Chapitre 36 - Dillermo

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- Nous sommes arrivé. Me lança le scientifique.

J'entrais dans le coeur du projet D. Nous nous trouvions dans la salle dans laquelle j'avais pénétré depuis les tunnels, me faisant totalement ressortir de Dillermo.

- Ici, comme tu le vois, il y a de nombreux écrans. Tous sont là pour un but : Voir sans être vu. C'est ainsi que nous avons pu garder un oeil sur toi durant tout le programme.

- J'étais sous surveillance permanente ?

- Ne fais pas cette tête Khalek. Tu n'aurais pas eu tant de liberté en prison.

- Je suppose que je devrais vous remercier dans ce cas.

- Tu pourrais, en effet !

Si l'homme avait raison sur le fait qu'en prison, la liberté n'aurait certainement pas été la même, il ne pouvait m'ôter l'idée que je n'avais pu accepter de participer à une telle mascarade. Je l'interrogeai pour savoir si j'avais été informé de tout ça avant d'intégrer son expérience, et le scientifique se contenta de me dire qu'il m'en avait expliqué les fondements, dans les grandes lignes, avant de changer de sujet.

- Tu vois, là c'est ta chambre. Et là, ce sont les tunnels, puis l'extérieur. Me dit il, pointant du doigt les écrans.

- Qu'y a t il encore derrière la forêt ?

- Pas grand chose à vrai dire. Nous sommes sur une île, loin de tout. Nous ne pouvions pas prendre le risque que tu découvres la présence de ta micro-puce, que tu la retires, et que tu ais un moyen de t'échapper.

- Vous voulez dire que si j'enlève la puce, je me souviendrais de tout ?

- Oui, mais il y a un processus à suivre pour pouvoir la retirer sans créer de dommages.

- Démarrez ce processus, je veux retirer cette puce maintenant.

- Cela n'enlèvera pas tes nouveaux souvenirs, et deux personnes se battront en toi Khalek, l'ancien toi, et le nouveau.

- Peu importe. Faites le ! Lui réclamais je.

- Ce n'est pas aussi simple. Cela prend des semaines.

- Vous voulez dire que je n'ai pas le droit de quitter cet endroit ?

- Je te rappelle que tu es un prisonnier à l'origine. Tu as accepté de vivre l'expérience. Je décide du moment où tu pourras partir Khalek.

- Vous voulez donc me garder pour poursuivre vos expériences ?

- Il faut bien la mener jusqu'au bout pour savoir si celle ci a été efficace.

- Que se passera t il quand je récupererais mes souvenirs ?

- Tu les auras progressivement Khalek, mais ton nouveau toi, plus stable, moins émotif, devrait être en mesure de gérer l'apparition de ces souvenirs, et de comprendre le mal que ton ancien toi a pu commettre.

Je venais à peine de découvrir que j'avais été sorti d'une réelle prison, pour me faire enfermer dans celle ci, et voilà que j'apprenais que j'allais devoir y rester pour une durée indéterminée. Le sang me monta à la tête, et je me mis à hurler sur l'homme pour qu'il accède à ma requête. Mais celui ci resta de marbre, et m'invita à le suivre, à nouveau, jusqu'à son bureau. Très énervé, j'acceptais, tout en lui soulignant, encore et encore, que je voulais impérativement qu'il me retire cette puce qu'il avait logé dans mon cerveau.

- Je ne veux pas rester ici plus longtemps. Insistais-je.

- Je ne peux pas te laisser partir avec la puce encore dans ton cerveau. Tu ne connais pas le monde d'aujourd'hui, ton esprit est convaincu d'avoir vécu dans un tout autre univers.

- J'ai lu beaucoup de livres, je saurais m'en sortir.

- C'est impossible, je suis désolé Khalek.

- Alors retirez moi la puce. Et si mon corps ne le supporte pas, tant pis pour moi.

- Ne t'en fais pas. Je te la retirerai. Mais il faut y aller progressivement. Je ne peux pas prendre le risque de te tuer. Tu n'imagines pas tout le temps, l'argent, et le travail que j'ai mis dans ce projet.

