Je pressais le pas pour me rendre au marché : j'avais beau être en cavale , j'étais morte de faim,et je ne pourrais pas continuer comme ça longtemps. Tout en discrétion, je m'approchais de l'étal d'un marchand et subtilisais deux tranche de viande séchée et une miche de pain. Je les camouflais sous ma cape et m'apprêtait à partir quand soudain...
"Au voleur, au voleur !" cria le marchand.
Aussitôt, les gardes ailés et moi-même avons entamés une course-poursuite.
Je courais, sautais, roulais au milieu des humains, et les gardes, eux, volaient bas. Ils décidèrent de se séparer pour avoir plus de chance de me rattraper. Je redoublais d'allure, enjambais une poubelle, bondissais au-dessus d'un étalage. J'étais déjà épuisée alors que mon poursuivant devait voler, en pleine forme.
Contre toute prudence, je fis volte-face et m'arrêtais net devant l'ange et ce fut comme si mon coeur explosais. Le nœud dans ma poitrine de libéra, et comme un ballon qu'on dégonfle, je sentis tout l'air présent dans mon corps sortir de mes poumons, pour prendre une grande inspiration.
J'avais l'impression de renaître. Ce visage, je le connaissais par coeur, ces yeux, je me rappelais leur profondeur, et ces cheveux, j'aimais leur douceur. William. La voix de la raison me criait de partir en courant, mais moi, j'étais comme hypnotisée. Ses muscles saillants, son teint mat, ses yeux vert océan, sa bouche, tout m'attirait en lui. Immanquablement, je fis un pas vers lui. Il ne bougeait pas, alors je m'avançais encore. Je sentais que j'étais en train de faire n'importe quoi, mais je me collais contre lui, retirais ma cape et l'embrassai à pleine bouche. Il ne me repoussa pas, mais il ne me répondit pas non plus.
Soudain, une douleur fulgurante se répandit dans mon dos. Je reculais, trop tard. William tenait dans sa main une seringue. Ma vue se brouilla, autant par les larmes qu'à cause de cet étrange sérum.
Mes jambes fléchirent et je tombais dans les bras de William. Comme avant... Pendant un court instant, je m'imaginais que tout allait bien, que nous n'étions pas séparés.
Ma rêverie s'estompa rapidement. William me déposa doucement à terre, et, tout en me caressant les cheveux, il me parla d'un ton bas et menaçant:
" Le produit que je t'ai injecté effacera tes souvenirs , brouillera ton esprit, étiolera tes forces jusqu'à ce que tu ne puisses même plus soulever ta poitrine pour respirer et que tu meures. Et à ce moment là, je serais heureux que tu sois enfin un cadavre.
- William... Je croyais que tu m'aimais...- Cesse de croire en des chimères qui jamais ne seront vraies! Tu vis dans une bulle de croyances dépourvues de sens! Arrête de rêver, réveille -toi Ingrid! Je ne t'ai jamais aimé et je ne t'aimerais jamais!
- Tu veux me voir morte... Pourtant , les anges sont immortels...
- La potion fait déjà son effet? As-tu déjà oublié le secret ?
- Quel secret? "
Il tourna les talons sans me répondre. J'étais au comble du désespoir. Ses paroles m'avaient littéralement détruite. Je n'avais aucune envie de me battre pour survivre. Automatiquement, mon corps se souleva avec difficulté pendant que mon esprit lui criait de s'arrêter. Épuisée par cette bataille mentale, je déclarais forfait et laissais les commandes à mes jambes.
"Hé! Reviens! cria William, s'apercevant de ma fuite.
Je me mis à courir, bousculant des humains pour tracer ma route. J'avais l'impression d'avancer dans de l'eau, et mon esprit était noyé dans un océan de brume. J'avançais sans but, traversant les ruelles obscures tel un corps sans vie. Je ne comprenais pas ce qui m'arrivait. Pourquoi avais-je été agressée par un homme étrange? Où étais-je?
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Et si le Paradis était un enfer?
FantasíaJe suis un ange. Mais pas n'importe quel ange: je suis un ange déchu. Je suis recherchée à travers les cieux. Pourquoi? J'ai volé la clé du Paradis. Je m'appelle Ingrid et je suis prête à tout. #104 le 21/09/16