Tome II - Chapitre neuvième

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C'est comme dans mes rêves. Une pièce grise sans fente. Rien du tout. Dès que je pénètre dans la pièce formant un carré parfait, la porte derrière moi claque. Je sursaute et me retourne mais elle n'est plus là. Je regarde autour et au-dessus de moi. Rien, sauf un plafond blanc qui a l'air d'être à des centaines de mètres au-dessus de ma tête, et une caméra dans l'angle me fixant de son œil vide.

C'était des rêves. Maintenant, c'est la réalité. Il faut que j'y arrive. Si j'ai fait des rêves prémonitoires, alors les réactions des émerides doivent être les mêmes. Mais je n'ai alors qu'une longueur d'avance de la taille d'un cheveu. Une longueur d'avance quand même. Il faut que je positive.

Positive ! Positive ! Positive !

Le bruit sourd de mon rêve retentit et le mur en face de moi s'élève, laissant une fine poussière se glisser sur le sol, ainsi que de petites pierres qui se décrochent du béton. Certaines frappent mes pieds et mes tibias mais je ne grimace pas.

Le mur continue de monter et je peux bientôt voir la zone de combat. Une fois le mur en haut, je me retrouve dans mon premier rêve.

Un long couloir gris, avec du lierre qui monte jusqu'en haut des murs d'une taille de dix mètres. Et au bout, sur un mur de deux mètres, l'émeride qui tient la lance et qui me regarde avec un air vraiment rude. Mes sourcils se froncent sous la haine que j'ai envers mon père. Forcer des gens face à ça, c'est vraiment horrible !

Je respire un bon coup et lève mon pied droit pour le poser devant moi. Un pas. L'émeride ouvre ses lèvres grises et sa voix transperce le vide. Elle hurle et brandit sa lance au-dessus de sa tête. Je me cambre afin de recevoir l'objet. Elle la lance et je me décale. Mais une douleur vive sur ma peau me fait crier. La lame de la lance effleure mon bras et me laisse une entaille pas très profonde. Elle se répercute sur le mur et la tige rebondit en se couchant près de mon pied. L'émeride saute et rejoint le sol pour courir vers moi. Je prends la lance et la fracasse contre le mur derrière moi. La lame se sépare la tige de bois et je m'abaisse pour la récupérer. Seulement, l'émeride est trop rapide et dès que je me lève pour aller à sa rencontre, elle saute pour me planter son genou dans la poitrine. Ses mains encerclent mon cou et me plaque contre le mur de béton.

Ma gorge se retrouve compressée entre ses doigts froids et durs comme le marbre. Et dans le choc, je lâche la lame. Ma main vient se positionner sous son menton et je pousse. Elle ne bouge même pas d'un poil. Je lève mon genou et tape dans son entrejambe et sa tête se penche un peu, comme si elle ne croyait pas que je sois aussi idiote. Et là, j'ai vu ma porte de sortie !

Une fente, à la jonction entre son cou et son visage. Et les rouages qui frémissent de plaisir en sentant l'emprise qu'ils ont sur moi. Mon visage va exploser mais je refuse de finir comme ça. Je retiens ma respiration et regarde en bas. La lame n'est pas loin. J'avance mon pied et le fait glisser vers moi, la lame coincée sous ma plante.

Aussi vite que je peux, je la bloque sous ma chaussure et la fait monter péniblement sur le mur. Je me sens partir mais je me force à ne pas lâcher. Je sens la lame se lever un peu.

Allez, monte le pied !

Mon pied bloque l'objet, monte et je baisse mon bras pour la récupérer.

Je plante mes yeux dans ceux de l'émeride et lâche ma respiration lorsque mes doigts touchent la pointe de la lance. Je monte encore le pied et referme mes doigts sur l'arme.

Je lève le bras et plante la pointe à l'endroit où devrait passer la carotide d'un humain.

Les yeux de l'émeride se remplissent de peur et elle me lâche. Je tombe à quatre pattes au sol et tousse en essayant de respirer à nouveau. Je lève les yeux vers l'émeride et la vois trembler et partir en arrière. Elle saisit la lame et l'arrache à son corps. Ses mains fébriles se posent sur l'entaille dans son cou et elle tombe au sol. Elle frémit, comme si des nerfs secouaient son corps métallique. Sauf qu'elle n'a pas de nerfs.

NAMOù les histoires vivent. Découvrez maintenant