Chapitre 8

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Pdv de Ingrid

Je ne saurais dire combien de temps je suis restée là, dans les bras de William, à verser toutes les larmes de mon corps. 
La tristesse m'avait submergée comme une vague qui aurait envahi mon coeur , et qui, en se retirant, aurait laissé des épines et des pierres qui entaillait mon esprit, qui écorchaient mon âme, faisant couler les dernières gouttes d'espoir qui me restaient.
A présent, je me sentais vidée. Et lasse. 

William s'était endormi en me veillant et, le visage serein comme si la nuit avait gommé toute l'anxiété de ses traits, il ressemblait à un ange. Il était un ange. 

Mes doigts tracèrent doucement le contour de son visage, repassant la ligne droite de son nez et les courbes de sa bouche.
Pour achever de le réveiller, je l'embrassai doucement.

Il entrouvrit les yeux, prêt à retomber dans le sommeil. Quand ses pupilles désorientées s'ancrèrent dans les miennes, il eut un grand sourire, et, attrapant mon visage entre ses mains, il m'embrassa à son tour, provoquant un feu d'artifice dans mon coeur. 

La force de son amour, de notre amour, gonflait en moi comme le vent dans une voile, balayant les éclats de douleur semés dans mon âme. 
Quand nous nous séparèrent, ma respiration était saccadée, et la tête me tournait. Pour ne pas tomber, je plongeais mes yeux dans ses iris vert d'eau, voyant ce que je cherchais depuis longtemps, trop longtemps. 

Il me regardait avec amour, ses yeux étaient l'équilibre parfait entre la sincérité, la sécurité et la stabilité. 

Je n'avais fait que repousser la vérité en le poignardant à coups de mots, hier. 
Il était mon foyer, stable et fort, qui me protégerait avec la ferveur de son amour. 
Je l'aimais, et il était temps de l'avouer. 
Je pris une grande inspiration et ouvris la bouche: 

"Je t'aime William. 
Il me regarda comme si je venais d'exaucer son vœu le plus sincère puis prit la parole à son tour. 
- Moi aussi je t'aime Ingrid, et je l'ai toujours su."

Sur ces mots il m'embrassa, et je sus à cet instant précis où se trouvait le véritable Paradis.

Nous sommes restés là, cachés du regard des autres, allongés côte à côte sur le sol herbeux de la falaise. 
J'avais l'impression de vivre un rêve éveillé. Nous ne parlions pas, chacun se contentant de la présence de l'autre. j'avais retrouvé mon insouciance. 

Mais, hélas! Mes problèmes revinrent au galop, quand mon ventre émit un gargouillement indiscret qui brisa la féerie du moment. 
William partit me trouver de la nourriture - lui n'en avait pas besoin, car c'était un ange- et me laissa seule car j'étais soi-disant " trop visible et recherchée par tous les gardes présents. "

Quand il eut disparu de mon champ  de vision, je battis des ailes pour m'élever dans les airs. Je descendis ensuite lentement le long de la falaise, scrutant la roche à la recherche d'une cavité assez grande pour m'accueillir. 

Le vent fouettait mon visage, s'engouffrais dans ma robe, la faisant voler, mais je n'en avais cure. 
Je pouvais voler, et c'était la seule chose -hormis William- capable de me rendre heureuse. 

Je poussais sur mes muscles, volant de plus en plus vite, et freinai brusquement devant un renfoncement abrité et bien caché. Je m'y engouffrais et attendis que William revienne. 

Mon inquiétude croissait de minutes en minutes, ma peur se nourissait de mes craintes les plus réelles. 
La nuit allait tomber, et un magnfique coucher de soleil embrasait le ciel, colorant la falaise de rose orangé; j'aurais du m'en émerveiller, mais le coeur n'y était pas. 
 Car William n'était toujours pas rentré. N'écoutant que mon instinct au mépris de ma raison, je me couvvris de ma large cape et remontais doucement. Une fois sur terre, je réajustais le vêtement et marchais à pas de course vers la ville. 

Quand j'arrivais enfin, je me tapis dans un coin sombre près d'une zone d'informations holographiques. Je restais plusieurs heures blottie dans l'ombre et ma patience fut enfin récompensée. 

La séance d'IH commença avec un flash qui me brûla les yeux. Un ange aux cheveux de jais, musclé, le port hautain nous regardait avec haine et dédain. 
Il prit la parole de sa voix grave et veloutée de ténor: 

"Ceci est un message adressé à la fugitive Ingrid. Nous détenons votre complice. Rendez-vous aux autorités avant le soleil couchant de demain ou votre ami sera exécuté."

Derrière lui, William, le visage en sang, ligoté sur une chaise de métal faisait non de la tête comme pour me dire de ne pas me rendre. Ses lèvres articulèrent muettement les mots "je t'aime", puis son visage se tordit comme si le simple fait de remuer sa bouche le faisait atrocement souffrir. 

Il ferma les yeux et la ruelle fut à nouveau noire. 


Et si le Paradis était un enfer?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant