Il était une fois, sinon, sûr qu'on ne le raconterait pas, à l'aube des temps quand les poules avaient des dents, quand les loups et les agneaux étaient frères de sang, quand on ferrait les puces qui, une tonne de fer attachée à chaque patte, sautaient jusqu'au ciel et nous en rapportaient des contes. En ce temps-là les mouches signaient sur les murs. Plus habile menteur est celui qui n'en est pas sûr.
Il était une fois un roi et sa reine, lesquels, étant tous les deux jeunes et beaux, souhaitaient avoir des enfants. Ils s'y étaient pris à plusieurs reprises par tous les moyens possibles, ils avaient consulté des médecins puis des astrologues pour qu'ils étudient les étoiles et leur disent s'il y avait quelque espoir mais tout cela en vain.
Enfin, le roi eut vent d'un vieux sage qui habitait dans une contrée lointaine et envoya le chercher. Celui-ci répondit aux messagers que c'était à ceux qui en avaient besoin de venir le voir. Le roi et la reine quittèrent donc le château et, accompagnés par quelques grands boyards, soldats et autres serviteurs, se rendirent auprès du vieil ermite. Lorsqu'il les aperçut au loin, le sage vint les accueillir avec ces mots:
- Soyez les bienvenus! Que veux-tu savoir, grand roi? Ton désir ne t'apportera qu'une grande tristesse.
- Ce n'est pas là ma question, répondit le roi, mais plutôt, si tu en es capable, donne-nous un remède qui nous permette d'avoir des enfants.
- Je le ferai, dit l'ermite, mais vous n'aurez qu'un seul enfant.,.. Il sera beau et plein de tendresse, mais vous ne vous réjouirez point.
Prenant le remède, le roi et la reine rentrèrent gaiement au château et quelques jours plus tard la noble épouse fut enceinte. La cour et le royaume entier, jusqu'au dernier vassal, se réjouirent grandement de cet événement.
Cependant bien avant l'heure de sa naissance, l'enfant éclata dans de tels pleurs qu'aucun sage ou médecin ne sut l'apaiser. Le roi commença alors à lui promettre toutes les richesses du monde mais rien ne le faisait taire.
- Tais-toi, mon cher fils, disait l'empereur, et je t'offrirai tel ou tel royaume, tais-toi, mon fils, et je te donnerai pour épouse telle ou telle princesse. Et il fit beaucoup d'autres promesses dans le genre. A la fin, voyant que son fils ne cessait de pleurer, il le pria encore:
- Tais-toi, mon fils, et je t'offrirai Jeunesse sans vieillesse et vie sans Fin.
Alors l'enfant se tut et vint au monde.
Les serviteurs annoncèrent sa naissance aux sons de timbales et de trompettes et, dans tout le royaume, les gens festoyèrent pendant une semaine entière.
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Ulysse sans Ithaque
PoetryEntre ce que je vois et ce que je dis, Entre ce que je dis et ce que je ne dis pas, Entre ce que je ne dis pas et ce dont je rêve, Entre ce dont je rêve et ce que j'oublie - La poésie. Se délie Entre le oui et le non: Dit Ce que je ne dis pas, Se ta...