Chapitre 27

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Peter conduisait habilement, traversant la ville en partie effondrée. Comme la veille, je reste choquée devant les constructions historiques qui ne sont plus que poussière.
Mais je ne dis rien, consciente des hommes armés qui nous observent d'un oeil mauvais.
Je ne sais pas où Peter m'emmène, et étrangement, ça ne me dérange pas d'ignorer notre destination. Au contraire, ça ne fait que rendre plus mystérieuse cette escapade.
Au début, j'étais vraiment contre l'idée de mon ami. J'étais fatiguée, et je venais de le réveiller de cet étrange rêve. Je voulais réfléchir au calme, et pleurer Graciella en toute tranquillité. Mais il était venu, et m'avait tiré de là.
Et heureusement qu'il était là, parce que j'étais en train de m'enfoncer dans les sables mouvants de la tristesse.
Alors, à présent que j'avais entrevu sa bonté et sa gentillesse, j'avais l'impression que quelque chose s'était ravivé en moi.
Et j'étais encore plus perdue. Je ne savais plus qui j'aimai réellement. Et, alors que j'avais de nombreuses choses à penser, je ne pensai qu'à ça. Un mot tournait sans cesse dans ma tête.
Qui. Qui j'aimai ? Avec qui je voulais vraiment être ?
Mais je n'avais pas de réponse. J'avais beau passer chacun de mes sentiments en revue, je ne connaissais pas de réponse.
Alors que je réfléchissais, le scooter continuait d'avancer et bientôt je distinguais la forêt desséchée.
Je me concentrai sur l'odeur des pins et sur le soleil sur ma peau. Mes problèmes attendraient car je comptais bien profiter autant que possible de cette sortie.
Une centaine de mètres plus loin, Peter coupa le moteur, et m'annonça que nous devions continuer à pied.
Ma curiosité grandissait de minutes en minutes. À chaque pas que je faisais, je me demandai encore et toujours où nous allions.
Nous ne parlions pas, et je me contentais d'écouter le silence.
C'était tellement reposant. Les seuls sons étaient ceux de nos pas sur le sol et de temps en temps le chant joyeux d'un oiseau venait alléger l'atmosphère.
Au bout d'une heure ou deux, Peter s'arrêta devant une immense paroi rocheuse.
"Tu es prête Ingrid ?
- Prête à quoi?
-  À me suivre !"
Il éclata de rire et s'approcha de la pierre, qui était recouverte de lierre.
Il écarta les végétaux, et, à ma grande surprise disparut derrière les végétaux.
Je m'avançais à mon tour en direction de la roche, cherchant à le retrouver.
Je découvris derrière les feuilles un souterrain creusé dans la roche.
Je m'avançais dans le tunnel, méfiante.
Je débouchai rapidement dans une sorte de vallée verdoyante.
Adossé à un arbre, Peter me souriait nonchalamment.
" Bienvenue dans ton royaume Ingrid"

Et si le Paradis était un enfer?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant