Tome III - Chapitre dixième

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Nous avons patienté plusieurs minutes avant de voir l'ennemi arriver. J'ai pu recharger mes armes deux fois, jusqu'à ce que Kasey attire mon attention en m'appelant du toit voisin. Le soleil pointe le bout de son nez quand je regarde autour de moi. Je m'installe et appuie sur mon oreillette pour devenir totalement invisible. Tout le monde disparait, chacun leur tour. Je pose la bille rose sur ma langue et avale mon petit-déjeuner. Les forces se multiplient dans mon corps et je cale mon regard sur l'entrée de la ville.

Les toits sont tout à la même hauteur, au-dessus du rez-de-chaussée. De sorte que d'ici, je peux voir tous les miliciens préparer leurs armes pour frapper le premier coup. Nous sommes tous allongés pour ne pas nous faire repérer par l'ennemi, même si nous avons complètement disparus. La ville est comme morte. Plus aucun bruit ne se fait entendre à des kilomètres à la ronde, sauf le bruit des pas des soldats qui débarquent en force dans les rues d'Osgor.

Nous avons convenu avec Kasey que nous abattrions le Haze au niveau du croisement entre notre rue et la rue perpendiculaire à l'Est. Histoire d'avoir assez de marge pour pouvoir nous retourner si jamais nous aurions un problème.

Soudain, plus aucun bruit ne parvient à nos oreilles. La troupe de l'Armée s'est arrêtée. Je glisse mon doigt sur la gâchette et attends. Kasey m'imite et nous nous regardons longuement avant d'entendre le premier cri des Hazes.

Perçant, fidèle au souvenir que j'ai de cette nuit à Laina. Aussi strident que le cri d'un barre de fer que l'on frotte sur de la faïence. Je ferme les yeux puis les rouvre pour voir Kasey qui a l'air concentré. Je lève mon pouce et il me répond la même chose. Je me mets en place et braque mon arbalète vers la rue, à l'Est.

Un poil noir ébène, aussi sombre que le néant. Des yeux rouges vifs de la couleur du sang, avec un halo bleu au centre. Des griffes longues et courbées qui feraient faire des cauchemars à n'importe qui. Le Haze s'avance doucement dans la rue 9, comme ses semblables dans les rues adjacentes. Je vise son œil et le suit à la trace. Il avance doucement et calmement, regardant à droite puis à gauche. Au moment où le Haze s'apprête à pénétrer notre point de non-retour, un cliquetis se fait entendre et le Haze est sur le qui-vive. L'une de mes poches a tapé contre le sol avec sa partie métallique. Et quand la fumée commence à sortir de la gueule du Haze, je vise juste et tire, au même moment que Kasey, de sorte que le bruit du lancement ne sonne qu'une fois.

La flèche va se loger en plein milieu de l'œil de la bête et Kasey fait mouche de son côté aussi. Et pratiquement tous les autres archers tirent en même temps que nous. Tous les Hazes hurlent à la mort quand l'oxygène s'infiltre dans leurs yeux et la fumée grise s'échappe du sol. Nous regardons en silence le Haze s'écrouler au sol. Nous respirons à nouveau. Kasey me regarde tout sourire. Mais ce n'est pas finit.

Les soldats attendent encore quelques secondes avant de bouger et de se disperser dans la ville. Je me relève doucement. La fumée se dissipe peu à peu et nous voyons le corps du Haze étendu au sol. Les soldats sont abasourdis d'abord. Puis, nous nous levons tous et nous les allumons un par un. Les snipers en haut font un scandale à l'entrée de la ville. Je me mets à couvert lorsque d'autres soldats arrivent avec des armes à feu. Je me précipite vers l'échelle pour rejoindre l'intérieur du baraquement. J'ai perdu Kasey de vue mais je pense qu'il m'a imité. La trappe s'ouvre et je saisis l'opportunité pour enfoncer une flèche dans le torse du soldat rouge. Je le pousse avec mon pied et il part en arrière et meurt de sa blessure, atterrissant sur le dos. Je place le fusil dans mon dos et descends l'échelle à la va-vite. Deux soldats sont présents en bas. Je leur assène une flèche du fusil chacun et ils tombent au sol comme deux poids morts. Je fais un pas et croise un soldat qui rentre dans la pièce vide. Il ne me voit pas. Je lève ma main et lui tire une flèche dans le torse.

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