Chapitre 36

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Les jours s'enchainaient, noyés dans la brume du quotidien. La routine s'installait lentement, comme le lierre qui s'enroulait autour d'un arbre jusqu'à l'étouffer.
C'était le sentiment que j'avais. Étouffer. J'aurai voulu m'échapper, briser le verre de la monotonie, mais j'étais prisonnière. Prisonnière de mes choix, prisonnière de la société.
Et ce satané secret qui me rongeait toujours. Si j'avais cru me libérer en venant sur Terre, j'avais eu tort. Car j'étais plus enchaînée que jamais, attachée par les chaînes de la vérité.
L'existence du Paradis me hantait, et je ne cessais de penser à William et à Lucifer. Leur présence me manquait, et je me sentais immensément seule.
Personne à qui parler hormis Maria.
J'aurais voulu rencontrer d'autres personnes, découvrir de nouveaux horizons.
Mais l'univers n'est pas une machine a exaucer les souhaits.
Je devais me contenter de ce que j'avais.
Malgré tout quand je m'endormis ce soir-là je ne pus m'empêcher de penser que j'étais de retour au Paradis.
Je sursautai violemment et regardais autour de moi. Quelque chose m'avait effleuré le bras et je frissonnai. Je regardais autour de moi: je n'étais plus dans ma chambre. J'étais entourée d'arbre dans une forêt sombre. Des craquements de brindilles retentirent. Derrière moi se tenait William, les ailes déployées comme s'il allait s'envoler.
Il s'approcha de moi auréolé de lumière:
" Ingrid. Je suis content de te revoir.
- C'est encore un rêve ?
- On peut dire ça... je suis heureux de voir que tu n'es pas tombée malade, j'ai bien fait de demander au Créateur de...
Il s'arrêta soudain de parler, baissant les yeux d'un air coupable.
- Qu'as tu demandé William ?
-...
Je ne renouvelais pas ma question, fatiguée de me battre.
Je fermais les yeux et comptais jusqu'à trois afin de me réveiller mais William m'attrapa le poignet pour m'empêcher de partir :
- Non, attends ! Je vais tout t'expliquer. Même si je pense que ce n'est pas nécessaire...
- Très bien, je t'écoute.
- Et bien je savais que quand tu apprendrai que Graciella était malade et qu'elle allait mourir, tu irais la voir malgré la contagion alors j'ai... j'ai conseillé au Créateur de l'achever avant que tu n'aies le temps de la voir. C'est moi qui aie tué Graciella. "

Et si le Paradis était un enfer?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant