Chapitre Vingt - Objectifs

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Givrali dégringola la vallée tant elle était impatiente d'arriver. La Place Pokémon lui manquait. C'était un endroit si chaleureux dans ses souvenirs. Elle savait très bien que rien ne serait plus pareil à cause de l'arrêt du Temps mais elle voulait pouvoir s'abreuver de la soif de son chez-soi. Tout lui manquait. L'atmosphère chaleureuse, l'ambiance si joyeuse et active, la façon dont tout le monde se saluait quand on se croisait. Tout était source de bons souvenirs, surtout le centre de la place et la base de leur équipe, située aux abords du village. Elle se remémora son mariage dans un sourire qu'elle ne put atténuer. C'est si loin et pourtant si présent... Les quinze ans qui m'ont séparé de Grimpal n'ont fait que renforcer l'amour que je lui porte... Je l'aime, c'est tout. Je n'ai pas besoin de plus pour trouver le bonheur dans une situation aussi désespérée. Elle arriva sur la Place Pokémon si attendue. Elle ne s'attendait pas à subir un choc aussi violent. Le visage effrayé de toutes les statues créait une ambiance sinistre, comme si tout était hanté. Jamais le manque de couleur ne s'était autant fait ressentir. C'était ce qui affectait le plus Givrali depuis leur arrivée dans les contrées figées. Ne plus percevoir la vie dans la nature qui fascinait tant Givrali était un coup au cœur terriblement sévère. La nature était sa raison de vivre. Et même là, la Place était morte, comme ses habitants.
Sa bonne humeur fortement atteinte, elle déambula discrètement entre les cadavres. C'était comme si faire un bruit au-dessus de l'autre était un risque de se faire repérer par un monstre caché dans le noir de la nuit artificielle. Sa vitesse modérée permit à Alakazam et Zorua de la rattraper. Zorua ne prit pas le temps de regarder autour de lui, essoufflé. Il lui fallut quelques secondes avant de comprendre ce qui affectait si soudainement le moral de Givrali. Il se figea avant de se reprendre. C'est lui qui devait aider Givrali à se remettre de cette vision, pas l'inverse. Il se plaça sur le côté de sa compagne et qu'elle prenne appui sur lui. La pauvre femelle s'apprêtait à s'évanouir à cause de la tension. Elle n'avait jamais vu autant de cadavre, et encore moins de gens qu'elle connaissait de leur vivant. Zorua lui intima de poursuivre jusqu'à leur base. De son côté, Alakazam les regarda sans dire un mot. Il semblait songer à quelque chose de bien plus important que l'état de la Place Pokémon.
Le regard de Givrali s'illumina lorsqu'elle entra dans leur bâtiment. La couche que lui avait fait Grimpal lorsqu'elle logeait ici le temps de se remettre de sa blessure était encore là, devenu pierre évidemment. C'était comme ça qu'elle s'était rapprochée de son tendre Grimpal. Incroyable que ce soit une blessure causée par Ectoplasma qui les ait fait se rencontrer. Plus incroyable encore que Givrali ne se soit pas faite harcelée par le pokémon-spectre pour mendier des remerciements de sa part pour son acte jusque là. Une touffe d'herbe au coin de la pièce attira vivement l'œil de la femelle comme si c'avait été un appât. De la couleur ! pensa-t-elle avec émerveillement. Elle appela les autres qui discutaient dehors. Elle les avait appelé comme s'il s'agissait d'une urgence extrême pour les forcer à rappliquer et ce fut un succès. Zorua ne regretta pas d'avoir mordu à la feinte de Givrali. Lui aussi fut autant absorbé par la couleur enfin revenue. Elle n'était pas si large mais elle était bien haute, preuve qu'elle avait poussé depuis ces quinze dernières années. Mieux encore, cela signifiait que la vie naturelle était encore possible malgré l'état de la Vie. Ils firent signe à Alakazam pour lui montrer mais il hocha la tête pour leur faire comprendre qu'il le savait déjà. Alakazam tourna les talons en leur disant qu'ils avaient besoin d'être seuls un moment pour faire le point. Les deux jeunes compagnons acquiescèrent sagement et Alakazam disparut dehors.

Le pokémon télépathe coupa stoppa sa lévitation pour pouvoir sentir à nouveau le contact de sa terre natale pierreuse. Il serra les dents en sentant le contact si étranger. Je vais devoir m'habituer. C'est sûrement le dernier sol que je toucherai avant ma mort... se dit-il avec lucidité. Il se posa dos à la boîte aux lettres et attendit. Il savait très bien ce qu'il attendait et il était prêt à attendre une éternité si besoin en était. Il profita de cet instant de répit pour réfléchir. Il se concentra sur ce sur quoi il travaillait plus tôt. Il en avait gardé le secret tout ce temps. Les secouristes ne devaient pas savoir. Sablaireau... Il était parmi les statues avant que je le déplace. Il est revenu car il avait fui le combat... Après son aperçu de la vie qui l'attendait le jour de leur séparation, il est rentré à la Place Pokémon pour se laisser figer. L'idée de vivre sans la vie autour de lui et dans la peur de mourir à chaque instant était insurmontable. Au fond, je le comprend... Moi aussi, j'ai failli rester du côté pierre...
Ses pensées furent interrompues par l'irruption de ceux qu'il attendait patiemment. Ils pointaient le bout de leur crâne à l'horizon. Alakazam regarda s'approcher les deux nouveaux venus avec un sourire ravi et confiant. Tyranocif et Dracaufeu vinrent à la rencontre de leurs chefs avec précipitation, les larmes aux yeux.

Pokémon Donjon Mystère: Explorateurs du TempsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant