Chapitre 6

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Quelque chose d'humide roula sur ma joue. J'ouvris mes yeux et vis William, penché sur moi, qui pleurait en silence. 

" Wi...William??"

Il tourna la tête cria de joie. 

 " Ingrid!"

Il me prit dans ses bras et me fis tourner en l'air. Je le laissais faire abasourdie. 

Il me reposa délicatement: 

" Maintenant tu ne veux plus me tuer? demandai-je en mimant l'interrogation. 

- Ingrid... Je suis désolé...

- Et qu'est-ce qui me dit que tu n'es pas en train de me tromper pour me ramener au palais? 

Il prit un air peiné. 

- Tu... Tu ne me fais plus confiance?

Son air abattu faisait fondre ma détermination, mais je ne cédais pas:

- J'ai du mal en effet... dis-je d'une voix sarcastique. Voyons voir, tu m'as poursuivie, arrêtée, injecté un poison et tu m'as également confié que tu ne m'aimais pas et que tu préférais me voir morte...

- Ce n'était pas moi!

- Alors, c'était ton double maléfique. Grand, brun, les yeux vert océan... Et, étrange coïncidence, il s'appelait William!

Il gémit, surement surpris de ma répartie et de ma méchanceté. Je n'avais jamais été comme ça avec lui, mais c'était mon comportement en présence d'ennemis. Il en était devenu un. 

- Oui, c'était mon corps, mais pas mon esprit! 

- Ah! Je comprends! Tu es en train de dire qu'un esprit autre que le tien habitait ton corps? Ce n'es pas courant! 

- Ingrid! Arrête ce petit jeu tout de suite! 

- Mais je ne joue pas, William. 

Je lui avais dardé un regard froid, et masqué mon trouble avec une expression neutre et indéchiffrable. 

- Tu sais très bien ce que je veux dire. Le Créateur contrôlait mon esprit, et me forçait à faire ce que j'ai fait. 

Je haussai les sourcils

- Le Créateur? Il aurait eu du mal à te jeter un sort! 

Cette phrase était en réalité un test. S'il était lui, il savait que le Créateur était enfermé quelque part, privé de ses pouvoirs. Sinon...

- Mais enfin si! ... Le Créateur... Non,  l'imposteur qui se déguise en Créateur contrôlait mon esprit! 

Je mourrai d'envie de le croire, mais son hésitation me faisait douter; Je n'avais pas le droit à l'erreur, aussi je restais froide comme la glace. 

- Admettons. Quelle preuve aurai-je de ton honnêteté? 

- Je t'ai sauvé la vie! 

Ainsi c'était lui... Je ne savais pas si c'était une bonne chose ou non. C'était peut-être pour ça que je m'étais retrouvée prisonnière de mon propre corps. 

- Tu m'a sauvée de quoi? 

- Tu étais tombée...

- Sauté.

- Quoi? 

- J'avais sauté de la falaise. 

- Donc tu as... sauté de la falaise, et je t'ai rattrapée. 

- Soit, mais pourquoi pensais-tu que j'étais morte? Tu m'avais ramenée, pourtant...

- Oui, mais tu ne te réveillais pas alors...

- Pourquoi? 

- Pourquoi quoi ?

- Pourquoi je ne me réveillais pas? 

- Parce que tu étais empoisonnée alors je t'ai fait boire de l'ambroisie. 

- Aaaaaah... On y arrive! J'étais empoisonnée parce que Monsieur m'avait administré un certain sérum. Et si j'ai failli mourir, c'était de ta faute!

- Mais je t'ai sauvée! 

- Tu as essayé de te rattraper, oui!

- Grâce à moi tu es en vie! 

- Espèce d'égoïste, incapable! Tu n'est qu'un ANGE !!!"

J'avais crié le dernier mot et il sonnait comme une insulte. William devint livide, et, pour extérioriser ma colère, je tapais du pied, et, à ma grande surprise, me retrouvais dans le ciel. 

Je regardais mes plumes, devenues dorées. Je battis des ailes et fis un nouveau bond dans les airs. Je poussais un cri de joie. Je pouvais voler. J'étais libre!

Et si le Paradis était un enfer?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant