Nos espoirs de fuite venaient ainsi de s'effondrer. Nous étions minuscule, face à une cloison allant presque aussi haut que les arbres de cette forêt sans fin. Ce mur était lisse, de sorte à ce qu'il ne puisse être escaladé, qu'importe les capacités de celui qui voudrait s'y risquer.
- On est complètement coincé. Lançai je à Bino.
- Peut être pas ! Il y a forcément une porte quelque part, qui mène de l'autre côté.
- Et tu comptes longer tout ça ? Alors qu'il est possible que cela entoure sur des kilomètres et des kilomètres Dillermo ?
- Tu as une meilleure idée peut être ? Me répondit il.
- Il faut qu'on retourne aux tunnels.
Je ne pensais pas m'entendre dire une telle chose. Je redoutais plus que tout la réaction de Paride après ça. Mais mourir de faim ici ne m'enchantait guère. Je n'avais pas envie de finir chez les sacrifiés, mais ignorant ce qu'ils devenaient, cela me paraissait un soupçon plus doux que le sort qui nous était réservé en restant ici. Bien sûr, Bino avait sans doute raison. Il devait exister une porte, quelque part.
- Lior nous l'avait dit. Pensais je soudainement.
- De quoi ? Me répondit Bino.
- Qu'il nous faudrait des mois avant de voir l'extérieur. Ici, ce n'est pas l'extérieur !
- Qu'est ce que tu racontes Khalek ?
- Le véritable extérieur, c'est encore derrière cette façade. Ici, ce n'est que le prémisse des choses. Un terrain de jeu pour nous préparer à ce qu'il y a derrière.
Mes propos se tenaient, et Bino semblait rapidement convaincu de ceux ci, au moins autant que moi. Cela ne faisait plus aucun doute. Alors que nous avions cru avoir évolué dans notre formation, nous n'en étions finalement qu'au premier quart, tout au plus. Nous n'avions effectivement pas d'autres choix que de retourner chez nous, aux tunnels, à Dillermo. Qu'importe le prix qu'il faudrait payer pour avoir osé tenter de s'échapper d'ici. Il fallait que l'on assume, que l'on soit des hommes, comme on l'attendait de nous. Bino n'était pas tellement emballé par l'idée, mais faute de mieux, nous décidions, ensemble, de retourner jusqu'aux tunnels, tels deux prisonniers qui n'avaient pas réussi à aller jusqu'au bout de leur tentative d'évasion.
Nous reprîmes une longue marche, très longue marche. Et quand la nuit finit par tomber, nous décidions de ne pas nous arrêter. Nous n'en pouvions plus, tant la faim, la soif et la fatigue martyrisaient nos pauvres corps. Le retour dura des heures de jour, et des heures de nuit. Durant tout ce temps, nous n'avions prononcé aucun mot, comme si nous réfléchissions à ce qui nous attendait forcément. Mais, lorsque nous avons enfin vu l'entrée des tunnels, Bino m'attrapa le bras.
- Je ne peux pas. Je ne peux pas y retourner Khalek.
- Ne dis pas n'importe quoi. On va le faire ensemble. Je ne te lâcherai pas. Je dirai que c'était mon idée, et que je t'ai contraint de me suivre.
- Mais Malé a parlé, ils ne te croiront jamais. Insista t il.
- Ils me croiront, je saurais me montrer convaincant.
Bino avait raison. Il n'y avait aucun moyen d'assurer que Paride me croit, si je m'accusais de tous les maux du moment. Mais le laisser repartir, seul, dans cette forêt cloturée, ne me semblait pas une bonne idée non plus. Je finissais par le décider à me suivre. J'ouvrais enfin la porte des tunnels, et alors que j'entrais dedans, je me retournais pour vérifier que mon équipier me suivait bien. C'est alors que Bino, comme dans un étrange remake de la dernière nuit de Réro, décida de me laisser seul.
- Je suis désolé. Je ne peux pas te suivre Khalek.
Bino me lâcha ses mots, sans me laisser le temps de réagir. Il referma la porte vivement, et je me jetais dessus, dans le but de l'ouvrir, et de l'empêcher de faire cette erreur. Mais Bino avait visiblement tiré la malle qui se trouvait toujours à l'extérieur. J'étais piégé à l'intérieur, sans moyen de m'échapper, et je ne pouvais plus venir en aide à Bino. Je savais que, de nous tous, si quelqu'un pouvait survivre à l'extérieur, c'était lui. Pour autant, je le savais déjà affaiblit de ces derniers jours, et ses chances de survie n'étaient pas si immenses.
Je me retrouvais sans plus aucun autre choix que de retourner voir Paride, assumer mes actes, et espérer pour Bino qu'il s'en sorte. Je marchais, sans me presser, jusqu'à l'enfer qui m'attendait.
- Mais qui voilà ! Ne serait ce pas celui que tout le monde recherche ?
Paride était assis sur le sol, comme s'il se doutait que j'allais revenir. Il savait bien ce que j'avais trouvé à l'extérieur, et n'avait jamais eu peur que je quitte les lieux, tant il savait que c'était presque impossible pour un rapporteur n'ayant pas fini sa formation.
- Alors, on a tenté de fuir ? Me demanda Paride.
- Non. Je suis là.
- Tu es là, mais je ne vois pas ton nouvel ami. Où est il ?
Ne voulant pas le mettre dans une situation plus inconfortable encore, je ne pouvais dire à mon référant que Bino avait simplement fait le choix de continuer son évasion. Je répondis bêtement que je ne savais pas, comme si cela suffirait à le faire passer à autre chose.
- Tu ne sais pas ? Très bien. Alors on va t'aider à retrouver la mémoire. Suis moi.
Je ne savais pas où Paride allait m'emmener. Il semblait évident qu'il n'allait pas me ramener au dortoir, pourtant, une certaine logique me vint à l'esprit. S'il ne restait que Malé et moi, nous étions forcément les deux rapporteurs de cette session, que l'on ai terminé ou pas notre apprentissage. Je me rassurais en tentant de me rappeler si, dans l'histoire de Dillermo que j'avais apprise, il était déjà arrivé qu'un seul rapporteur soit choisi. Ce n'était pas le cas, j'en étais sûr. Qu'allait il faire pour me remettre dans ce droit chemin que je n'avais pas encore vraiment suivi ? Je suivais Paride, en m'interrogeant sur tout ceci, jusqu'à ce qu'il me mène à cette fameuse pièce où j'avais été en compagnie de Lior, au début de ma formation. Il m'invita à me mettre assis, et me demanda d'attendre.
>>>> A suivre - Chapitre 26 - L'enfermement <<<<
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DILLERMO
Science Fiction"Dillermo, c'est une sorte d'immense cuve, bien entourée par de grands rochers, nous permettant de nous terrer dans cet endroit, devenu le seul lieu de vie n'étant pas encore tombé dans un état totalement sauvage, à notre connaissance." Dillermo est...