Et si le Paradis était un enfer?

Chapitre 20

Je soulevais avec difficulté mes paupières.
Au-dessus de moi, un toit délabré.
Je clignais des paupières comme pour chasser la migraine tapie derrière mes tempes.
Je le levais avec difficulté, tout mon corps perclu de courbatures et examinai la bâtisse de bois dans laquelle je le trouvais.
Les seuls meubles étaient une table, deux chaises et un lit.
Je me dirigeais vers la fenêtre, et découvris à ma grande surprise que le bâtiment était construit sur un grand pin dont les branches me fouettaient le visage, me rappelant des souvenirs d e journée ensoleillées et de jeux. Je savais où j'étais. Quelqu'un m'avait amenée dans l'endroit que ma soeur Maria et moi appelions " La Cabane".
Je descendis précautionneusement l'échelle de corde qui descendait jusqu'au sol tapissé d'aiguille de pin.
La bonne odeur de la sève raviva d'autres réminiscences dans ma mémoire.
Les arbres étaient squelettiques et l'herbe desséchée mais l'air était sain et chargé des parfums capiteux des fleurs colorées qui poussaient au bord du sentier.
Sur le sol un éclat brillant attira mon regard. Je ramassais l'objet qui brillait sur le sol moelleux.
C'était une chaîne, au bout de laquelle pendait un morceau de verre poli coloré.
Mon cœur fit un bond dans ma poitrine. Ce collier m'appartenait, je reconnaissais le verre violet.
Avec Maria, nous avions confectionné deux colliers quasi-identiques, et seule la couleur n'était pas la même.
C'était un symbole du lien très fort qui nous unissait.
Tremblante , j'attachais la chaine autour de mon cou. Quand le métal toucha ma peau, j'eus l'impression de recevoir une décharge électrique. J'étais enfin moi-même.
Si ce collier ce trouvait là, c'était peut-être que Maria n'était pas loin non plus. Mon cœur s'emplit d'espoir, et je me mis à imaginer les retrouvailles avec ma soeur.
Des bruits de pas m'alertèrent.
Derrière les arbres décharnés se profilait une silhouette qui avançait lentement...