Je me fichais bien de savoir si l'issue du retrait de ce composant allait me tuer. Je n'avais rien, personne dans ma vie d'avant, et personne dans cette vie là. Que pouvais je bien perdre de plus ?

Arrivés dans son bureau, monsieur Dillermo insista pour que j'accepte de me mettre assis. Je finis par l'écouter, les jambes incapables de rester inertes dans cette position.

- Calme toi Khalek. Me demanda l'homme.

- C'est tellement facile pour vous.

- Qu'est ce qui te dérange le plus ? Le fait de découvrir que tu ais pu tuer des personnes, ou le mensonge dans lequel tu te sentais si bien ?

- Vous ne pouvez pas comprendre.

- Et bien, si tu m'expliquais... Insista t il.

- Je ne veux plus parler avec vous.

- Tu ne vas pas vraiment avoir le choix.

- C'est hors de question. Laissez moi sortir. Criais je en me levant, et en allant tenter d'ouvrir la porte, qui avait été soigneusement fermée à clé.

- Il faut vraiment que tu te calmes jeune homme.

- Sinon quoi ? Vous allez dire à ma puce d'être encore une nouvelle personne ? Un nouveau pantin avec lequel vous pourrez jouer indéfiniment ?

- Khalek, je ne te le répéterais pas. Tu ne partiras pas d'ici. Cela ne te sert donc strictement à rien de crier, de frapper contre les murs et les portes, ou de t'emporter.

Il m'était impossible de me calmer. Pas plus que de lui déverser la haine que je ressentais face au complot dans lequel il m'avait mis, en sachant les dégâts que cela pourrait causer, tant je n'avais plus de mot pour exprimer ce qu'il pouvait bien se passer dans ma tête. Je n'avais pas été un homme un bien, dans mon passé, certes. Mais je me sentais à présent convaincu d'une chose, nul homme ne voudrait que l'on efface ce qu'il est, pour en faire quelqu'un d'autre. Ce n'est pas ainsi que l'on apprend des leçons. Changer n'est pas évoluer.

Plus j'observais celui qui me paraissait plus sympathique quand il n'était encore qu'un étranger, plus je ressentais la haine qu'il m'inspirait. Comment avait il pu à ce point jouer avec une vie, et trouver cela révolutionnaire ? Alors, pensais je, peut être que l'ancien Khalek avait accepté qu'on lui montre cet autre version de lui, qu'on le manipule, qu'on fasse de lui un pantin pour qu'il ne soit plus un assassin. Peut être, après tout qui sait, qu'il n'avait apporté aucune objection à cet état de fait, par incapacité à assumer ses actes, et l'horreur qui sommeillait en lui. Mais le nouveau Khalek, lui, ne pouvait comprendre et accepter la trahison, l'illusion d'une vie, l'enfer qu'il croyait être un paradis. Pris de rage, je me sentis sombrer dans le plus profond des instincts sauvages de mon esprit. Pour sortir de là, j'avais conscience d'une chose, il fallait que je fasse quelque chose qui me fasse quitter cette île de malheur. Quitte à ce que ma nouvelle prison, en soit une réelle. Je saisis alors le presse papier en marbre, posé juste là, sur son bureau, et alors que j'allais libérer mon bourreau de ses propres péchés, je sentis quelque chose pénétrer dans ma jambe.

Je levais les yeux pour observer monsieur Dillermo, comprenant que celui ci avait, une fois de plus, réussit à user de son horreur pour me neutraliser à coup de seringue pleine de tranquillisants. Avant même que ma main ne puisse se lever complètement, pour lancer le presse papier contre sa tête, je le sentis me glisser des mains. Mon corps se paralysa, et le sol m'aspira en quelques secondes. Mes genoux cognèrent sur le parquet, avant que mon visage ne vienne s'écraser sur le tapis. Je vis les pieds du scientifique s'empresser d'ouvrir la porte pour appeler les gardes, et soudain, ce fut le trou noir. 


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