Chapitre 19

63K 5.5K 179
                                    



Einar faisait les cents pas devant l'immeuble de la jeune femme, luttant férocement contre l'envie de monter. Il observait attentivement toutes les fenêtres dans l'attente qu'une lumière s'allume, quand ce fut le cas, Einar crispa sa mâchoire tout en restant planté devant la bâtisse délabrée. La lumière du hall attira son attention.

Allait-elle redescendre ?

Il retira ses mains de ses poches quand il vit l'ange tomber de la dernière marche.

Il se précipita vers la porte, la poussa si fort que la vitre s'était fendue quand elle rencontra le mur.

- Frida !

Il releva son visage, elle était effrayée.

- Quelqu'un est chez moi !

Einar la quitta pour monter les marches, son sang bouillonnait dans ses veines, il s'arrêta au deuxième étage et distingua la porte ouverte, il se précipita à cette dernière, il poussa un juron quand il constata les dégâts, l'appartement de la jeune femme était retourné, en pagaille. En perte de maîtrise de soi, Einar devait à tout prix se ressaisir, l'expérience vécu en guerre contre ses derniers ennemis l'aida à visualiser la pièce, ses yeux examina la pièce en moins de dix secondes. Le temps était maintenant compté, laisser la jeune femme seule dans le hall ne lui permettait pas de prendre son temps. Aucune présence ne se fit entendre, Einar compris que la peur avait tétanisé Frida la laissant persuadée que quelqu'un l'attendait.

Les deux portes se trouvant dans un petit couloir étroit étaient fermées. Einar ouvrit la première, constatant que la salle de bains était intacte. Il ouvrit la seconde dévisagea la chambre et s'arrêta sur le lit froissé comme si quelqu'un l'avait défait volontairement. Il s'avança vers le lit et saisir la mâchoire serrée, la rose rouge.

- Einar ? Appela une petite voix.

Il reposa celle-ci sur le lit et revint sur ses pas, marchant sur les débris sans délicatesse pour rejoindre la jeune femme.

La respiration saccadée, les lèvres entre ouverte, il vit sur son visage d'ange des larmes couler effaçant cette poudre blanche argenté censé faire d'elle une illumination.

Poussé par l'irrépressible besoin de la consoler, brutalement, il la ramena contre lui.

Frida n'arrivait pas à distinguer les voix qui parlaient autour d'elle. Elle balaya son appartement du regard, tout était cassé. Faiblement elle récupéra un morceau d'assiette et le fixa bouleversée.

Un cambriolage ?

Frida aurait bien voulu que ce soit le cas, mais elle n'avait rien susceptible d'intéresser un voleur.

L'inspecteur de police revint vers elle avec calepin.

- Vous êtes sûre de ne pas avoir quelque chose de valeur ? Insista-t-il pour la énième fois.

Des pas lourds brisants sur son passage les derniers morceaux d'assiettes sur le sol, se firent entendre derrière elle. La masse du viking passa devant l'inspecteur.

- Elle vous a déjà répondu laissez la tranquille maintenant. Gronda le roi les sourcils crispés.

Sans lui peut-être qu'elle se serait retrouvée seule devant ces policiers, sans lui peut-être qu'elle ne serait plus en vie.

Elle le regardait à présent comme son sauveur. Peu importe le caractère féroces de l'homme, peu importe s'il ne croyait pas en l'amour, elle voulait simplement qu'il reste avec elle.

- Ce n'est pas un cambriolage et vous le savez tout autant que moi inspecteur. Reprit-il d'un ton aussi froid que la brise glacial qui venait du couloir.

- Mes hommes vont tout faire pour trouver l'auteur. Assura l'inspecteur d'un sourire crispé.

Frida aperçu un sac de voyage dans la main du roi.

Il se tourna vers elle pour l'aider à se lever. De la plus douce des manières il glissa son pouce contre sa pommette, essuyant ses larmes encore visibles.

- Venez je vous emmène en sécurité. Murmura-t-il en la soulevant.

Frida ne perdit pas un seul instant pour nouer ses bras autour de son cou. Blottie contre son corps, elle percevait les battements de son cœur, des battements violents.

Avait-il eu peur pour elle ?

Elle ferma les yeux, bercée par son aisance à descendre les marches, les gyrophares des voitures garées devant son immeuble étaient si forts qu'elle ferma davantage les yeux.

Instinctivement elle se cacha le visage contre son torse chaud.

Einar s'empressa de passer les portes de l'hôtel sans quitter la jeune femme du regard.

Un fit claquer un ordre du bout de sa langue pour qu'on lui cède le passage. Elle entre ouvrit les yeux, les lustres du hall étaient si brillante qu'elle se nicha de nouveau dans le pan ouvert de son manteau.

Il ne se rappelait pas quand pour la dernière fois il avait soulevé une femme. Mais celle-ci était si particulière qu'il refusa de la laisser tomber, même s'il avait dû parcourir quinze kilomètres à pied.

- Impossible de passer, la route était impraticable votre altesse. S'exclama Omar en ouvrant la porte de sa suite.

Fléchissant ses jambes, Einar lui tendit le sac et frôla le sommet de la tête de la jeune femme à moitié endormie dans ses bras.

- Trouve une femme pour la déshabiller. Ordonna Einar en poussant les portes de la chambre.

Il la déposa, la quitta un instant pour récupérer son sac qu'Omar avait posé sur la table.

Une dame apparut dans le luxueux couloir.

- Tenez, j'attends ici. Dit-il en lui tendant un pyjama trouvé au hasard.

L'attente était insupportable, Einar faisait les cents pas devant les portes fermés.

- Il se fait tard Omar, va te coucher merci pour ton aide. Dit-il en lui tapant l'épaule.

Il le gratifia d'un sourire avant de lui faire une révérence et lui lança :

- Je suppose que vous ne voulez pas attendre que la police daigne agir ?

D'un simple regard, il lui fit comprendre que non.

L'homme se retira au moment où la femme de chambre sortait de la chambre.

- Voilà c'est fait, je crois qu'elle s'est endormie. Dit-elle d'une voix maternelle.

Einar lui donna un conséquent pourboire qui la laissa muette.

Einar referma la porte de la suite et s'empressa de retourner dans la chambre. Étendue sur le lit, il distingua à la faible lueur de la lumière sa poitrine se soulever. Einar s'approcha en inspirant, d'un doigt, il effleura son menton, puis se dirigea vers la fenêtre, la pendule indiquait déjà une heure du matin.

Quand il avait pris la décision de venir à Londres c'était dans le but de déverser sa colère sur la jeune femme, de façon à se donner une raison d'oublier leur baiser, mais rien de tout ceci n'avait eu lieu. Elle était là allongée sur son lit, le visage encore maquillé mais légèrement effacé par ses larmes. Einar reporta son attention sur le clair de lune bien décidé à trouver le coupable.


Dans les bras du souverainOù les histoires vivent. Découvrez maintenant