NAM

Tome III - Chapitre seizième

(Pv Nam)

_ Par-là !, crié-je à Furie.

Au même instant, Furie pivote sur la gauche vers une pleine cernée de buissons, d'arbres aussi grands que moi et de rochers. Une voiture complètement rouillée, abandonnée depuis pas mal d'années, trône là au milieu de nulle part. Les autres ne nous ont pas suivis, ce qui est une bonne chose. Furie zigzague entre les plantes pendant quelques secondes avant de se jeter sur une large bande de terre plus claire que les autres, entourée de plusieurs cailloux de la taille d'un homme.

J'ai décidé de ne pas passer par là où nous sommes sortis quand nous avons récupéré Hemming et Furie. Les soldats rouges ont sûrement investis les lieux la semaine passée, quand Kasey a guidé les autres jusque-là. Je veux entrer par la grande porte.

Soudain, la route plonge sous terre. Furie la suit et nous plonge dans le noir.

Un bruit de métal frappe les parois du premier tunnel où l'on s'introduit. Il fait noir complet mais bizarrement, Furie arrive à voir parce qu'il ne s'arrête pas de galoper. Il redouble même sa vitesse. Les soldats de la milice et la Garde ne penseront pas à passer par là, c'est trop risqué. Ils prendront les tunnels s'ils décident de venir. Quitte à combattre quelques soldats. Sûrement que leur combinaison leur permet de voir à travers le noir, comme Furie, grâce à ses yeux jaunes.

Le vent bat sur mon visage et les poils de Furie remuent dans tous les sens autour de moi. Un virage à gauche, puis un à droite. Encore un légèrement à droite puis nous ne tournons plus sur plusieurs centaines de mètres. Je regarde autour de moi. Aucune trace de lumière. Et je me rends compte que nous sommes dans une galerie beaucoup plus large que je ne le pensais. Je veux dire plus large que pour une voiture. L'écho est tellement loin que j'ai l'impression d'être sur un boulevard géant. Les murs sont faits de pierres humides. On peut sentir l'odeur d'eaux marécageuses qui ruissellent dans le coin. Et aussi une odeur de poil mouillé.

Une étincelle se déclenche dans ma tête, puis un flash apparaît devant moi.

_ FURIE !

Je hurle son nom aussi fort que je le peux pour qu'il m'entende et qu'il fasse attention à nous.

Le bruit que nous faisons me force à parler encore plus fort que la normale pour qu'il m'entende.

_ IL FAUT QU'ON SORTE DE CETTE GALERIE ! CETTE ODEUR !

Il ne réagit pas pendant un moment, preuve qu'il essaie d'analyser ce qu'il se propage autour de nous.

_ EH MERDE ! FAUT PAS QU'ON RESTE LA !

Je me penche en avant pour dire à Furie de nous sortir de là mais il est trop tard !

Derrière moi, un cri strident se fait entendre. Plusieurs après ça. Furie rugit encore plus fort qu'auparavant mais rien n'y fait. Connors a déjà pris les précautions qui s'imposent pour protéger la Capitale.

_ SOLDATS ! ARRÊTEZ LES LERIDAS ! JE SUIS LA GRANDE INQUISITRICE !

C'est comme si je me déchirais les cordes vocales à force d'hurler. Pendant un moment, rien ne se passe. Les Leridas sont toujours dans les parages et l'odeur nauséabonde s'accentue de secondes en secondes. J'entends des coups de plus en plus rapides arriver vers nous. Comme des percussions de marteaux. J'ignore ce que c'est et ce n'est pas ça qui me préoccupe. C'est le fait d'entendre une sorte d'alarme, juste devant moi. Et ses yeux rouges.

_ ATTENTION !

Furie relève la tête et voit les deux grosses bêtes velues et mouillées juste devant nous. Même dans le noir, je n'ai aucun mal à les imaginer. Furie accélère le pas en rugissant. Une lumière fait monter sa cadence et un cri rageur se jette sur le Lérida de gauche. Un bruit sourd, suivi de crissements de dents courent à côté de mon oreille et s'évapore derrière moi.