Chapitre 30

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Deux semaines s'étaient écoulées depuis notre escapade, et plus aucun doute ne venait me troubler. Je passais des journées merveilleuses avec Peter et je ne pouvais pas m'empêcher de sourire. De sourire malgré la mort de Graciella, de sourire malgré les répliques de séismes qui secouaient régulièrement la ville. 
Certaines personnes diront sûrement que je ne peux pas prétendre l'aimer, alors que cela ne faisait que trois semaines que nous nous étions rencontrés. 
Mais en vérité je le connaissais depuis longtemps, très longtemps et j'avais juste appris à le redécouvrir. 
Il m'avait tellement manqué sans que je le sache... Il était mon ancre, mon point de repère dans un monde en constante évolution. Je me reconstruisais peu à peu, j'oubliais les drames. 
Et j'enfouissai le Paradis au plus profond de ma mémoire, même si je savais que jamais je ne pourrai oublier. 

Lucifer et William me manquaient, mais je n'étais pas amoureuse. Leur présence me faisait défaut, malgré tout je les considérais à présent comme des amis. 

Je n'avais plus rêvé de l'ange. Ayant accès à la sphère de la vérité, il avait sans doute vu que j'étais à présent heureuse et décidé de continuer sa vie sans moi. 

Quant à Lucifer... je n'avais pas eu de nouvelles mais nous ne pouvions pas nous parler. Il était sûrement devenu froid et distant, redevenu le Prince des Ténébres. En un certain sens je le regrettais. Ses prunelles améthystes hantaient mes songes et je ne pouvais pas me résoudre à l'oublier. Car même si j'étais convaincue de mon amour pour Peter, le beau démon continuait d'exercer une attraction irrésistible sur moi, malgré la distance. 
Je poussai un soupir qui relança la douleur qui me vrillait le crâne.
Depuis cinq jours j'étais victime de migraine et de malaises, ponctués de crises de fièvre et de frissons.
Je restais allongée dans le noir pendant toute la journée pour limiter la souffrance.
Je ne l'avais dit à personne, prétextant des effets secondaires du prétendu traitement pour retrouver la mémoire.
Seule Maria n'était pas dupe, mais je refusais de la laisser entrer dans ma chambre pour éviter tout risque de contamination.
Peter était parti depuis une semaine pour essayer de gagner de l'argent. Il m'avait envoyé un message, me prévenant de son retour.
Je redoutais le moment où il arriverait, car il ne voudrai pas accepter de me laisser seule. Je ne pourrai pas lui fournir d'excuse et il devinerait mon état. Car sans aucun doute, j'étais malade. Et sans médecin pour me donner un diagnostic, je ne pourrai guérir.
Autant attendre de mourir...
Mais à présent j'étais redevenue une personne, capable d'aimer et d'être aimée.
Et je n'étais pas prête à sacrifier la vie avec Peter qui s'offrait à moi.
Trois petits coups sur ma porte me firent sursauter.
La porte s'ouvrit doucement sur Peter.
Il m'appela doucement.
" Ingrid ?
Je m'efforcais de rendre ma voix éraillée par les quintes de toux plus douce pour lui répondre.
- Peter?
- Je suis rentré...
- J'avais remarqué...
Sur son visage, je crus entrapercevoir la marque de la culpabilité mais il étira des lèvres en un sourire faux.
Le doute s'empara de mon esprit et les paroles de Maria me revinrent à l'esprit. Il y a quelques jours, elle m'avait mit en garde contre Peter en retournant mes mots contre moi.
" Souviens-toi, avait dit ma sœur, quand tu es revenue, tu disais que Peter t'avait blessée. Tu étais furieuse contre lui et d'un coup, comme par magie, tu décides de lui faire confiance... Décidément l'amour est aveugle..."
Je plongeai mes yeux dans ses pupilles noisette :
" Qu'est ce que tu m'as fait, Peter ?"

Et si le Paradis était un enfer?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant