement impressionné par les possibles péripéties qui pouvaient nous tomber dessus, à tout moment. Il avançait, l'air décidé. Et tandis que je m'éloignais de Dillermo, je ne pouvais m'empêcher d'avoir le sentiment d'abandonner mes parents, et peut être Lior. De repenser à cette dernière me noua la gorge.
- Qu'est ce que tu as ? Me demanda Bino.
- Je pensais à Lior.
- Et bien quoi Lior ?
- Peut être qu'elle est enfermée dans l'usine. Lui répondis je.
- Et qu'est ce que tu peux y faire ? Tu voudrais y retourner et la sauver ? Qui te dit qu'elle n'est pas comme eux ?
- C'est bien ça le problème Bino. Qu'est ce que ça veut dire "comme eux" ? On n'en sait rien.
Je finis par me laisser aller dans une argumentation longue et périlleuse. Je voyais mon compagnon me dévisager, comme surpris de me voir hésiter à poursuivre notre périple.
- Ecoute, on avance, et dès que l'on trouve un endroit où l'on pourra se replier en cas de besoin, on s'organisera pour retourner à Dillermo, et tenter de la retrouver. ça te va ? Me suggera t il.
L'idée me semblait suffisamment bonne pour que j'accepte. Il avait raison. On ne pouvait pas retourner là bas sans avoir un plan. Quelque chose qui nous permettrait de nous en sortir réellement.
Nous avions marché ainsi toute la journée, et la nuit n'allait plus tarder à tomber, quand Bino me proposa de trouver un endroit pour dormir. J'étais épuisé, et me contentait du strict minimum, tout comme lui. Nous nous couchions dans les herbes, et comme pour nous rappeler un mauvais souvenir, nous décidions de se partager la garde de la nuit. Cette fois ci, Bino décida de prendre la première partie. Cela nous évitait, inconsciemment, de reproduire à l'identique, le schéma de la fois précédente. J'acceptais donc sans poser de question, et m'écroulais de sommeil, la tête sur ma veste mise en boule.
Quelques heures plus tard, Bino me réveilla, m'indiquant qu'il était temps pour lui, de dormir enfin. Je prenais à mon tour mon rôle de gardien très au sérieux, même si je manquais encore de sommeil à mon actif. Je ne pouvais me focaliser que sur l'étrange silence qui régnait autour de nous. Si des hommes sauvages vivaient dans les parages, il semblait qu'ils n'étaient pas dans le coin, à ce moment précis de la nuit. Peut être dormaient ils tout simplement, comme nous, et ne s'angoissaient pas tellement d'une potentielle attaque.
Au petit matin, la marche dû reprendre. Nous savions que ce que nous avions traversé la veille, n'était que le début. Au delà de notre fatigue, nous commençions également à avoir faim, mais nous le savions, très peu d'espèces circulaient encore dans les contours de Dillermo. Ce n'était pas pour rien que nous suivions une formation pour nous permettre de nous en éloigner toujours un peu plus, dans le but de permettre à tout le peuple, ainsi qu'à nous même, de survivre. Il était évident que notre faim n'allait pas être assouvie rapidement, nous prenions donc notre mal en patience, tout en gardant les yeux bien ouverts, pour ne rater aucune éventuelle proie. Nous ne marchions même plus à l'unisson, tant nos estomacs guidaient nos pas.
- Khalek, viens voir ! Cria Bino.
J'espérais qu'il ai trouvé de quoi nous donner quelques forces, et me pressais pour aller le rejoindre, guidé par le son de sa voix. Mais en arrivant à ses côtés, je n'eus d'autres choix que de me résoudre, ce qu'il avait trouvé allait bien au delà. Nous n'allions pas manger, c'était certain. Pas plus que nous n'allions fuir de Dillermo.
>>>> A suivre - Chapitre 25 - L'impasse <<<<
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DILLERMO
Science Fiction"Dillermo, c'est une sorte d'immense cuve, bien entourée par de grands rochers, nous permettant de nous terrer dans cet endroit, devenu le seul lieu de vie n'étant pas encore tombé dans un état totalement sauvage, à notre connaissance." Dillermo est...