Chapitre 9

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Pdv de Ingrid

Je devrais me rendre, je le savais. 
Mais une autre idée me traversait l'esprit. Un peu plus tard, un autre flash m'avait appris qu'ils avaient -difficilement- transporté William au Paradis. 
Or, j'avais la clé du Paradis. Je pouvais donc aller le récupérer. Mais... Comment faire??? Comment éviter les gardes postés en faction près du portail? Déjà, il fallait rejoindre le portail. Mais, avec toutes les sentinelles qui étaient réparties dans la ville, je risquais gros.
Il fallait que je repasse par le Purgatoire, ce dont je n'avais aucune envie puisque je risquais de retomber sur Lucifer...
Assez cogité ; il était temps de me mettre en route ! Je pressais le pas, me dissimulant dans l'ombre pour ne pas me faire remarquer : le couvre-feu était sonné depuis plusieurs heures, et si je me faisais prendre... 
Je frissonnais dans l'air frais de la nuit, mais ce n'était pas à cause du froid... 
Quand l'aube colora le ciel d'or, je pénétrais dans un petit café peu rempli. 

Je commandais une tasse du breuvage amer, pour chasser la fatigue tapie derrière mes temps. 
La boisson me brûla le palais, mais j'accueillis avec joie la chaleur du café. Quelques personnes me jetèrent des regards soupçonneux, fixant ma cape d'un air désapprobateur, mais personne ne vint m'embêter. 

Une demi-heure plus tard, je me résolus à partir dans le froid. Quelques minutes plus tard, alors que j'avançais rapidement dans les ruelles sombres, je vis un bataillon de soldats entrer dans l'établissement où je me trouvais quelques instants auparavant. 

Je me fis violence pour ne pas courir, avant de ne pas paraître en fuite -car c'était le cas-, mais redoublais tout de même d'allure. 
Vers midi, j'arrivais devant le Purgatoire. 
En voyant le symbole des démons, un serpent enroulé autour de cornes sombres qui barrait des ailes noires, je tressaillis, malgré la chaleur du soleil qui caressait ma peau. 

Deux gardes étaient postés devant l'unique accès. Quand j'entrais dans leur champ de vision, ils croisèrent leurs épées,de façon à me bloquer le passage. 

"Halte!!! Qui va-là? 

- Je voudrais passer. 
- Et pourquoi on te laisserait passer? 

-...

- Laissez-la passer.

- Mais, mon Prince... tenta l'une des sentinelles. 

- Laissez-la passer, j'ai dit."

Les deux démons s'inclinèrent et je levais doucement la tête pour apercevoir mon sauveur. Quand je plongeais mon regard dans ses pupilles améthystes,  mon souffle se coupa: s'était Lucifer que je dévisageais avec insistance. 

" Alors, Ingrid, je t'ai manqué? 

Je restais muette, pétrifiée. Comment faire pire? Il allait me livrer et je mourrai certainement, et William aurait sûrement des ennuis lui aussi. Le prince reprit la parole: 

- Alors, où est passée ta répartie? Tu es bouche bée devant ma beauté?

- Tu... Tu vas me livrer? 

Son expression enjouée devint sincère et compréhensive.

- Ingrid, je te promets, je ne ferais jamais quelque chose que tu ne souhaites pas. Et, tu ne souhaites pas être livrée, n'est-ce pas?

- Non, certainement pas. "

Le jeune Prince m'entraîna à sa suite dans l'immense palais qui se dressait devant nous. Je le suivis tant bien que mal à travers le dédale de couloirs marbrés. 
Il s'arrêta enfin devant une vaste suite, décorée avec élégance, et qui faisait la taille d'un petit appartement. 

" Où sommes-nous? demandai-je.
- Dans mes appartements. 
- Pourquoi tu m'as emmenée ici? 
- Pour te montrer ton nouveau lieu de résidence. 
- Mais, enfin, tu ne peux pas m'héberger ici! Je suis recherchée dans tout le royaume, et aussi dans le tien. 
- Voyons, Ingrid, tu crois vraiment que ces soldats ridicules tenteront quelque chose contre moi? 

Tout en disant cela il tendit la main et une boule de feu jaillit, qu'il fit disparaître juste avant qu'elle me touche. 

Je déglutis avec difficulté. Il était vraiment très impressionnant. Je repris la parole, cherchant à le convaincre de sa folie. 

- Même si ce que tu dis est vrai, où dormirai-tu, toi? 

- Ici, pourquoi, ça te dérange? 

Il fit un pas et j'eus un mouvement de recul. La déception se peint sur son visage et il eut l'air sincèrement triste que j'ai peur de lui. Car c'était le cas. Son expression devint neutre, et il continua sa tirade.

- Enfin, Ingrid... Il y a au moins 6 chambres dans cette suite. tu auras la tienne! 

Malgré moi, je soupirai de soulagement et bredouillais quelques mots afin de me rattraper: 

- Oui, bine sûr, je m'en doutais... Et euh...

Il éclata de rire devant ma maladresse, et, bien malgré moi, je fus soulagée de ne pas l'avoir déçu. Ma raison me disait que si je ressentais une chaleur étrange dans mon ventre, c'était parce que le Prince pourrait m'aider mais...
Sa voix me tira de ma rêverie. 

- Bien, maintenant que tu es rassurée et en sécurité, tu peux enlever ta cape."

Il s'approcha de moi à pas lents et souples, tel un tigre rodant autour de sa proie. Troublée, je le suivais des yeux, sentant le rouge me monter aux joues. 
D'un geste vif, il arracha la broche qui retenait ma cape. Le vêtement tomba à terre, dévoilant ma robe déchirée et mes ailes. 

Il effleura mes plumes et je frémis, créant un léger courant d'air. 

"Jolie couleur. commenta-t-il. 

Nos visages étaient proches, et un simple mouvement de tête suffirait pour que nos bouches se touchent. 
Mais, alors que je croyais qu'il allait m'embrasser, il s'écarta au dernier moment et se dirigea vers une petite porte fermée. Je le suivis, étonnée de son comportement étrange. La pièce de la taille d'une chambre était en fait un énorme dressing, rempli d'habits tous plus beaux les uns que les autres. 

Il me laissa seule dans la salle, me recommandant de changer de tenue. 
Je choisis une robe noire et légère, dont le corset enserrait ma poitrine, et la jupe s'évasait à la taille, ondulant autour de mes cuisses. Le tissu était troué dans le dos, afin de laisser passer mes ailes dorées. 

Quand je m'observais dans le miroir, je m'accordais un sourire. J'étais peut-être humaine, mais j'avais changé. Et le résultat n'était pas trop mal. 

Et si le Paradis était un enfer?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant