Pokémon Donjon Mystère: Explorateurs du Temps

Chapitre Treize - Punition

Goupix s'arrêta devant le Mont Glacial. Elle ne s'y sentait pas chez elle. C'était comme si durant toutes ces années d'absence, la nature avait repris le dessus. L'endroit semblait encore plus sauvage et hostile, sûrement parce qu'elle n'était plus considérée comme résidente. Le désert de glace avait été pénible à traverser mais grimper la montagne allait être bien pire. Le vent givrant balayait les arrêtes du mont dans un sifflement assourdissant. La neige venait recouvrir son pelage de feu. Elle avait rarement eu aussi froid. Tout était aride, gelé, difficile à pratiquer. Comment ai-je pu vivre là-dedans aussi longtemps ? Le Donjon Mystère était peut-être la cause de cette progression de la nature. Ou ce pouvait être causé par les catastrophes naturelles. Mais Goupix savait une chose : Absol et Feunard se trouvaient là, encore en train de s'entraîner.
L'ascension de la montagne fut plutôt tranquille. Les pokémons sauvages devaient sentir la familiarité de Goupix avec le Mont Glacial : personne ne l'avait attaqué. C'était étrange de retrouver ces pokémons sauvages. C'était tout aussi singulier de les voir aussi amicaux. Avec l'exploration, elle s'était habituée à devoir faire face à leur instinct de protection. Elle en venait à croire que les pokémons essayaient de faire en sorte que Goupix se sente à nouveau chez soi. C'est inutile ! Je ne suis pas revenue pour m'installer ! Je n'ai pas besoin de toute cette hospitalité... Goupix ressentit une pointe au cœur. Elle était touchée par l'accueil que lui faisaient tous ces inconnus. Elle se rendit compte à quel point tout ça lui manquait. Cette atmosphère presque fraternelle entre tous lui manquait. Elle se souvenait encore de la difficulté qu'elle avait eu pour s'intégrer à Bourg-Trésor et sans Grimpal, elle y serait peut-être encore. C'était à cause de cette fraternité naturelle qu'elle adorait le Mont Glacial et qu'elle l'avait quitté. Goupix ne pouvait plus supporter toutes ces facilités par le statut de son père par rapport aux pokémons sauvages. Tout était si simple, sans difficulté, sans aventure. Même si sa vie aurait pu être parfaite avec son père, elle n'aurait pas vécu la vie de ses rêves : l'exploration et la liberté. Aujourd'hui, elle avait tout ça. Peu importe la quantité d'effort que les pokémons sauvages allaient mettre en œuvre pour la convaincre de rester, elle ne resterait pas. Elle était ici pour récupérer des informations. Elle était ici pour faire ses adieux à son père et à son ami.
Bon... Ça y est... C'est le moment que je redoutais depuis presque quatre ans. Goupix pénétra dans l'antre de Feunard. La salle était de taille moyenne, le plafond haut cependant. Une petite ouverture laissait entrer la neige. C'était pour cette raison que Feunard avait choisi ce lieu comme repère. Un léger voile de brume inexplicable flottait au-dessus du sol. Un mystère sans solution plein de poésie et de beauté. De quoi satisfaire n'importe qui. Quel endroit bien choisi pour exercer la fonction d'oracle. La lumière du soleil venait transpercer les petits flocons en suspensions, éclairant la salle dans son intégralité avec distorsion. Cette antre était comme une dimension parallèle à son monde. Hors du temps et de l'espace. Juste là, enfermé et libre.
Absol se démenait dans le brouillard. Du sang coulait de ses pattes, signe qu'il travaillait sans relâche depuis trop longtemps. Il avait dépassé ses limites depuis plusieurs heures déjà. "Absol !" s'écria Goupix en s'élançant vers lui. Son inquiétude était parfaitement injustifiée mais cette vue du sang dans la neige immaculée avait éveillé de vieux mauvais souvenirs. Les yeux d'Absol s'illuminèrent à la vue de la rouquine. "Goupix ! Mais qu'est-ce que tu fais là ?!" répliqua-t-il en se relevant. Mais Absol n'avait plus de force. Ses genoux cédèrent alors qu'il tentait de rejoindre sa vieille amie. Goupix vint à son secours. Elle l'aida doucement à se relever. Sans s'arrêter, elle extirpa plusieurs baies de son sac qu'elle offrit au blessé.
-M-Merci... hésita-t-il.
-Mais qu'est-ce qui t'as pris de prendre autant de risques pour un seul entraînement ? Elles vont te servir à quoi tes capacités si tu deviens infirme ?! Espèce d'idiot ! J'ai vraiment cru que tu étais blessé !
-Désolé Goupix... murmura Absol, la tête basse.
-Bon sang... Je suis contente que tu ailles bien. Tu peux pas savoir comme je suis heureuse de te revoir...
-Moi aussi Goupix. Tu m'as manqué...
Goupix se rapprocha de son ami et posa sa tête au creux de son cou douloureux. Elle sentait le vrombissement du corps d'Absol à chacune de ses respiration. Son brave frère adoptif était véritablement mal en point.
-Comment t'es-tu fait ces blessures ? interrogea Goupix.
-C'est l'entraînement de Feunard... Il est vraiment difficile mais je suis devenu vraiment fort ! Tout ça grâce à lui !
-Au péril de ta vie ? Tu ne trouves pas que c'est un peu exagéré ?
-Il n'y a qu'en situation réelle qu'on repousse ses limites.
-Et c'est en situation réelle qu'on meurt. Fais attention, vraiment. Qu'est-ce que je ferai sans toi, hein ? Et puis il y a plus glorieux comme mort, tu ne penses pas ? Ça te ferait plaisir de mourir à l'entraînement ? Tu imagines la culpabilité de Feunard si ça arrivait ?
-C'est bon j'ai compris Goupix... Je te le promets, je ferai tout pour ne pas me blesser à l'avenir.
-Tant mieux... Où est Feunard ?
-Il se trouve quelque part dans le coin... Je viens de l'affronter. Comme tu peux le voir, il m'a battu. C'est en ça que consiste mon entraînement. Je dois l'affronter, encore et encore. Mais pour corser la chose, il choisit l'endroit où se déroulera le combat et s'y prépare avant moi. La plupart du temps, il piège la salle...
-Mais c'est cruel ! s'indigna Goupix. Comment peut-il te faire ça ?!
-Il faut que j'apprenne à surmonter l'imprévu et à affronter un adversaire plus fort que moi. Et aussi que j'apprenne à récupérer le plus vite possible.
-Quoi ?! Tu veux dire que tu es sur le point d'y retourner dans ton état ?!
-C'est ce qui était prévu... Mais tu es là et je pense que tu le cherchais. Allons le voir. Oublions mon entraînement. Si tu es venue lui parler, c'est que ce doit être grave.
-En effet... Allons-y, Absol. Et ménage-toi... Je t'en prie... supplia Goupix. J'ai vu beaucoup de gens se blesser. Je sais à quel point c'est difficile.
-Ne t'en fais pas, Feunard ne me fera rien.